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Emmanuel Venet
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Atteint du syndrome d'Asperger, l'homme qui se livre ici aime la vérité, la transparence, le scrabble, la logique, les catastrophes aériennes et Sophie Sylvestre, une camarade de lycée jamais revue depuis trente ans. Farouche ennemi des compromis dont s'accommode la socialité ordinaire, il souffre, aux funérailles de sa grand-mère, d'entendre l'officiante exagérer les vertus de la défunte. Parallèlement, il rêve de vivre avec Sophie Sylvestre un amour sans nuages ni faux-semblants, et d'écrire un Traité de criminologie domestique. Par chance, il aime aussi la solitude.
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Manifeste pour une psychiatrie artisanale
Emmanuel Venet
- Verdier
- La Petite Jaune
- 20 Août 2020
- 9782378560621
Ce livre aurait pu s'intituler Contre une psychiatrie industrielle, quantitative, protocolisée, standardisée, numérisable, objectivante, désincarnée, ultrarapide et inégalitaire, mais c'eût été trop long et difficile à retenir. C'est dommage car l'heure est grave : le pouvoir politique abandonne la psychiatrie publique à sa misère, plusieurs ténors de la profession militent pour instaurer une psychiatrie industrielle, quantitative standardisée, numérisable, objectivante, désincarnée, ultrarapide et inégalitaire, et les malades les plus fragiles font les frais d'un économisme sanitaire totalement dénué d'état d'âme. Constat inquiétant, lorsqu'on sait qu'un Français sur trois a été, est, ou sera atteint d'un trouble mental, et que le degré de civilisation d'une société se mesure à la manière dont elle traite ses membres les plus fragiles.
Mais il n'est pas forcément trop tard pour restaurer une psychiatrie artisanale, prévenante, lente et respectueuse des singularités des personnes qu'elle soigne.
C'est de cet espoir que ce livre procède.
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Notre rapport à la médecine dépasse la réalité car cette science nous semble détenir une part de notre destin. De ce diagnostic découle l'évidence d'une « médecine imaginaire ».
Si la pratique de cet art, la maladie et ses thérapeutiques cristallisent l'imaginaire de chacun, ces images sont étonnamment hétérogènes : la connaissance s'y mêle avec l'obscur, la raison à la folie.
Chacun des noms qu'elles portent appelle ce cortège étrange aussi prompt à provoquer la gravité que le rire d'autant plus juste qu'il est grave.
La voix d'Emmanuel Venet prend en charge cet hétéroclite par quoi nous assumons notre sort, et « s'impose la nécessité de rendre à la médecine la part de poésie qu'elle rechigne à assumer ». Alors sa langue résonne comme une évidence.
On habite sa fiction comme une réalité qui nous appartient.
Il n'est pas question ici de la vérité, mais des vérités de la médecine que ce texte fait vivre en creux, avec jubilation, pour notre grande guérison.
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Schizogramme : n.m., de schizein, couper, et graphein, écrire. Néologisme créé en 2022 par l'auteur, désignant un écrit sur la schizophrénie. En l'occurrence, la vingtaine de schizogrammes composant ce recueil évoquent ici une tranche de vie, là un destin, ailleurs la folie douce de l'institution psychiatrique. Vingt occasions de s'émerveiller face aux trouvailles du délire, de s'émouvoir des détresses qu'organise la psychose, de pointer l'étonnante contagiosité de la folie.
Ces vignettes sont à lire comme des fictions vraies. Ces évocations d'hurluberlus sont aussi l'occasion de contrecarrer la peur du fou. A la construction médiatique du " schizophrène dangereux " s'opposent ici des figures de malades vulnérables, saugrenus, poétiques. -
La lumière, l'encre et l'usure du mobilier
Emmanuel Venet
- Gallimard
- Blanche
- 12 Janvier 2023
- 9782072962196
Au fil d'une mémoire capricieuse, Emmanuel Venet explore le capharnaüm dont nos vies sont faites - chair, paroles, histoire, culture. Avec humour, l'auteur évoque son enfance lyonnaise et son éducation à l'ombre de parents pénétrés de religion catholique et de valeurs conservatrices, son parcours spirituel, ses désillusions amoureuses, ses affinités littéraires, ou encore son expérience de psychiatre.Si les vingt-six chapitres de cet abécédaire se présentent comme des nouvelles autonomes, de A comme «auberge» à Z comme «Zweig», leur suite dessine - dans une langue splendide frayant entre récit intime, réflexion, anecdotes savoureuses et poésie - un itinéraire, et un monde intérieur fait de pièces et de morceaux, de rencontres et de surprises, de lieux communs et d'événements singuliers.
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L'intrigue de ce livre commence le 1er janvier 1981 et s'achève le 31 décembre de la même année. Avec quarante ans de recul, le narrateur se remémore sa vie d'étudiant cette année-là, ses relations amoureuses hésitant entre des figures contrastées de la féminité - dont celle qui lui fit vivre la douche écossaise d'un grand amour - mais aussi les hésitations du pays, autour de l'élection de François Mitterrand, entre les utopies de la gauche et le spectre du totalitarisme communiste brandi par la droite.
