Le néolibéralisme entend triompher partout dans le monde comme la norme unique d'existence des êtres et des biens.
Il n'est pourtant que la pointe émergée d'une conception anthropologique globale qu'au fil des siècles l'Occident a élaborée. Celle-ci pose que l'univers social est régi par la préférence que chacun s'accorde à lui-même, par l'intérêt qui l'anime à entretenir les relations avec autrui, voire l'utilité qu'il représente pour tous. La définition de l'homme comme «machine à calculer» s'étend bien au-delà de la sphère étroite de l'économie, elle fonde une conception complète, cohérente, de l'homme intéressé, ambitionnant même un temps de régir jusqu'aux formes correctes de la pensée, à l'expression juste du langage, à l'épanouissement droit des corps.
Cette anthropologie utilitariste, fondement spécifique de la morale et de la politique en Occident, fait retour avec le néolibéralisme contemporain sous des formes nouvelles.
En retraçant, dans un vaste tableau d'histoire et de philosophie, les racines du néolibéralisme, Christian Laval donne à voir la forme, le contenu, la nature de la normativité occidentale moderne telle qu'elle s'affirme aujourd'hui dans sa prétention à être la seule vérité sociale, à se poser en seule réalité possible.
Deux des intellectuels français parmi les plus importants de la seconde moitié du XXe siècle, Michel Foucault et Pierre Bourdieu, ont choisi de caractériser - le premier à la fin des années 1970, le second dans les années 1990 - le moment historique qu'ils traversaient par le même concept : « néolibéralisme ». Pour autant, leurs parcours théoriques et leurs styles de recherche se sont révélés très différents et, surtout, ils ont l'un et l'autre laissé inachevés leurs travaux sur cette question, rendant cet ouvrage, véritable enquête sur leurs enquêtes, indispensable.
La grande force de ce livre est de faire comprendre, dans une démarche à la fois politique et pédagogique, l'originalité et la cohérence de chacune d'elles, sans oublier leurs points aveugles et leurs limites. L'ouvrage montre en quoi Foucault et Bourdieu éclairent de façon à la fois différente et complémentaire ce qu'est le néolibéralisme.
Et comme celui-ci se prolonge d'une manière à la fois plus manifeste, plus radicale et plus violente, leurs analyses s'avèrent incontournables pour comprendre le mode de pouvoir actuel et pour rouvrir la question : quelle nouvelle politique faut-il inventer pour mener ce combat central du XXIe siècle ?
Il ne manque pas de manuels d'histoire de la pensée sociologique.
Mais rares sont les ouvrages qui se hasardent à proposer une interprétation et une discussion systématiques du contenu de pensée central de la sociologie; qui se demandent ce que, considérée dans son ensemble, cette nouvelle discipline a voulu dire et pourquoi a émergé au XIXe siècle un type de discours sur le lien social irréductible à celui que tiennent la philosophie ou l'économie politiques.
Christian Laval montre que tous les sociologues classiques ont en commun d'avoir voulu répondre au défi de l'économie politique, en laquelle la plupart voyaient l'incarnation par excellence de l'esprit scientifique appliqué à l'étude de l'histoire et de la société. Tous y ont fortement objecté en historicisant les catégories que les économistes ont tendance à naturaliser. En définitive, c'est sur la représentation économique de la société capitaliste, prise comme allant de soi, qu'ils ont fait porter le soupçon en mettant en cause les fondements utilitaristes de l'économisme.
A l'heure où la société-monde qui s'ébauche semble vouloir se réduire à un gigantesque marché, rien n'est sans doute plus urgent que de renouer avec l'esprit de la sociologie classique. Le présent livre y aidera puissamment en offrant au lecteur une introduction lumineuse aux grands auteurs de la tradition sociologique.
