Née dans une famille juive en Lituanie en 1869 et morte à Toronto au Canada en 1940, Emma Goldman a surtout vécu et milité aux États-Unis. «La femme la plus dangereuse d'Amérique», selon l'ancien directeur du FBI J. Edgar Hoover, elle est une figure majeure de l'anarchisme et de la lutte du début du XXe siècle pour l'émancipation des femmes. Toute sa vie, elle fut une redoutable agitatrice et propagandiste anticapitaliste, anticléricale et antimilitariste.
Regroupant le plus grand nombre de textes d'Emma Goldman traduits en français, cette anthologie compose un vibrant plaidoyer en faveur du syndicalisme révolutionnaire, de l'athéisme et de l'égalité entre les sexes, ainsi qu'une charge implacable contre le patriotisme et le puritanisme. Emma Goldman y prend entre autres la défense de la pédagogie anti-autoritaire de Francisco Ferrer, elle critique sévèrement le pouvoir bolchevique en Russie et s'en prend au système carcéral, preuve d'un échec social collectif.
Ces textes ont une valeur historique et font écho à des préoccupations et des luttes d'aujourd'hui. Ils sont présentés par Francis Dupuis-Déri et traduits par Thomas Déri, à qui l'on doit L'anarchie expliquée à mon père (Lux, 2016).
Ce livre contient les récits des rencontres d'Emma Goldman, célèbre anarchiste américaine, avec les dirigeants et militants bolchéviques, ainsi qu'avec les anarchistes persécutés et d'innombrables anonymes rencontrés au cours de ses voyages en Russie soviétique. Elle constate que, deux ans et demi après Octobre, le système, dont elle analyse la nature, réunit déjà en germe tout ce qui fera le totalitarisme stalinien, à l'exception du culte de la personnalité, dont Lénine ne voulait pas.
En 1889, par une chaude journée d'août, une jeune juive russe émigrée arrive à New York, riche de ses vingt ans, d'une machine à coudre et d'un idéal.
En quelques années, l'Amérique ne va pas tarder à découvrir celle que les journaux nommeront «Emma la Rouge». Attentats, grèves, meetings, procès, emprisonnements se succèdent autour d'elle.
Mais dans ce tourbillon où d'autres se noieraient corps et âme, Emma Goldman n'oublie pas de vivre. Elle aime les fêtes, l'art, le raffinement, et ne craint pas de s'exprimer sur des sujets tabous même parmi les gens de gauche : le droit à l'amour et à la libre disposition de son corps, le contrôle des naissances, la prostitution, l'homosexualité, la psychanalyse, la lutte des minorités ethniques, etc. Bref, elle dérange, et pas seulement les pouvoirs en place.
L'égalité politique des femmes, le rapport entre mariage, prostitution et esclavage sexuel, l'action directe, la réforme de l'éducation moderne, les minorités et le progrès, les causes de la jalousie (et ses remèdes), la désillusion en Russie en 1917, la fausse démocratie, etc. : le recueil de textes, pour la plupart inédits, de deux figures de l'anarchisme féminin aux États-Unis au tournant du XXe siècle.
Dès la fin de la guerre de Sécession, les États-Unis s'affirment comme l'une des puissances clés du monde industriel et capitaliste émergeant. Incarnation du « rêve » d'un monde meilleur pour ses nombreux immigrants, le pays se construit à travers les crises sociales, identitaires et politiques qui traversent l'ensemble du monde occidental. Revenir sur cette époque à travers les écrits de Voltairine de Cleyre (1866-1912) et d'Emma Goldman (1869-1940), militantes anarchistes, permet de mettre en perspective certaines de nos problématiques actuelles.
Les textes, pour la plupart inédits en français, ont été écrits au long d'un demi-siècle crucial, entre 1880 et 1940. Ils disent l'articulation entre la critique franche de la société moderne et la redéfinition du statut des femmes. De quoi est-il question ? De sexualités, de prostitution, de mariage, de contrôle des naissances, d'amour, de jalousie, de propriété, de liberté, d'éducation, de leurre idéologique, notamment... de dissidence et de liberté surtout.