Le narrateur évoque également ses lectures datant de cette époque : la mythologie gréco-latine, qu'une amante d'un soir l'invite à mieux connaître ; et les « cent plus beaux textes écrits en français », dont un libraire carburant au Pouilly-Fumé s'attache, soir après soir, à dresser l'impossible liste.
Entremêlant une succession de plongées dans la mémoire du narrateur et de relecture des grands mythes antiques, le récit dessine par petites touches son thème profond : la construction du récit historique, sanctuaire de papier constitué d'un bric-àbrac de légendes et de souvenirs, tous plus fallacieux les uns que les autres. Il se termine dans le vertige identitaire qui en découle et que tentent de fixer nos fragiles constructions biographiques : qui sommesnous ? Que savons-nous de nous, en dehors du récit par lequel nous nous racontons ? Nous est-il possible de nous rencontrer hors des illusions du langage ?
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Gaston Ferdière est ce psychiatre inconnu qui a reçu et soigné Antonin Artaud à l'hôpital de Rodez entre 1943 et 1946. La mémoire collective a gardé de lui l'image tremblée d'un aliéniste incapable de distinguer la littérature de la graphomanie, d'un père-la-morale acharné à ramener Artaud au bercail de la raison ordinaire. Autant de contresens.
Homme sensible et cultivé, praticien généreux et compétent, Ferdière n'a guère péché que par manque de souffle poétique et de foi en luimême.
Poète mort sans oeuvre et psychiatre injustement désavoué, il nous laisse l'énigme d'une vie ratée avec tant d'application qu'elle mérite, à coup sûr, le détour.
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« Esther X. a décidé de se nourrir de sperme et de sang. Dans les toilettes d'un bar, elle trouve plusieurs hommes très heureux de la sustenter, jusqu'à ce qu'elle en morde un très profondément à l'oreille. Sans le savoir, il aura frôlé le pire. » « Désespéré par l'inconduite de sa petite amie, Loïc Y. absorbe cinquante comprimés de somnifère. On le sauve. Cent comprimés. On le ranime. Deux cents comprimés, on le ressuscite. Quand ça veut pas, ça veut pas. » Clin d'oeil appuyé aux Nouvelles en trois lignes de Félix Fénéon, ce recueil d'observations saisies sur le vif ouvre une fenêtre sur des mondes intérieurs chamboulés par la souffrance ou la maladie psychique. On n'y trouvera pas la pierre de folie, mais la matière de destins ici tragiques, là cocasses, partout émouvants.
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Il y a vingt ans jour pour jour qu'ils forment un couple.
Vingt ans que leur lien résiste à ce qui érode, sépare et altère les amants du premier soir.
Pour célébrer l'anniversaire de cette énigme, ils ont choisi le Negresco, haut lieu de leur imaginaire intime.
Là, derrière les volets entre-clos d'une chambre autrement plus cossue que celle de leurs commencements, ils viennent de faire l'amour ; et maintenant, sous un rai de soleil où dansent des poussières, chacun s'abandonne à sa rêverie.
Autant dire à la nostalgie, au réveil d'émois secrets, à la révision de son histoire et aux pensées inavouables - ce noyau d'infidélité contre et par lequel ils ont scellé, vingt ans plus tôt, un pacte amoureux dont il vaut mieux ne savoir rien.
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Une maman attentive s'occupe de son fils quadragénaire: elle le loge, lui prépare à manger, veille à ce qu'il prenne son traitement, respecte ses routines et le dissuade efficacement de quitter ce cocon rassurant. Le monde extérieur est tellement menaçant... L'alternative aux routines semble être la crise, alors la mère et le fils planquent leurs fragilités sous la force de l'habitude. Ils parlent et déparlent, les rôles flottent, la logique s'estompe, mais les deux s'en tiennent à un salvateur bon sensÂ: pour que rien ne change, il faut que rien ne change. Autrement dit, il faut que tous les jours on fête la Sainte-Recommence ! Pour l'instant, ça tient.
Avec cette pièce en un acte, au décor minimaliste, Emmanuel Venet nous plonge au coeur d'un huis-clos entre deux êtres cabossés qui poursuivent un simulacre de dialogue dans lequel les mots, comme frappés d'insignifiance, servent la logique aliénante de la routine en oubliant la potentialité libératrice de la parole.
Pour avoir longtemps exercé la psychiatrie à l'hôpital public, Emmanuel Venet a fréquenté de près la folie - celle des patients comme celles des institutions - et son inspiration ne peut complètement s'abstraire de cette expérience bouleversante, à bien des égards. La Sainte-Recommence s'ajoute à une série de proses littéraires nourries de ce parcours : Ferdière, psychiatre d'Antonin Artaud (Verdier 2006); Plaise au tribunal (La Fosse aux ours 2017); Observations en trois lignes (La Fosse aux ours 2020); Schizogrammes (La Fosse aux ours 2022). À ces écrits purement littéraires, il faut ajouter un texte plus technique, Manifeste pour une psychiatrie artisanale (Verdier 2020), qui dénonce l'évolution vers une psychiatrie protocolisée, numérique et de moins en moins relationnelle.
