Enfant et momentanément esseulée dans la maison de ses grands-parents, la narratrice tombe sur une revue « pour adultes », dont elle a le temps de regarder quelques images avant que son père ne la découvre et l'interrompe. L'incident est oublié, mais se réveille à l'adolescence (les ruses du samedi soir) et surtout à l'entrée dans l'âge adulte avec le commencement des études universitaires, hors du cadre familial. C'est alors la découverte d'un univers qui a beaucoup changé entretemps, celui de la pornographie sur Internet. Comme si l'auteure était appelée là où le regard s'était autrefois interrompu, pour assouvir une curiosité longtemps enfouie.
C'est une histoire personnelle, intime, de l'imagerie pornographique (de YouPorn aux variantes les plus récentes) qui est racontée ici. Le livre est pris dans une tension qui lui donne toute sa force : d'un côté la conscience des conditions le plus souvent exécrables de production du porno (domination masculine, exploitation de femmes souvent très jeunes, modèle de sexualité fondé sur la soumission), et d'un autre côté une fascination irréfrénable, qui pousse à y aller voir, encore et encore.
Claire Richard ne juge pas. Son approche, sans complaisance, est littéraire. Elle nous offre, dans une écriture sobre et ciselée, ses « chemins de désir ».
A quoi peut ressembler une politique de la littérature contemporaine? Aux paysages post-exotiques d'Antoine Volodine, à ses steppes de suie et aux combattants défaits qui composent des poèmes dans les camps. Mais aussi aux ouvrières lorraines, aux marges industrielles, aux langues mineures qu'explore François Bon. Ce ne sont pas là des démonstrations ou des allégories, mais des pensées de la forme, des actions menées sur les représentations, un travail qui agit avec et sur le langage et l'imaginaire.
Ce livre propose une traversée des oeuvres de Volodine et Bon au prisme de leur politique. Il met en lumière deux poétiques bien distinctes, et pourtant unies par une communauté de questions et de situation. Travaillant a une poétique littéraire, historique mais non déterministe, il entend montrer que la politique de la littérature est une politique de l'imagination souveraine - et puissamment traversée par son époque.
L'ouvrage interroge d'un point de vue strictement linguistique le texte théâtral de Jean Luc Lagarce "Juste la fin du monde", et plus précisément à travers les modalités de la représentation de l'oral qu'il construit tant sur le plan énonciatif que typographique et syntaxique. Si la langue ici montrée emprunte à l'oral ordinaire des formes linguistiques qui rendent saillante la discontinuité du flux de paroles spontané, dans le même temps, elle exhibe également la continuité du fil du discours qui se voit toujours relancé.