Quelques semaines avant sa mort, Marx répond une dernière fois aux questions d'un journaliste. "Qu'est-ce qu'il y a ?", demande le journaliste alors que Marx silencieux scrute l'horizon. « La lutte », répond Marx. "Dévoiler la loi économique du mouvement de la société moderne", est le but du Capital. Et le silence de la bibliothèque du British Museum que Marx fréquente des années durant ne doit pas nous tromper : dire le vrai est un combat. Jeune publiciste, Marx a dû fuir les créanciers, la censure et les polices européennes. C'est entre de multiples changements d'adresse qu'il a écrit le Manifeste du Parti communiste. Avec son épouse et ses quatre enfants, nés dans trois pays différents, il partage une vie quotidienne précaire aux revenus toujours incertains. Enfin réfugié à Londres, avec l'aide de son irremplaçable ami Engels, il écrit et étudie sans relâche. Son combat prend ici la forme d'une critique systématique des fondements et des catégories fallacieuses de l'économie politique. Il faut dénoncer les "philistins" de tous bords (parfois même avec quelque injustice), être attentif aux mouvements longs de l'histoire comme aux soubresauts de l'actualité pour dire le vrai du système capitaliste.
Il faut dire l'avenir aussi et démontrer que les crises ne sont pas de simples ajustements cycliques mais qu'elles scandent un mouvement irrésistible de l'histoire, celui du dépassement du capitalisme. Il le faut, parce qu'il y a urgence, parce que l'exploitation se fait au nom de la liberté, parce que la misère se répand à mesure que les richesses s'accumulent, parce que les inégalités et les injustices triomphent par le mensonge. La lutte n'est pas seulement une notion fondamentale de sa philosophie de l'histoire : la vie entière de Marx est un combat.
l'école est soumise à des pressions considérables pour qu'elle se conforme aux nouveaux commandements du néo-libéralisme auxquels toute institution doit se soumettre.
le système éducatif n'y échappe pas : dans ce nouveau modèle, il est
menacé de se réduire à la formation du " capital humain " nécessaire aux entreprises. en s'appuyant sur une enquête approfondie, christian laval
montre comment les " recommandations " des experts de l'ocde, de la banque mondiale, de l'omc et de l'union européenne ont été appliquées par les différents gouvernements français depuis les années 1980.
elles se sont traduites par une
réorganisation managériale des établissements scolaires, mis en concurrence entre eux pour assurer la liberté de choix des " consommateurs d'école ", par une " professionnalisation " toujours plus poussée des études, par une décentralisation qui
n'a rien à voir avec la démocratie promise. les enseignants sont sommés de participer activement à cette métamorphose de l'école publique, qui ouvre la voie à une marchandisation générale des savoirs et des apprentissages et à un renforcement des inégalités.
mais la réalisation intégrale de l'école néo-libérale n'a rien de fatal. résistances sourdes, luttes collectives, prise de conscience des dangers de cette mutation imposée par la globalisation du capitalisme : les acteurs de l'école doivent désormais affronter un débat crucial qui engage aussi le modèle de civilisation que nous voulons.
Il ne manque pas de manuels d'histoire de la pensée sociologique.
Mais rares sont les ouvrages qui, comme ceux de Talcott Parsons (The Structure of Social Action) ou Robert Nisbet (La Tradition sociologique) par exemple, se hasardent à proposer une interprétation et une discussion systématiques du contenu de pensée central de la sociologie, qui se demandent ce que, considérée dans son ensemble, elle a voulu dire et pourquoi a émergé au XIXe siècle un type de discours sur le lien social irréductible à celui de la philosophie ou de l'économie politiques.
La grande force du livre de Christian Laval est de montrer que tous les sociologues classiques ont en commun d'avoir voulu répondre au défi de l'économie politique, en laquelle la plupart voyaient l'incarnation par excellence de l'esprit scientifique appliqué à l'étude de l'histoire et de la société, et d'y avoir fortement objecté en historicisant les catégories que les économistes ont tendance à naturaliser.
En définitive, c'est sur la représentation économique de la société capitaliste, prise comme allant de soi par les économistes, qu'ils ont fait porter le soupçon en mettant en cause les fondements utilitaristes de l'économisme. À l'heure où la société-monde qui s'ébauche semble vouloir se réduire à un gigantesque marché, rien n'est sans doute plus urgent que de renouer avec l'esprit de la sociologie classique.
Le présent livre y aidera puissamment en offrant au lecteur une introduction lumineuse aux grands auteurs de la tradition sociologique.
