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Driss Chraïbi
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Deux fils racontent leur mère, à laquelle ils vouent un merveilleux amour. Le plus jeune d'abord, dans le Maroc des années 30. Menue, fragile, gardienne des traditions, elle est saisie dans des gestes ancestraux, et vit à un rythme lent, foetal. Radio, cinéma, fer à repasser, téléphone deviennent des objets magiques, prétextes d'un haut comique. Puis Nagib, le frère aîné, prend le relais. Durant les années de guerre, la mère s'intéresse au conflit, adhère aux mouvements de libération des femmes et, globalement, de son peuple et du Tiers Monde. Elle en est même le chantre. Elle sait conduire, s'habille à l'européenne, réussit tous ses examens. Elle est toujours semblable : simple et pure, drôle, et toujours tendre.
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Lors de sa parution en 1954, ce livre fit l'effet d'une véritable bombe, tant en France qu'au Maroc qui luttait pour son indépendance. Avec une rare violence, il projetait le roman maghrébin d'expression française vers des thèmes majeurs : poids de l'Islam, condition féminine dans la société arabe, identité culturelle, conflit des civilisations. Vilipendé au début, commenté par des générations de lecteurs, il est enseigné depuis quelques années dans les universités marocaines.
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«Dans dix ans que seras-tu ? demande-t-on à Yalann Waldik, petit cireur algérien. «Je serai un cireur de vingt ans, si Dieu le veut.» Dix ans plus tard, Waldik fait vendre le dernier bouc de son père pour rejoindre, en France, les immigrés nord-africains, les Boucs, parqués en marge de notre monde et qui, «à raison de 69 kilos par Arabe», représentent, dans les années cinquante, «20 000 tonnes de souffrance». Ni l'amour de sa compagne Simone dont il a un enfant, ni l'amitié de Raus, ni la rédaction, en prison, du manuscrit des Boucs ne guériront Waldik de la révolte et de la haine - fruits de la misère et du racisme. Quarante-cinq ans après sa parution, le roman de Driss Chraïbi reste d'une poignante actualité.
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Avec l'inspecteur Ali, Driss Chraïbi a créé le Candide du monde méditerranéen. À travers lui, l'auteur porte un regard ironique sur la société arabe et s'offre toutes les libertés. Des bas-fonds de Casablanca à l'hôtel somptueux de la Mamounia, en passant par les hautes sphères politico-financières de la coopération internationale, Ali déroute tous ceux qu'il côtoie par ses interrogatoires et ses facéties au troisième degré.
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Le narrateur, Brahim, écrivain de son état, grand amoureux de sa jeune femme écossaise, revient dans son Maroc natal après bien des années passées en France. Brahim est devenu mondialement célèbre avec le personnage de l'inspecteur Ali, hâbleur et provocateur, aussi expert en résolution d'énigmes policières qu'en analyses pertinentes et inattendues au sujet de l'islam. Mais pour le moment, Brahim prépare à El-Jadida, au milieu des siens et de ses amis, la première visite de ses beaux-parents britanniques... Le choc de deux modes de vie est l'occasion d'une irrésistible galerie de portraits et d'un tableau de moeurs dont la loufoquerie n'occulte nullement la lucidité. Depuis le classique La Civilisation ma mère !..., on connaît l'humour tendre et ravageur de Driss Chraïbi. Il illustre de manière lumineuse dans ce retour au bercail le vieil adage «qui aime bien châtie bien». Inch'Allah.
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Surgie du désert, une armée de cavaliers arabes suit le cours de l'Oum-er-Bia. En cette année 681, la religion musulmane est une parole naissante : le légendaire général Oqba ibn Nafi rêve de déployer l'étendard du Prophète sur les terres d'Afrique du Nord. De l'autre côté des montagnes, la communauté berbère des Aït Yafelman attend, désemparée, l'arrivée du nouveau Dieu.
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Un homme vient de mourir, le vieux Seigneur. Avec lui meurt toute une époque. L'un de ses fils, Driss Ferdi, s'était jadis révolté contre lui, avait fui sa famille, son pays, brûlant de mordre à même la civilisation occidentale, de s'en nourrir, d'élargir son horizon humain. Or le jour où il s'aperçoit que la transplantation ne lui a apporté qu'angoisse, solitude, déséquilibre, il reçoit un télégramme de Casablanca lui apprenant la mort de son père. Il prend l'avion, regagne son pays natal. Par-delà la mort le dialogue avec le père continue, la succession est ouverte...
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Dans un monde en transformation, un homme s'éveille à la vie de ses semblables.
Il s'appelle Moussa. Il troque son âne et sa vieille lame de couteau contre une trousse moderne de coiffeur ambulant, et ainsi s'engage dans l'avenir. Longtemps, l'âne solitaire le poursuit de ville en ville, en brayant, jusqu'au jour où il se jette sous le train qui emmène son maître. Les années passent, Moussa n'a pas encore compris dans quel monde il s'est réveillé, ni pourquoi. Un jour, il retrouve une jeune Marocaine des Jeunesses féminines, elle a connu Moussa et son âne.
Comme lui, elle a cru à un « changement » et elle a disposé d'elle-même avec ivresse. Mais finalement on la marie de force et elle se précipite dans le fleuve. L'âne avait raison. Moussa ne sera plus seulement spectateur de tant de violence, de l'hystérie des foules. Il se découvre une mission. Moussa est-il en train de devenir une espèce de Moïse moderne ? Ce livre est une sorte de commentaire aux événements qui déchirent aujourd'hui l'Afrique du Nord.
