Ils avaient entre huit et quinze ans en mai 1945. pour eux, la libération n'était pas une fête. ces enfants ont vécu la fin de la guerre perdus, angoissés, désemparés. ces enfants étaient juifs et pour eux, le monde avait basculé. certains doivent leur vie à un gendarme qui les a avertis d'une rafle, à une institutrice qui n'a pas voulu les dénoncer, à une voisine qui les a cachés. d'autres ont été déportés. enfants, ils ne l'étaient plus. il leur a fallu réapprendre à vivre normalement. ce récit restitue leur histoire. une histoire de courage, d'apprentissage de la vie, d'affirmation de son identité dans un monde où ils avaient perdu leurs parents, leurs repères. ce livre est un document. un texte d'histoire sur une période douloureuse qui continue à passionner un public désireux d'en comprendre la complexité. mais c'est aussi une leçon d'espoir et de mémoire car tous les enfants sont devenus, au fil du temps, des adultes que les événements de la guerre ont transformés à tout jamais.
Dominique Missika est éditrice et rédactrice en chef de la chaîne de télévision Histoire. Elle a publié un livre consacré aux enfants juifs pendant l'Occupation, Le Chagrin des Innocents (Grasset 1998).
L'amour serait-il plus fort que la guerre ?
Pendant quatre longues années d'humiliation, il a fallu s'habituer à vivre avec l'ennemi et à vivre tout court, chercher le pain quotidien et se battre pour une motte de beurre. Pourtant, on a continué à chanter, danser, remplir les stades et les salles de cinéma. Et continuer à s'aimer. Autrement.
Avec l'Occupation, les repères habituels volent en éclat : personne ne respecte plus les convenances. La guerre chamboule les relations entre les hommes et les femmes, favorise l'amour et l'empêche tout à la fois, l'interdit et l'encourage, le libère et le réglemente. Finie la routine, voici le temps du grand chambardement. Pour le meilleur et le pire : fiançailles rompues, mariages précipités, divorces reportés, liaisons clandestines, amours interdites, séparations interminables. L'éloignement de l'être aimé, son absence qui se prolonge, ou sa mort au combat, condamnent beaucoup d'épouses, de fiancées, de maîtresses ou de compagnes, au chagrin et à la solitude.
A la faveur de la guerre, combien de couples se sont désunis ou, au contraire, rapprochés ? Quand a-t-on été privé de la liberté de s'aimer ? Comment certains ont-ils profité de ces circonstances exceptionnelles pour rompre ou pour séduire ? Les passions ont-elles été plus fortes ou moins intenses ? Les histoires nées de la guerre l'ont-elles été pour la vie ou pour un temps ?
Les hommes et les femmes, anonymes ou célèbres, qui ont vécu ces amours fugitives ou durables, en gardent un souvenir heureux ou tragique. Par pudeur, par timidité, ou par peur de révéler des secrets enfouis, ils se sont tus. Aujourd'hui, sans trahir leur mémoire, le temps semble venu de raconter leurs destinées sentimentales marquées par l'Occupation.