Dès le lendemain du vote de 1988 instaurant le rmi, l'émergence d'un souci clinique dans le champ de l'insertion a rapidement donné lieu à des pratiques concrètes faisant une place à ce qui était jusqu'alors méconnu ou dénié : la vie psychique comme composante ordinaire de l'insertion.
Au moment oú se met en place le rsa, les questions posées sur le terrain demeurent celles des pannes d'insertion récurrentes de certains bénéficiaires et celles de leur accompagnement par les professionnels de l'insertion. cet ouvrage présente une enquête documentée sur les psychologues qui interviennent au front des dispositifs d'insertion. qui sont-ils ? que font-ils ? sont-ils des consultants, des " psychistes ", des orientateurs, des médiateurs, ou encore et toujours des thérapeutes ? au-delà de l'extrême diversité des profils de poste, ils tentent tous de s'affranchir des catégories construites en opposition dans l'histoire des politiques sociales : soin/santé, psychique/social, individu/société.
Ils s'affranchissent tout autant des frontières institutionnelles et sectorielles. du coup, leur arrivée dans le champ de l'insertion est l'indice de la prolifération d'une forme d'action publique qui préfère l'horizontalité des dispositifs à la verticalité des institutions. ainsi, l'insertion (dispositifs, professionnalités, acteurs, pratiques, catégories) apparaît comme un champ social hautement sensible oú les débats entre politique de solidarité et politique de reconnaissance incarnent des enjeux politiques concrets et décisifs pour tout l'ensemble social.
Partout dans le monde, des mouvements contestent l'appropriation par une petite oligarchie des ressources naturelles, des espaces et des services publics, des connaissances et des réseaux de communication. Ces luttes élèvent toutes une même exigence, reposent toutes sur un même principe : le commun.
Pierre Dardot et Christian Laval montrent pourquoi ce principe s'impose aujourd'hui comme le terme central de l'alternative politique pour le XXIe siècle : il noue la lutte anticapitaliste et l'écologie politique par la revendication des « communs » contre les nouvelles formes d'appropriation privée et étatique ; il articule les luttes pratiques aux recherches sur le gouvernement collectif des ressources naturelles ou informationnelles ; il désigne des formes démocratiques nouvelles qui ambitionnent de prendre la relève de la représentation politique et du monopole des partis.
Mais, selon les auteurs, le commun ne relève ni de l'essence des hommes ni de la nature des choses, mais de l'activité des hommes eux-mêmes : seule une pratique de mise en commun peut décider de ce qui est « commun », réserver certaines choses à l'usage commun, produire les règles capables d'obliger les hommes. En ce sens, le commun appelle à une nouvelle institution de la société par elle-même : une révolution.
Il est courant de déplorer le déclin de la souveraineté de l'État-nation, qui semble devoir être aujourd'hui supplantée par la puissance du capital mondial. Restaurer la verticalité de l'État et son autorité serait ainsi la seule voie pour contester le globalisme néolibéral. C'est contre cette illusion, encore trop répandue à gauche, que Pierre Dardot et Christian Laval ont entamé ce long parcours dans l'histoire complexe et singulière de l'État occidental moderne, depuis sa naissance à partir du modèle de l'Église médiévale jusqu'à son rôle actuel d'État-stratège dans la concurrence mondiale.
Comprendre les aléas et les détours de cette construction, c'est mettre à nu les ressorts d'une domination sur la société et sur chacun de ses membres qui est fondamentalement de l'ordre de la croyance : les « mystères de l'État », le culte de sa continuité qui oblige ses représentants par-delà leur succession, la sacralité dont ces derniers aiment à s'entourer dans l'exercice de leurs fonctions, autant d'éléments qui ont pu changer de forme, mais qui demeurent au principe de sa puissance. En retraçant cette généalogie, il s'agit pour les auteurs de montrer que l'on ne peut répondre aux défis de la mondialisation capitaliste et du changement climatique sans remettre en cause cet héritage. Car l'invocation de la souveraineté « nationale » est devenue l'alibi de l'inaction climatique et de la perpétration des écocides.
Pour affronter ces enjeux globaux, il est indispensable de s'attaquer à un tel régime d'irresponsabilité politique qui dispense les gouvernants de rendre des comptes aux citoyens. C'est dire qu'il faut ouvrir la voie à un au-delà de la souveraineté étatique.
