Tout plaquer, faire table rase du passé, recommencer à zéro... Qui n'a jamais rêvé de changer de vie, de la refaire ailleurs, de tout reprendre depuis le début ? Qui ne fantasme jamais d'être un autre ? Et pourquoi sommes-nous tant fascinés par les agents doubles, les imposteurs, les espions ?
L'une des grandes questions que n'a cessé de poser la philosophie occidentale depuis Héraclite est la suivante : comment rester le même ? Dans cet essai engagé, Blanche Cerquiglini, elle, prenant au sérieux nos désirs partagés, renverse le problème : comment peut-on se contenter de n'avoir que ce que l'on a ? La liberté même de l'homme ne réside-t-elle pas dans le fait de pouvoir toujours se réinventer ? Mais y parvient-on jamais ?
Du Dr Jekyll à Sherlock Holmes, de Madame Bovary au vaudeville en passant par les faits divers les plus saisissants (Jean-Claude Romand, Christophe Rocancourt, Frédéric Bourdin), Blanche Cerquiglini explore dans ce livre ces désirs de changement qui nous animent et nous maintiennent en vie, les récits que nous construisons pour forger nos identités, nos tropismes pour l'ailleurs. Non, une vie ne nous suffira jamais. À l'heure où l'on nous parle de développement « personnel » ou d'identité nationale, cette exploration bouleversante résonne comme un engagement nécessaire en faveur de la liberté de toutes les femmes et de tous les hommes.
Dans notre imaginaire collectif, les métamorphoses sont intimement liées à la mythologie et à l'Antiquité. Ce volume montre les métamorphoses dans toute leur diversité : loin de se réduire au seul Ovide, elles sont un thème majeur des littératures de l'Antiquité grecque et latine. Ainsi, le corpus regroupe aussi bien les mythographes (Ovide, Hygin, Antoninus Liberalis...) que les grands auteurs d'épopées mythologiques que sont Homère et Virgile, ou encore les grands penseurs de différents courants de pensée antique (Lucrèce pour le matérialisme, Saint Augustin pour la pensée chrétienne, Platon et Aristote...). Les genres représentés vont de la fable à la poésie épique, en passant par le traité philosophique. La variété du corpus montre à elle seule que les métamorphoses infusent toute la littérature et toute la pensée antique.
Les métamorphoses font partie du paysage mental des Anciens. lls en font un sujet ou un motif littéraire (dans un registre tantôt tragique, tantôt comique). Mais comment les englober rationnellement ? C'est ce questionnement qui organise ce livre : pourquoi se métamorphose-t-on ? Pour atteindre un objectif (le plus souvent : un dieu se métamorphose pour séduire une mortelle). Pourquoi métamorphose-t-on les autres ? Par vengeance, punition, jalousie, convoitise... Les métamorphoses mettent en jeu des mécanismes humains fondamentaux.
Bien des métamorphoses ont une fonction explicative :
Elles expliquent l'apparition de certaines plantes et arbres (narcisse, jacinthe, anémone, cyprès, laurier, orchidée...),
Aujourd'hui, en littérature, tout est roman. Autobiographie, récit poétique, essai : le roman les englobe tous. S'il est actuellement le genre dominant, c'est qu'au XXe siècle il a renouvelé son langage et ses formes, en empruntant des voies divergentes, allant de la synthèse encyclopédique à l'éclatement, de l'air pur des grands sommets aux secrets du laboratoire de recherche. C'est ce langage qui est examiné dans cet essai. En classant par grands concepts les différents aspects du roman, les oeuvres apparaissent comme l'illustration d'une description générale : une vision du monde.
Loin de tout palmarès, sont présents ici moins des oeuvres ou des auteurs que des problèmes : comment, de 1900 à nos jours, le roman met en question l'Histoire, la société mais aussi la tradition littéraire ; les manières de penser le roman comme les manières dont pensent les romanciers dans le roman. En mettant au jour les structures romanesques qui demeurent, s'écrit ici une histoire du roman d'aujourd'hui qui est encore celle d'hier et déjà celle de demain.