Y a-t-il une spécificité de l'écriture féminine ? Cette spécificité, difficile à définir, semble surtout dépendre de la "culture" plus que de la "nature". A partir d'un certain nombre d'études de textes écrits par des femmes, B. Didier s'interroge sur quelques constantes : thèmes, registres, modes d'écriture.
La collection " Écriture " dirigée par Béatrice Didier, professeur à l'École normale supérieure - Ulm, publie des essais sur divers problèmes théoriques concernant la littérature au sens large, témoignant de différentes sensibilités et approches du monde littéraire.
Diderot, écrivain multiple, directeur de l'Encyclopédie, philosophe, au sens le plus large, auteur des Salons, d'écrits sur la musique, dramaturge, conteur et romancier, est homme de la diversité d'intérêts, d'intuitions, d'écritures, et remet en cause la séparation des genres littéraires.
Pourtant, à travers tant de diversité, il existe des constantes tout au long de la vie et de l'oeuvre et au total une profonde unité, une grande cohérence que ce bref essai voudrait souligner.
Ce qui est proposé ici, ce n'est ni un tableau exhaustif, ni un manuel destiné aux spécialistes, c'est un simple aperçu des grandes lignes de l'histoire de la littérature japonaise.
Il cherche à donner une idée de la richesse et de l'originalité d'un univers littéraire différent, ni monolithique, ni impénétrable, d'une inventivité artistique, et d'une densité humaine étonnantes. Il vise aussi, en fournissant quelques indications sur les conditions de leur élaboration, à faciliter l'approche des oeuvres qui expriment la spécificité de la culture japonaise.
«À notre époque, un vaste public lit encore Gil Blas, ce qu'atteste l'existence de plusieurs éditions de poche : le roman est long, mais il ne lasse pas. La variété des épisodes et des histoires annexes permet un renouvellement constant de l'intérêt. La critique s'est efforcée de faire entrer ce roman dans diverses catégories : roman picaresque ? roman de formation ? roman d'aventures ? roman de critique sociale ? - pour reconnaître finalement qu'aucune de ces désignations ne lui convient vraiment ou plutôt qu'elles lui conviennent toutes. On est dès l'abord séduit par la diversité des tons, des registres, des personnages multiples, la fécondité d'une invention qui se manifeste à chaque page. [...]Comment Lesage est-il parvenu à cette maîtrise ? On sait peu de chose sur ses années de formation ; en revanche, les publications qu'il donne avant Gil Blas montrent bien les étapes de l'acquisition de ce métier d'écrivain sous son triple aspect : le travail de traducteur et d'adaptateur, l'écriture romanesque, les réalisations du dramaturge. Quand Lesage écrit Gil Blas, il est riche de cette triple expérience dont nous voudrions retracer rapidement les étapes, avant de consacrer l'essentiel de cet essai au roman qui est devenu inséparable du nom de Lesage.»Béatrice Didier.
Le sacré qu'il soit guetté par le fanatisme ou, au contraire, entraîné vers le sublime grâce à l'art, est fortement représenté dans la littérature, la peinture, la musique du XVIIIe et du XIXe siècles. Mais entre les Lumières et le Romantisme se produit un renversement que cet essai se donne pour but d'analyser. Les philosophes des Lumières en vidant le sacré de sa dimension religieuse, en voyaient, dans le meilleur des cas, la valeur esthétique. Le premier romantisme effectue un mouvement inverse : partir de l'esthétique pour rendre au sacré son fondement métaphysique. Des Salons de Diderot au Génie du Christianisme, on examinera aussi bien d'autres oeuvres où s'opère avec des nuances et des variations diverses un itinéraire qui passe par la Révolution française.
Une idée d'expérience hante la philosophie depuis l'Antiquité : isoler un ou plusieurs enfants dès leur naissance pour préserver leur nature. L'expérience permettrait, croit-on, de la distinguer des apports ultérieurs de la culture. Sur la tabula rasa ainsi reconstituée, elle permettrait aussi de comprendre ce que peut la nature humaine : comment s'élaborent le langage, les idées, la spiritualité, les sentiments, la moralité ?
Pris au pied de la lettre, le projet est monstrueux et l'expérience n'aurait été vraiment tentée que quatre fois. Mais, d'Hérodote à Paul Auster, elle a été faite et refaite en pensée. Sur le mode de l'expérience de pensée, elle est à la fois très commune et d'une extraordinaire fécondité intellectuelle.