Comment éduquer aujourd'hui ? Pour contribuer à quel monde ? Il est plus que temps de concevoir l'éducation démocratique dont nous avons besoin pour envisager un avenir désirable et une Terre habitable !
Pour préparer l'école démocratique de demain, cet ouvrage dégage cinq principes, tous liés entre eux et qui se déploient sous forme de propositions concrètes : liberté de penser (création d'une institution de type fédératif, intégrant tous les enseignants et visant à protéger les libertés académiques des pressions de la part des pouvoirs organisés) ; égalité concrète dans l'accès à la culture et à la connaissance (lutte contre les inégalités sociales et territoriales) ; définition d'une culture commune (à l'heure de l'urgence écologique, du féminisme et de la reconnaissance de la pluralité des cultures) ; pédagogie de la coopération (mise en oeuvre du meilleur des pédagogies émancipatrices, celles de Dewey, Freinet, Oury ou Freire) ; autogouvernement des écoles et des universités (en tant que communs éducatifs permettant l'expérience réelle de la démocratie).
Ce livre offre un projet systémique qui considère les institutions d'éducation comme un tout, depuis l'école élémentaire jusqu'à l'enseignement supérieur, et ne sépare pas la transformation de l'éducation de celle de l'ensemble de la société. Son ambition est de dessiner les traits fondamentaux d'une éducation démocratique encore à venir, et de l'inscrire pleinement dans une société solidaire, écologique et égalitaire.
Cet ouvrage aborde le néolibéralisme sur le terrain qui, dès ses origines, fut le sien : le choix de la guerre civile en vue de réaliser le projet d'une pure société de marché. Une guerre de domination polymorphe qui sait parfois se doter des moyens de la coercition militaire et policière, mais qui se confond souvent avec l'exercice du pouvoir gouvernemental et qui se mène dans et par les institutions de l'État.
De Hayek à Thatcher et Pinochet, de Mises à Trump et Bolsonaro et de Lippmann à Biden et Macron, le néolibéralisme a pris et prend des formes diverses selon ce que commandent les circonstances. Et ce qui apparaît, dans cette perspective stratégique, c'est l'histoire d'une logique dogmatique implacable qui ne regarde pas aux moyens employés pour affaiblir et, si possible, écraser ses ennemis.
Après la crise financière de 2007-2008, il est devenu banal de dénoncer l'absurdité d'un marché
Comment expliquer l'étrange survie des forces pourtant responsables de la crise économique de 2008, l'une des pires depuis 1929 ? Comment expliquer que le néolibéralisme soit sorti renforcé de la crise ? Au moment de son déclenchement, nombre d'économistes parmi les plus célèbres avaient hâtivement annoncé sa « mort ». Ils n'ont vu dans la poursuite des politiques néolibérales que le résultat d'un entêtement doctrinal.
Pour Pierre Dardot et Christian Laval, le néolibéralisme n'est pas qu'un simple dogme. Soutenu par des oligarchies puissantes, il est un véritable système politico-institutionnel obéissant à une logique d'autorenforcement. Loin d'être une rupture, la crise est devenue un mode de gouvernement d'une redoutable efficacité.
En montrant comment ce système s'est cristallisé et solidifié, le livre explique que le verrouillage néolibéral a réussi à entraver toute correction de trajectoire par la désactivation progressive de la démocratie. Accroissant le désarroi et la démobilisation, la gauche dite « gouvernementale » a contribué très activement au renforcement de la logique oligarchique. Ceci peut conduire à la sortie définitive de la démocratie au profit d'une gouvernance expertocratique soustraite à tout contrôle.
Pourtant, rien n'est encore joué. Le réveil de l'activité démocratique, que l'on voit se dessiner dans les mouvements et expérimentations politiques des dernières années, est le signe que l'affrontement politique avec le système néolibéral et le bloc oligarchique a déjà commencé.
Le mythe bolchevik est épuisé. Seuls de sinistres régimes et quelques sectes, accrochés aux emblèmes, rituels et formules desséchées, continuent aujourd'hui d'en faire une référence identitaire. À quoi bon alors en parler encore ?