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L'inspecteur Ali est convoqué par l'ambassade américaine de Casablanca. Un dangereux terroriste international, soupçonné d'avoir empoisonné un sénateur, vient d'échapper à la surveillance de la C.I.A.. L'inspecteur Ali n'hésite pas : il extorque un million de dollars, réclame les pleins pouvoirs, un passeport diplomatique et part à la recherche de l'individu.De Casablanca à Washington, conduite au pas de charge, cette enquête loufoque et décapante est surtout prétexte à dresser un portrait satirique de l'Amérique et du Maroc.
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L'inspecteur Ali n'est jamais pressé, même quand la sécurité du monde est en jeu. A fortiori quand une huile du gouvernement marocain le convoque pour lui annoncer une macabre découverte : un cadavre au fond d'un puits dans le patio d'un riyad, un palais de Marrakech. Entre deux bouffées de kif et quelques tajines épicés, Ali mène l'enquête grâce à son traditionnel réseau d'indics, composé de femmes de ménage, de chauffeurs de taxi et de caïds de la drogue. Mais il déploie cette fois ses antennes beaucoup plus loin que d'habitude, du côté de la France, des Étas-Unis et de l'Afghanistan. Qui est donc le mort du riyad, de quel réseau islamiste était-il le chef ? De la mafia marocaine aux coffres-forts des banques suisses, en passant par les hautes sphères du renseignement occidental, un gigantesque jeu de pistes se met en place, où Ali progresse nonchalamment vers les secrets les mieux gardés de la planète.
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«Je remercie la vie». C'est par ces mots que commence Vu, lu, entendu. Driss Chraïbi, le père de la littérature maghrébine d'expression française, ne se met pas en avant, mais choisit d'occuper les coulisses pour donner voix à tout un peuple, ressusciter une époque (1926-1947), vécue sur l'autre rive de la Méditerranée à travers le regard d'un adolescent ouvert au monde.Relatant ce qu'il a vu, lu et entendu, avec un humour qui n'appartient qu'à lui, Driss Chraïbi évoque, avec émotion et dans un amour gigantesque pour le pays natal, divers personnages : la figure héraldique du père, les amis français de jeunesse et surtout les grandes personnalités du Maroc, comme Allal el-Fassi, Ahmed Balafrej. «Je remercie la vie. Elle m'a comblé. En regard d'elle, tout le reste est littérature.»
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La belle princesse Yasmina vient d'être retrouvée morte au Trinity College de Cambridge. Assassinat ou suicide ? Pour éviter l'incident diplomatique, Scotland Yard fait appel au fameux inspecteur Ali, de la police royale marocaine. Jouant tantôt l'idiot, le rustre ou le malpoli, l'inspecteur aux méthodes décalées saura-t-il lever le voile sur l'affaire ?
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Le Monde à côté mérite bien son titre : c'est un roman autobiographique déjanté, chargé d'éclats de rire et de tendresse. Fuyant la conformité, privilégiant la vie, sa passion pour les femmes aimées, Driss Chraïbi y relate son périple, depuis son arrivée en France en 1945 jusqu'à la fin du deuxième millénaire, les rencontres professionnelles, en Alsace, à l'île d'Yeu, au Canada, à Paris, partout où il a vécu et écrit, au confluent des cultures. Ludique et pudique, sans fard, le livre se termine par ces mots : «La vie continue. Bonjour la vie !»
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An 610, non loin de La Mecque. Sortant d'une caverne où il a passé quelques heures à méditer, un homme sent profondément que plus rien, ni en lui-même ni dans le cours du monde, ne sera plus comme avant. En arrière-plan se déploie une Arabie d'une somptueuse beauté, avec ses déserts, ses montagnes, ses tribus guerrières.
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Un roman grave et impertinent, représentatif de l'oeuvre de celui que beaucoup considèrent comme le père de la littérature marocaine francophone.
Octave Mathurin, brave fils d'officier de réserve, malheureux professeur d'histoire, n'arrive à calmer ses élèves qu'en leur racontant des histoires drôles. Un beau jour, une éminence grise voit en lui le chef idéal du pays : un benêt sympathique certes, mais la Foule, justement, ne réclame rien d'autre. Le voilà donc à la tête de l'État.
Jusqu'au jour où deux jumeaux journalistes, plus finauds qu'ils n'en ont l'air, décident de démasquer l'imposteur.
Et c'est ainsi que naît l'apologue d'un Ubu nouvelle manière, un apologue qui emprunte autant au sketch de cabaret qu'au conte burlesque, pour offrir une caricature impitoyable mais toujours juste du pouvoir et des médias, et de la facilité avec laquelle la foule, en quête de divertissement, s'y soumet.
Driss Chraïbi use admirablement des pouvoirs distanciateurs de la parabole et du style pour déchaîner l'émotion et le rire.
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Réalisés entre 2005 et 2006, au soir de sa vie, ces entretiens, qui pourraient être son testament, nous font entendre la voix libre et singulière de l'enfant terrible de la littérature marocaine. Au fil des pages, se dessine le portrait d'un immense écrivain qui n'a jamais sacrifié aux lois du succès ni succombé aux tentations du confort matériel. Driss Chraïbi évoque ici le cours torrentiel de sa vie, son refus du conformisme ambiant et nous donne un aperçu de l'humour qui caractérise son oeuvre :
Tendre, espiègle et corrosif, mais aussi empreint d'une grande humanité.
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