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Catherine a. Mackinnon
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Le féminisme irréductible : Discours sur la vie et la loi
Catherine a. Mackinnon
- Des femmes
- Des Femmes Poche
- 13 Février 2020
- 9782721007124
"Le féminisme irréductible - Discours sur la vie et sur la loi", essai majeur de la théoricienne et militante américaine Catherine MacKinnon, se porte aux racines de la misogynie et des violences exercées contre les femmes et éclaire de manière inédite la construction des rapports sociaux de sexe.
Pour l'autrice, la domination masculine est d'abord une domination sexuelle qui s'inscrit ensuite dans le champ social, légitimant et renforçant ainsi la hiérarchie entre les hommes et les femmes. Elle parle en ce sens de la violence sexuelle comme pratique sexuelle, des abus sexuels comme forme de terreur, de l'éventualité du viol comme une caractéristique de la vie courante des femmes, de la pornographie et de la prostitution comme instruments de soumission des femmes, des normes juridiques comme concourant au maintien du statu quo au bénéfice des hommes... Par la force de ces analyses et par son action, Catharine MacKinnon a largement fait évoluer le droit et la société américaine. Elle est ainsi, avec Andrea Dworkin, à l'origine aux États-Unis de la première loi sur le harcèlement sexuel qui qualifie celui-ci de discrimination de sexe, et de la reconnaissance de la pornographie et de la prostitution comme violences contre les femmes. Rassemblant des essais, élaborés à partir de conférences données dans les années 1980, ce recueil, aujourd'hui en poche et publié pour la première fois en France en 2005, reste d'une actualité brûlante et est incontournable pour quiconque « cherche des réponses aux grandes questions que pose la subordination des femmes aux hommes ».
« "La sexualité est au féminisme ce que le travail est au marxisme : rien ne nous appartient davantage, et pourtant il n'est rien dont on ne soit davantage dépossédées." [...] Depuis vingt-cinq ans, aux États-Unis, le droit se trouve ébranlé par cette proposition de la juriste Catharine A. MacKinnon. » Éric Fassin, 2005.
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Personne ne défend le trafic d'êtres humains. De nos jours, il n'y a pas plus de position favorable au trafic du sexe qu'il n'y a de position publique pour l'esclavage. Le seul enjeu est de définir les termes de telle sorte que rien de ce qui veut être soutenu ne soit compris dans la définition. Il est également très difficile de trouver des partisanes de l'inégalité. La prostitution n'est pas comme ça.
Certaines personnes sont pour la prostitution ; elles la soutiennent. Plus nombreuses sont celles qui considèrent politiquement correct de la tolérer et de ne rien faire d'efficace à son endroit. La plupart présument que, même si elle n'est pas réellement souhaitable, la prostitution est nécessaire, inévitable, et sans dommages. Ces points de vue sur la prostitution dissimulent tout en encadrant les débats sur le trafic à des fins sexuelles, que la prostitution puisse être découplée de la traite, qu'elle soit perçue comme une forme de liberté sexuelle ou comprise comme son ultime déni. Le débat sur sa réalité sous-jacente et sa relation à l'inégalité s'intensifient chaque fois que l'on envisage d'agir avec efficacité contre la prostitution ou le trafic. Où que vous soyez sur la planète, le débat - et aussi généralement la loi - s'organise autour de cinq distinctions morales élémentaires, qui différencient le " vraiment très mal " du " pas trop mal ". La prostitution des adultes est distinguée de la prostitution des enfants, celle qui est pratiquée à l'extérieure dans la rue, de celle à l'intérieure, la prostitution légale de celle qui est illégale, la volontaire de la forcée et la prostitution est différenciée du trafic. La prostitution des enfants est toujours un mal pour les enfants ; la prostitution des adultes n'est pas toujours un mal pour les adultes. La prostitution pratiquée à l'extérieure peut être brutale ; pour celle opère à l'intérieure, c'est moins le cas. La prostitution illégale crée des problèmes que la prostitution légale résout. La prostitution forcée est mal ; la prostitution volontaire peut ne pas être trop mal. Le trafic c'est vraiment, vraiment mal. La prostitution - si elle est, disons, volontaire, adulte, à l'intérieure et légale - peut être une forme de vie tolérable pour certaines femmes. Celles et ceux qui ont des choix - lesquels sont niés aux personnes prostituées - ne semblent pas pouvoir envisager une vie pour les femmes prostituées en dehors de la prostitution. Ces femmes n'ont pas un tel problème. Elles savent ce qu'est un vrai travail, un véritable amour, la dignité et l'espoir.