Le refoulement de cette histoire risquerait de nous aveugler sur la persistance de pratiques directement héritées du bolchevisme : verticalisme ouvert ou occulte au profit d'un leader, culte de l'État-nation, obsession de la prise du pouvoir par l'insurrection, refus de la démocratie et de l'autonomie des formes d'auto-organisation, autant d'éléments qui forment ce qu'il faut appeler « l'ombre d'Octobre ».
La prise du pouvoir par les bolcheviks a été une catastrophe pour le mouvement ouvrier et pour l'histoire même de l'émancipation. Elle doit être mieux comprise dans sa logique profonde. Du Parti souverain à l'État national, il y a en effet continuité : le bolchevisme a été la culmination fanatique et délirante de la doctrine occidentale de la souveraineté de l'État.
Tournant le dos à ce communisme d'État, une politique du commun s'invente aujourd'hui qui renoue avec d'autres expériences révolutionnaires et met en oeuvre le principe démocratique de l'autogouvernement.
Que faire de Marx ? Et pourquoi faudrait-il en faire quelque chose ? Après tout, on peut continuer à ne rien en faire, à l'ignorer, à l'éliminer de l'enseignement et de la recherche.
Mais on peut aussi éprouver la nécessité d'apprendre quelque chose de lui - non point parce qu'il fournirait la doctrine et la croyance dont nous manquerions, mais parce que nous ne pouvons vraiment poser la question que soulève notre situation historique et sociale présente que dans la mise au clair de notre rapport à Marx, à ses questions comme à ses réponses. Tous les textes de Marx cherchent à articuler deux perspectives très différentes.
La première est la logique du capital comme système achevé : il s'agit de dégager à la fois le mouvement inéluctable par lequel le capital se développe " en une totalité " qui " se subordonne tous les éléments de la société ", et le " jeu des lois immanentes de la production capitaliste " qui conduit le capitalisme à accoucher nécessairement d'un nouveau mode de production. La seconde est la logique stratégique de l'affrontement, c'est-à-dire celle de la guerre des classes, laquelle transforme les conditions de la lutte et les subjectivités des acteurs de la lutte.
Le mode de penser de Marx met en évidence tantôt le jeu de l'action révolutionnaire dans l'histoire, tout en s'efforçant de le rattacher encore aux lois du mouvement de la société, tantôt le mouvement implacable d'un grand automate qui absorbe et se soumet toute la société en " brisant toute résistance ", tout en s'efforçant de présenter ce mouvement comme procédant encore de l'activité pratique des individus.
Mais au lieu de garantir la cohérence et l'harmonie de la doctrine, ce même mode de penser a tendance à l'écarteler, selon que Marx s'attache à l'activité pratique des hommes ou le développement du capital. Comment ces deux perspectives trouvent-elles à se rejoindre ? Le " communisme ", sur lequel Marx a bien peu de choses originales à dire, et même peu de choses tout court, est la formule qui permet la résolution imaginaire de cette tension.
Il est ce qui fait tenir ensemble le disparate des éléments de son oeuvre.
Depuis janvier 2018, autour de Jean-Michel Blanquer, s'est constitué un groupe de scientifiques majoritairement orientés vers les neurosciences et dirigé par Stanislas Dehaene. En France une nouvelle norme se met en place : comprendre, construire et orienter les politiques de l'éducation des générations futures à partir de la connaissance du cerveau obtenue par les neurosciences. Christian Laval met au jour les ressorts et les enjeux de la neuropédagogie.
Michel Blay fournit quant à lui les concepts nécessaires pour discuter du pouvoir heuristique de cette approche de l'homme. La force de leur argumentation donne une perception vertigineuse de la manière dont l'homme occidental construit et organise l'image qu'il a de lui-même. Cette image, lue et interrogée dans la longue trace de l'Histoire, loin de tout présentisme convenu, montre combien la place de cet animal multiple et singulier qu'est l'Homme peut être réduite par les neurosciences.
Ce livre aidera à penser et à surmonter cet écueil.