Sauvages expérimentaux reconstitue la contribution de cette « fiction pensante » à la réflexion sur l'humanité de l'être humain. L'anthologie Fictions d'isolement enfantin qui paraît simultanément permet d'en découvrir les diverses déclinaisons narratives.
Musique et littérature sont-elles des soeurs ennemies, ou sont-elles susceptibles de s'entendre ? Rousseau rêve d'un langage originel qui aurait été à la fois musique et parole, mais cette union de deux arts qui sont proches parents mais dont les langages diffèrent profondément a toujours été périlleuse. Certains écrivains tentent de capter l'essence même de la musique à travers leurs romans, leurs poésies, tandis que d'autres s'essaient à la critique musicale, ou encore tentent de mêler musiques et mots dans les genres mixtes que sont l'opéra et la chanson. Quant aux lexicographes, ils proposent des définitions de la musique - nécessairement imparfaites - dans des dictionnaires. Ces tentatives sans cesse renouvelées de capter la musique au travers des mots, jamais totalement satisfaisantes, seraient-elles perpétuellement vouées à l'échec ? Béatrice Didier montre ici qu'elles sont au contraire une source constante d'inspiration, grâce auxquelles musique et littérature gagnent de nouvelles formes d'expression.
Rousseau avec les Confessions n'a pas fini d'explorer les profondeurs de son moi, d'autant qu'il ne cesse de connaître de nouvelles souffrances, ou de nouveaux bonheurs. Les Dialogues, les Rêveries sont le fruit d'une démarche d'un auteur qui expérimente diverses formes d'écriture: il se libère de la chronologie; il préfère les coups de sonde du fragment à la continuité du récit. Dans ces expériences extrêmes de la folie et du rêve, il s'interroge et nous interroge sur l'identité, la mémoire, le statut de la littérature, toutes questions qui n'ont cessé de hanter notre xxe siècle et risquent de connaître une acuité toujours plus grande au xxie siècle.
Le roman connaît un essor extraordinaire en France au XVIIIe siècle.
Le lectorat s'élargit : il est de plus en plus attiré par les fictions; d'autre part, les influences étrangères pénètrent largement en France. Au total, de 1700 à 1800 les grandes oeuvres romanesques abondent en langue française. On peut à travers elles analyser une certaine évolution et l'affinement des techniques : roman-mémoires, roman par lettres, roman à la troisième personne, et même éclatement des genres, ainsi chez Diderot.
Chez les romanciers du XVIIIe siècle, une technique éblouissante et diverse est le plus souvent mise au service d'une double postulation : peindre la réalité, exprimer des idées, sans pour autant renoncer au caractère ludique de toute littérature.
"Existe-t-il une culture européenne ou bien des cultures très diverses coexistent-elles sur notre continent ? Existe-t-il une littérature européenne ? La musique, l'architecture ou la peinture s'embarrassent moins de frontières. La répartition même de notre savoir universitaire renforce les séparations entre les littératures puisque l'étude des langues et l'étude des littératures sont groupées autour d'une même langue, la spécialisation de littérature comparée n'intervient que plus tard dans le cursus des études. "Il faut bien en convenir : nous ne sommes pas habitués à penser une littérature européenne" constate Etiemble,"ce concept absent de la formation scolaire et universitaire, ne semble guère appartenir à nos schémas mentaux." De quelle Europe parle-t-on ? ... La notion de littérature est presque aussi difficile à définir que celle d'Europe. " (portion de préface de B. Didier) Table des matières BÉATRICE DIDIER - Étudier la littérature européenne¡?, 1 PREMIÈRE PARTIE MÉTHODES ADRIAN MARINO - Histoire de l'idée de "¡littérature européenne¡" et des études européennes, 13 YVES CHEVREL - Peut-on écrire une histoire de la littérature européenne¡?, 19 PIERRE BRUNEL - Une mythocritique comparatiste dans le projet européen, 37 DANIEL MADELÉNAT - Littérature et classes sociales en Europe, 47 FRANCIS CLAUDON - Pour une étude interdisciplinaire des cultures européennes, 55 ANNIE PRASSOLOFF - L'édition européenne, solidarités et rivalités, 63 MARTINE POULAIN - Les