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Conceição Evaristo
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Chanson pour bercer de grands garçons
Conceição Evaristo
- Des Femmes
- Fiction
- 6 Juin 2024
- 9782721012258
À cause de la couleur de sa peau, Fio Jasmin n'a pas pu jouer le rôle de prince dans la pièce théâtral de son école. Des années plus tard, toujours marqué par ce souvenir, il met en oeuvre un parcours de grand séducteur. Marié, père de neuf enfants officiels et d'un bon nombre de non reconnus, il s'affranchit des limites sociales imposées aux hommes noirs et entreprend de conquérir un royaume tout à lui, d'être le seigneur d'une large famille, éparpillée aux quatre coins du pays. C'est par la voix des femmes qui ont croisé son chemin qu'est racontée l'histoire de Fio Jasmin, en une mosaïque affectueuse et polyphonique, aimante et douloureuse.
Ainsi, à travers la figure du personnage Fio Jasmin, Conceição évoque et convoque magistralement les contradictions et les complexités qui entourent la masculinité dans notre contemporanéité, ainsi que leurs rapports à l'amour et à l'infidélité.
Je capte comme témoin oculaire ou comme auditrice la dynamique de vies qui se confondent avec la mienne pour une raison ou pour une autre. J'ai été l'une des femmes de Fio Jasmin, à l'occasion peut-être. Fio Jasmin peut aussi incarner la figure d'un père qui m'a échappé comme affection. Non, le jeune homme ne m'est pas étranger, les femmes qui ont croisé son chemin non plus. Voilà pourquoi je m'efforce à toutes les écouter. Elles sont nombreuses, plurielles et diverses, les voix qui me poussent à l'écrivence. C.E. -
"Ses yeux d'eau", recueil de 15 nouvelles dont la première - hommage de l'autrice à sa mère - donne son titre au livre, raconte les destins de femmes, d'enfants et d'hommes des favelas, tous d'origine afro-brésilienne, qui affrontent courageusement la misère, la violence ou le vide de leur quotidien dans un désir vital de s'en sortir sans toutefois toujours y parvenir.
L'écriture sensible et puissamment évocatrice de Conceição Evaristo nous plonge dans une expérience de lecture dont on ne sort pas indemne. Dans une langue passant du registre poétique à l'argot, à la fois charnelle et lyrique, l'autrice nous fait vivre au plus près de ses personnages, surtout des femmes et des enfants. Ils sont émouvants dans leur nudité, leur sexualité et leur beauté mais aussi dans les souffrances et la fragilité que leur impose leur condition sociale, déterminée par leur sexe et la couleur de leur peau. On croise tour à tour Ana Davenga, beauté solaire, victime collatérale de l'arrestation de son caïd de mari ; Duzu-Carence, vieille sans-abri qui se remémore sa vie de petite fille contrainte à la prostitution; Maria, employée modèle dont la vie bascule le jour où elle rencontre fortuitement son ex-compagnon ; Natalina, qui a choisi de garder l'enfant né d'un viol dont elle s'est vengé en tuant son agresseur ; Salinda, poursuivie par son mari qui découvre sa liaison avec une femme ; Luamanda, amoureuse éternelle au sexe meurtri ; Cida, qui décide de prendre le temps de vivre ; Zaíta, petite fille tuée par une balle perdue ; Di-Ordure, enfant sans-abri, fils d'une prostituée assassinée, mort par manque de soins ; Lumbiá, petit vendeur de fleurs écrasé par une voiture alors qu'il s'enfuit après avoir volé un petit Jésus dans une boutique de Noël ; Kimbá, bel homme noir embarqué dans une relation bisexuelle avec deux blancs ; Ardoca, pauvre cheminot qui se suicide sur son lieu de travail et dont le cadavre sera dépouillé; enfin, une nouvelle polyphonique pour dire une histoire collective, celle du devoir « de ne pas mourir ». Le recueil se clôt sur une ode à la maternité à travers le personnage d'Ayoluwa, petite fille qui grandit dans le ventre de sa mère, redonnant ainsi espoir à toute une communauté de femmes.
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Treize histoires, treize femmes dans un portrait magistral de la fraternité féminine. Fil directeur de ces portraits pleins d'empathie: une narratrice en visite, qui toque aux portes pour écouter des histoires. Elle rencontre ces femmes qui acceptent de se conter et de se confier, librement, parfois pour la première fois. Elles nous livrent leurs rêves et angoisses, leurs sexualités et leurs amours, leurs conquêtes...
La résignation ne trouve aucune place dans les vies de ces femmes : elles résistent, insoumises aux pressions et aux agressions du racisme, du sexisme et des conventions sociales d'une société encore patriarcale.
Conceição Evaristo est la plus importante voix de la littérature afro-brésilienne, et plus particulièrement féminine. Ses deux précédents romans L'histoire de Poncia et Banzo, mémoires de la favela, se sont vendus à plusieurs dizaines de milliers d'exemplaires au Brésil.
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Publié pour la première fois en 2007, puis réédité en 2017, le recueil Poèmes de la mémoire et autres mouvements est le sixième livre de Conceição Evaristo. L'autrice y révèle une sensibilité complexe, incarnée et lyrique, d'où jaillissent des souvenirs d'une mémoire à la fois atavique et érudite. Elle nous invite à une profonde réflexion sur le pouvoir de la transmission en déployant une poétique qu'elle fonde sur le concept de escrevivências - l'écriture de la vie, du vécu - concept qui fonctionne pour elle comme moyen d'expression d'une mémoire collective mise en lambeaux par des siècles d'esclavage, de racisme et de misogynie.
« La nuit ne fermera jamais les yeux dans les yeux des femelles puisque dans notre sang-femme dans notre liquide mémoire en chaque goutte qui jaillit se trouve un fil invisible et fort cousant patiemment le filet de notre résistance millénaire. » C.E.
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La trajectoire, les errances, les rêves et les désenchantements de Poncia, petite-fille d'esclaves, de la campagne à la favela. Dépossédée de ses racines en même temps que de sa famille, cherchant la reconstitution de sa mémoire et de son identité, Poncia tombe peu à peu dans une torpeur d'aliénée.
Témoignage de la souffrance et de la résistance du peuple Noir, L'histoire de Poncia libère la mémoire des Afro-brésiliens.
« Ponciá Vicêncio était esclave. Esclave d'une vie qui se répétait. Esclave du désespoir, du découragement et d'un horizon bouché ; esclave, oui ! Et incapable d'inventer une autre vie, une nouvelle vie. »
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« La favela souffrait à l'unisson. Une seule crainte, un seul désespoir : sa démolition. » Dans cette favela d'une autre époque, Tite-Maria, négrillonne pleine de rêves et d'espoirs, raconte. Entre misères et grandeurs, pauvreté et solidarité, elle crée une histoire plus grande, celle de la favela. Le deuxième roman de Conceição Evaristo, écrit-racine sur la mémoire de l'esclavage, est aussi un roman témoignage et une chronique sociale. Conceição Evaristo est la grande Dame des lettres afro-brésiliennes.