Un grand doute s'abat sur la société?: il ne serait plus possible de renverser le capitalisme. Et d'ailleurs, par quoi le remplacer, avec quelles forces?? Si la course contre la montre a commencé, la tâche n'est-elle pas d'ores et déjà insurmontable?? Ce fatalisme est l'arme de l'adversaire. Il n'y a pour le combattre qu'une seule voie?: édifier des alternatives, construire un autre imaginaire, réunir des forces qui travaillent à l'invention d'un nouvel avenir possible.
Ce livre a une triple dimension. D'abord une ambition?: offrir un panorama des alternatives qui sont aujourd'hui en discussion partout dans le monde. Ensuite, un point de vue?: partir toujours du sol concret du travail et de l'expérience de la lutte sociale.
Enfin une méthode?: entamer une discussion commune aussi rigoureuse que possible. Le syndicalisme est l'un des outils essentiels de la résistance à la destruction de l'humanité. Pour empêcher sa propre disparition, pour faire face à ses tâches historiques, pour se renforcer, il lui faut se réinventer et dépasser la vieille et mortifère coupure entre syndicalisme et politique. Il lui faut se transformer en un syndicalisme intégral. Un impératif en découle?: qu'il se mêle au travail de l'utopie.
Ce qui ressemble aujourd'hui à un sabotage de l'école - suppressions de classes, réduction des effectifs enseignants et appauvrissement de la condition enseignante - ne suffit pas à caractériser la mutation historique de l'école. Celle-ci ne joue plus seulement une fonction dans le capitalisme, comme l'ont montré les analyses critiques des années 1970 : elle se plie de l'intérieur à la norme sociale du capitalisme. L'« employabilité» est le principe et l'objectif de la normalisation de l'école, de son organisation et de sa pédagogie. L'école devient peu à peu un système hiérarchisé d'entreprises productrices de « capital humain » au service de l'«économie de la connaissance ».
Elle cherche moins à transmettre une culture et des savoirs qui valent pour eux-mêmes qu'elle ne tente de fabriquer des individus aptes à s'incorporer dans la machine économique. Les effets inégalitaires de la concurrence, la mutilation culturelle introduite par la logique des « compétences » ou la prolétarisation croissante du monde enseignant révèlent la perte d'autonomie de l'école par rapport au nouveau capitalisme et aux luttes des classes sociales autour de l'enjeu scolaire.
Dans ce petit livre de combat, les auteurs cherchent à renouveler la sociologie critique de l'éducation en inscrivant les mutations de l'institution scolaire et universitaire dans celles du capitalisme contemporain. Ils entendent ainsi donner à tous ceux qui se sentent concernés par cette problématique éminemment politique les outils d'analyse pour construire une alternative convaincante et résolue.
Sont analysés sur près de 30 ans, les dispositifs interinstitutionnels et territorialisés d'aide aux adolescents difficiles : des repères socio-historiques pour comprendre les vulnérabilités des acteurs et de l'action publique.
« Trimballés » entre les institutions de l'aide sociale à l'enfance, de la justice pour mineurs ou de la pédopsychiatrie, les adolescents dits « difficiles », c'est-à-dire sans solution de prise en charge, constituent un défi de taille pour l'action publique, ses organisations et ses professionnels. Ce livre retrace l'histoire de ce problème depuis les années 1980, en mettant l'accent sur le paradoxe d'une « action publique sur mesure », selon lequel plus l'aide est personnalisée, plus elle repose sur un réseau étendu d'intervenants issus d'horizons divers.
Christian Laval, docteur en sociologie, est chercheur associé à Modys/CNRS (université Lyon II). Il occupe le poste de directeur adjoint de l'Observatoire national sur les pratiques en santé mentale-précarité (Lyon). Il a notamment publié :
- avec J. Furtos, La santé mentale en actes, de la clinique au politique, Toulouse, érès, 2005 ; - « L'extension de la clinique au sein du dispositif RMI », dans J. Ion et coll., Travail social et « souffrance psychique », Paris, Dunod, 2005.
Ce livre a la particularit? d'offrir une pr?sentation critique des courants les plus significatifs du socialisme fran?ais sur la question de l'?ducation au XIXe si?cle. Deux chapitres sont toutefois consacr?s au socialisme en Angleterre et en Allemagne. Approche fond?e sur la normalisation des corps, en r?introduisant le sujet de la vie comme interlocuteur critique du sujet de la norme en d?mocratie.