Indésirables ? Malvenus ? Contemporains insignifiants ? Acteurs publics de seconde classe ? Juste bons à être relégués à leurs querelles de clocher ? En France prévaut l'idée reçue selon laquelle les catholiques n'ont rien à faire et à dire en politique. Et que s'il en est parmi eux qui désirent s'engager dans la cité, il leur faut laisser leur foi au vestiaire.
Analysant et dénonçant ce tabou hexagonal, le philosophe Bernard Bourdin montre en quoi être pleinement chrétien et pleinement citoyen ne s'opposent pas. À rebours de composer une politique sainte tirée de l'Évangile, il éclaire le besoin crucial qu'a notre société d'une voix dissonante, venue d'ailleurs et portant au-delà, sans laquelle se perd la conception même du bien commun.
Le problme thologico-politique est depuis ces dernires annes abondamment trait la faveur des oeuvres de Carl Schmitt et, plus largement, des dbats relatifs la place des religions dans l'espace public et politique. De l une inflation de l'expression Thologie politique sans jamais rigoureusement prciser quelle thologie et quelle tradition religieuse renvoie cette expression. Ce manque de prcision vaut l'intrieur mme du christianisme. S'il existe un phnomne thologico-politique chrtien, celui-ci n'en est pas moins polysmique en raison de ses priodisations historiques et de la pluralit de ses traditions ecclsiales. Cet ouvrage entend articuler l'originalit du thologico-politique chrtien dans sa globalit ses diffrentes composantes, tout en dgageant des concepts spcifiquement chrtiens. Au nombre de ceux-ci, celui de mdiation occupe une place centrale, commencer par ceux de mdiation du Christ et de l'glise.
Mais l'ouvrage vise aussi dmontrer que la mdiation chrtienne, dans ses consquences thologico-politiques, a eu une signification dcisive dans la gense de la modernit sculire avec l'avnement de l'tat et de l'tat libral. On ne saurait donc faire l'conomie d'une interprtation thologico-politique de la constitution autonome/sculire des socits europennes et occidentales comme l'attestent les philosophies politiques de l'ge classique.
La collection "Fondements de la politique", dirigée par Yves Charles Zarka, directeur de recherche au CNRS, accueille, d'une part, les éditions de textes importants où les concepts fondamentaux de la politique peuvent être ressaisis dans leurs mouvements doctrinaux de formation, d'infléchissement ou de crise, d'autre part, des travaux de recherche sur les auteurs ou les oeuvres de philosophie politique, enfin, des essais visant à renouveler la pensée politique contemporaine. Deux sections : Textes et Essais.
Qu'est-ce qui fonde la souveraineté ? De quand date-t-elle ? Quelle était sa place dans les régimes politiques antérieurs à la Révolution française ? Pour répondre à ces questions, un économiste laïque, Jacques Sapir, et un philosophe dominicain, Bernard Bourdin, se confrontent.
Quand le premier évoque les fondements du pouvoir à Athènes, dans la Rome impériale et au Moyen Âge, l'autre revient aux origines de la notion de peuple dans l'Ancien Testament, sur l'essence de l'autorité papale et la doctrine de La Trinité. C'est aussi l'occasion pour eux de dialoguer avec d'illustres penseurs : Platon, saint Augustin, Bodin, Hobbes, Spinoza, Locke ou encore Marx.
Cette réflexion d'ordre historique et philosophique montre qu'il n'y a pas d'humanité sans racines, sans origines, sans legs, que ce soit pour celui qui croit au ciel comme pour celui qui n'y croit pas.
Un ouvrage indispensable pour comprendre les enjeux de la souveraineté nationale dans son rapport au phénomène religieux en Occident.
Lorsque Peterson prend position contre le nazisme en 1933, son itinéraire spirituel et intellectuel l'avait déjà préparé à s'opposer à la politisation de la foi chrétienne: attaché à une conception visible de l'Eglise, il quitte le protestantisme pour devenir catholique en 1930.
De plus, sa conception de la théologie le conduit à récuser toute compromission avec le « nationalisme chrétien », qu'il soit luthérien ou catholique. L'on comprendra ainsi que, s'appuyant sur les doctrines de la Trinité et de l'eschatologie, une théologie politique ne peut être légitimée. Mais pour originaux qu'ils soient, les arguments de Peterson, notamment ceux développés dans Le Monothéisme : un problème poli-tique, sont peu connus du public français.
Par ailleurs, s'ils ont suscité un intérêt réel chez de nombreux théologiens, ils ont aussi été l'objet de controverses, en particulier avec le juriste et politiste Carl Schmitt. Sur le plan scientifique, la reconnaissance de son oeuvre n'en a pas moins suscité des discussions sous l'angle de l'argumentation historique. Bénéficiant de la distance nécessaire acquise par l'actualisation de la recherche dans les sciences religieuses, l'histoire du christianisme et la philosophie politique, les présentes contributions pluridisciplinaires visent à mettre en valeur tant les enjeux fondamentaux que les limites de l'approche par Peterson du rapport du christianisme avec la sphère politique.
Les catégories dans lesquelles nous sommes habitués à penser depuis des années ne nous permettent plus d'appréhender notre monde. Les économistes ramènent tout à leur discipline. Or ce n'est qu'une partie du vécu des populations. Les réactions très vives, aujourd'hui, dans l'ex-Europe de l'Est nous montrent que nous sommes face à un choc de civilisations qui n'est pas soluble dans l'économie. André Malraux écrivait : "La nature d'une civilisation, c'est ce qui s'agrège autour d'une religion. Notre civilisation est incapable de construire un temple ou un tombeau. Elle sera contrainte de trouver sa valeur fondamentale, ou elle se décomposera." Pour échapper au choc des civilisations sur notre sol, dont l'islamisme radical est l'exemple le plus flagrant, il faut commencer par réhabiliter la réalité civilisationnelle de l'héritage judéo-chrétien européen. A l'évidence, la renaissance par l'esthétique chrétienne convoquée chez Chateaubriand fait aujourd'hui nécessité.