« L'anarchisme, tel le ferment de la pensée, nourrit aujourd'hui tous les domaines de l'activité humaine. La science, les arts, les lettres, le théâtre, le combat pour l'égalité économique, chaque lutte individuelle ou collective contre le désordre ambiant, en somme, est éclairée par la lumière spirituelle de l'anarchisme. C'est la philosophie de la souveraineté de l'individu. C'est la théorie de l'harmonie sociale. C'est une vague de vérité vivante et puissante qui déferle sur le monde et inaugurera une aube nouvelle ».
Dans ces textes, Emma Goldman (1869-1940), active militante et éditrice de la revue Mother Earth, livre sa définition de l'anarchisme : une philosophie révolutionnaire conciliant les intérêts de l'individu et ceux de la société.
En 1889, par une chaude journée d'août, une jeune juive russe émigrée arrive à New York, riche de ses vingt ans, d'une machine à coudre et d'un idéal.
En quelques années, l'Amérique ne va pas tarder à découvrir celle que les journaux nommeront «Emma la Rouge». Attentats, grèves, meetings, procès, emprisonnements se succèdent autour d'elle.
Mais dans ce tourbillon où d'autres se noieraient corps et âme, Emma Goldman n'oublie pas de vivre. Elle aime les fêtes, l'art, le raffinement, et ne craint pas de s'exprimer sur des sujets tabous même parmi les gens de gauche : le droit à l'amour et à la libre disposition de son corps, le contrôle des naissances, la prostitution, l'homosexualité, la psychanalyse, la lutte des minorités ethniques, etc. Bref, elle dérange, et pas seulement les pouvoirs en place.