Cette récurrence de l'inspiration psychopathologique dans l'oeuvre d'Emmanuel Venet reflète non seulement sa position critique envers les pratiques soignantes, mais aussi un principe d'incertitude qui devrait, d'après lui, guider les théoriciens comme les cliniciens. La Sainte-Recommence donne à ce principe une illustration chatoyante : malgré les rôles assignés, il est vite clair que chaque personnage entretient avec la réalité des relations à la fois extravagantes et ordinaires - entrelacs qu'aucune sémiologie médicale ne saurait épingler dans ses catégories. Il en surgit une poésie de l'indécidable, un humour baroque et un coup de chapeau malicieux à la complexité de l'âme humaine. -
Comment concilier les exigences de la création poétique et les vicissitudes de la conjugalité ordinaire ? A travers quarante-neuf tableaux, le poète qui se raconte ici dramatise l'écart entre la haute opinion dans laquelle il tient son art et les besognes médiocres qu'exige l'harmonie de son couple : alors qu'il aspire à se consacrer à son oeuvre, il lui faut sans cesse distraire son énergie au profit de corvées domestiques, endurer des caprices, se perdre en mondanités.
Le salut lui vient de son talent pour l'outrance, le fantasme de meurtre et la rêverie. T out en cultivant le projet d'écrire un Manuel de survie en milieu conjugal, il s'adonne à des songeries de liberté et de succès, et son oeuvre se construit finalement moins aliénée à la géométrie qu'on pourrait le craindre...
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Confrontant la revendication créatrice d'un malade mental et la raison bureaucratique de l'hôpital où il séjourne, ce mémoire d'avocat semble à première vue interroger le statut de l'oeuvre d'art. Mais au-delà de ce prétexte il s'enfonce dans un monde incongru surgi à l'intersection du délire mégalomaniaque et d'un juridisme devenu absurde à force de logique. Et il apparaît peu à peu qu'il explore, avec une cocasserie qui va crescendo, une question qui nous concerne tous : qui est fou ?
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Avec Je me souviens et ses 480 évocations de situations ordinaires, universelles et porteuses d'émotions subtiles, Georges Perec nous a mis dans la tête une ritournelle entêtante. Le livre se termine par une invitation à prolonger le jeu : à suivre...
J'aurai tant aimé relève le défi : 480 souvenirs de bonheurs légers, un inventaire des petites joies qui scandent les jours et s'envolent aussitôt éprouvées. De se trouver ainsi épinglées et réunies, elles acquièrent une force poétique insoupçonnée, ouvrant à une autre manière de savourer les plaisirs et les jours.Extraits :
« J'aurai tant aimé croire que j'ai un cancer et découvrir que c'est une tendinite. » « J'aurai tant aimé la magie des commencements amoureux, la découverte d'une femme encore superposable à l'idée que je m'en fais, avant la révélation plus ou moins douloureuse de l'écart entre les deux. » « J'aurai tant aimé les orages, et compter les secondes entre l'éclair et le tonnerre. » « J'aurai tant aimé préparer du jus d'orange, opération salissante et fastidieuse produisant un nectar que je n'arrive jamais à boire assez lentement. » « J'aurai tant aimé faire répéter des bêtises à l'écho. » -
De retour au pays après une longue absence, le narrateur de ce récit interroge une mémoire infidèle. De reconstructions en falsifications, il se perd progressivement dans son propre passé. Aussi, à travers les images leurrantes de la nostalgie et le thème de l'impossible retour, perce vite le spectre d'un doute identitaire que rien ne viendra lever.Portrait de fleuve est construit comme une sinfonietta. Les motifs qui s'y poursuivent et s'y entrecroisent ne font que prolonger l'écho d'un prétexte musical : rendre perceptible et acceptable l'irréversibilité du temps.
Grand format 11.15 €Indisponible
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Mon mari est une pantoufle : brèves de psychiatrie
John Balthazar, Emmanuel Venet
- Enrick B.
- 9 Juin 2021
- 9782356448507
Au fil du temps passé auprès de ses patients et au gré de rencontres insolites, John Balthazar réunit ici des expériences de vie de personnes en souffrance psychique mais toujours teintées de drôleries et de chaleur humaine.
A travers ce recueil, il nous permet de mieux appréhender le monde de la folie et ses habitants, sans fard ni préjugé. C'est aussi un plaidoyer pour une psychiatrie à échelle humaine où l'on peut encore prendre le temps d'écouter et de soigner.
Laissez-vous embarquer dans ce récit plein d'humour et d'humanité, un joli aperçu de ce que vivent chaque jour les patients et les soignants en psychiatrie.