bibliothèques européennes, XVIe-XXe siècle, 69 MARTINE POULAIN - La lecture en Europe, 77 JACQUES DUGAST - Éléments pour une histoire de l'enseignement des littératures en Europe, 83 JACQUES DUGAST - Peut-on enseigner les littératures européennes¡?, 89 DEUXIÈME PARTIE L'ESPACE VINCENT FOURNIER - Les grands clivages de l'Europe, 97 JACK FEUILLET - Naissance des langues littéraires, 105 JEAN RAIMOND - L'insularité britannique¡: mythe ou réalité¡?, 113 CHARLES DÉDÉYAN - L'influence littéraire de la France sur les littératures européennes, 123 WALTER THYS - La littérature néerlandaise, 135 HANS HARTJE - La littérature allemande en Europe, 149 DANIEL-HENRI PAGEAUX - La péninsule Ibérique et l'Europe, 161 ÉVANGHÉLIA STEAD - Le Jardin des lettres italiennes et les tendres pousses de la bibliothèque néo-hellénique, 167 WLADIMIR TROUBETZKOY - Russie, Europe, littérature, 179 JÁNOS SZÁVAI - Pour une littérature européenne qui ne se limite pas à celle des "¡langues courantes¡", 185 JEAN-PAUL BARBE - Place des littératures régionales en Europe, 191 GÉRARD NAHON - Littératures hébraïques en Europe, 199 LUC-WILLY DEHEUVELS - La littérature arabe en Europe, 209 ALAIN MONTANDON - La circulation des idées en Europe, 215 HENRI MESCHONNIC - Les grandes traductions européennes, leur rôle, leurs limites. Problématique de la traduction, 221 JEAN-MARC MOURA - L'exotisme européen, 241 HENRI LOPES - Le destin des langues européennes hors d'Europe, 253 TROISIÈME PARTIE LE TEMPS JEAN R. ARMOGATHE - Les modèles classiques et bibliques, 261 HUBERT ZEHNACKER - Les grandes époques de la littérature antique, 269 BERNARD FLUSIN - La littérature byzantine, 279 MICHEL ZIMMERMANN - L'Europe barbare, 287 MICHEL STANESCO - L'Europe médiévale, 291 CLAUDE-GILBERT DUBOIS - La Renaissance en Europe, 309 DIDIER SOUILLER - Maniérisme, baroque et classicisme, 323 HAYDN MASON - Les Lumières et leurs adversaires en Europe, 337 JEAN RAIMOND - Le romantisme européen, 349 YVES CHEVREL - Le réalisme et le naturalisme en Europe, 365 PIERRE-FRANÇOIS KAEMPF - Symbolisme, 373 JACQUELINE CHÉNIEUX-GENDRON - Surréalismes et avant-gardes en Europe (1910-1970), 383 DENIS PERNOT - Consciences critiques de la littérature européenne (1919-1945), 391 TIPHAINE SAMOYAULT - Bilan de la littérature en Europe depuis 1945, 401 QUATRIÈME PARTIE LES FORMES JEAN CUISENIER - Littératures
Comment un récit décevant, des personnages peu consistants, des intrigues sans grand intérêt peuvent-ils provoquer la passion du lecteur de génération en génération ? Tandis que tant de romans du XVIII? siècle ont vieilli, Jacques le Fataliste n'a pas pris une ride. Est-ce justement parce que tous ces procédés de la déception et du leurre font partie des tactiques de la modernité ? Mais Jacques le Fataliste a passionné des générations bien antérieures à ce que nous avons coutume d'appeler «modernité», et même des écrivains qui semblent très étrangers à une recherche systématique de déconstruction : la marque de Jacques le Fataliste peut se sentir sur un roman bien romanesque tel Indiana de George Sand. [...] En déconstruisant le récit, en faisant des personnages de simples marionnettes, l'auteur-narrateur prouve surtout sa liberté de créer : «il ne tiendrait qu'à moi...». Le narrateur est libre de faire parler ses personnages de telle façon qu'ils démontrent ou ridiculisent le fatalisme. C'est une forme de libre choix. Le lecteur est libre de le suivre ou de lui refuser son adhésion. Liberté d'écrire le fatalisme, liberté de lire le fatalisme ? En l'écrivant ou en le lisant, l'écrivain et le lecteur affirment leur propre liberté, leur faculté de jouer avec le destin.
Corinne si l'on connaît les premières nouvelles et Delphine. On saisira mieux De l'Allemagne si l'on se réfère à De la littérature. Tout se répond et se correspond dans une ?uvre où se manifeste l'unité très forte d'une pensée, d'une sensibilité et d'un style. Ce livre voudrait donner une idée de la totalité de cette ?uvre. La confrontation avec l'Histoire de son temps, l'expérience de la fiction, une réflexion généraliste sur la littérature qui constituent les grands axes de la création staëlienne se croisent en effet dans Corinne.