Filtrer
Points
-
« Enfuis-toi à Trafaria puisque c'est là que le monde se termine sur un ponton qui s'avance dans le fleuve et sur le ponton mon grand-père et moi en train de penser à toi, Maria Adélaïde, pas malade, immobile dans le potager un ruban dans les cheveux, je me souviens si bien de ce ruban et ce qu'il peut m'exalter, vraiment, ses ondulations au gré de tes pas. »
-
Je ne t'ai pas vu hier dans Babylone
Antonio Lobo Antunes
- Points
- Points
- 14 Novembre 2013
- 9782757817995
Minuit. Une jeune fille que personne ne semble attendre tourne dans les airs. 3 heures. L'homme qui a promis de venir se fait attendre. 4 heures. Insomniaques, les chiens glapissent. 5 heures. Un autre homme attend son heure, que les pendules s'arrêtent enfin. Solitaires, les voix de ce roman se livrent au fil de la nuit. Nourries par leurs obsessions, ces consciences déambulent dans leur passé.
-
Un policier en fin de carrière a reçu pour mission de neutraliser une bande d'adolescents se livrant à " des actes antisociaux à caractère violent " et qui a pour base de repli le Quartier du Premier-Mai, amoncellement hétéroclite d'habitations clandestines au nord-ouest de Lisbonne. Les suspects sont " des métis et des Nègres originaires de ce qu'on appelle les ex-colonies, désignation discutable ", et donc naturellement " enclins à la cruauté et à la violence gratuites ". Dans un rapport destiné à sa hiérarchie, le policier détaille l'opération qu'il a pour tâche de superviser. Mais la précision toute professionnelle de " l'agent de première classe " cède bientôt la place à des divagations amères, à des épanchements endoloris : vexations infligées par ses supérieurs et collègues, ratés familiaux et sentimentaux, vague à l'âme abyssal, autant de motifs qui viennent sous sa plume aussi facilement que le descriptif minutieux des exactions commises par les " suspects ".
Le policier n'est cependant que le premier d'une longue série de narrateurs, tous concernés à des titres divers par l'enquête : c'est ainsi qu'on entendra une vieille prostituée usée par toute une vie de malheurs et qu'un des délinquants somme de venir vivre dans le Quartier, le beau-père de l'un des métis qui se remémore son enfance chaotique, un vieillard impotent qui laisse macérer dans une haine increvable le souvenir de sa première épouse, un trafiquant à la petite semaine en cheville avec les suspects, le professeur d'une institution spécialisée dans laquelle l'un des membres du gang a été placé...
Au fil des dix-neuf chapitres, près d'une vingtaine de narrateurs se succèdent. Autant dire, l'humanité tout entière. Que lit-on ? Des vraies fausses dépositions, des monologues imaginaires, des confessions fantasmatiques ? D'où peut bien surgir cette réminiscence du policier : " combien de noyés n'ai-je pas vus dans mon travail les paupières cousues par les poissons, crucifiés sur les rochers ? " Sont-ils seulement vivants, ces protagonistes qui prennent la parole et sondent leurs tourments ? En réalité, peu importe qui parle, qui écrit, qui entonne ce chant. Peu importe qu'il s'agisse d'une multitude ou d'une seule et même voix (" mon nom est Légion ", dit l'homme possédé de l'Évangile), plus ou moins spectrale. S'il aborde des thèmes comme le racisme primaire - et un passé colonial qui décidément ne passe pas -, les inégalités sociales, les déchirures familiales, l'auteur a tôt fait de leur conférer une dimension universelle et ce qui, à première vue, pouvait relever du fait divers gagne une ampleur et une profondeur bibliques.
Né en 1942 sous la dictature salazariste, António Lobo Antunes est issu d'une famille de la grande bourgeoisie portugaise. Médecin, il se spécialise en psychiatrie et exerce à l'hôpital Miguel Bombarda de Lisbonne jusqu'en 1985. Lobo Antunes nourrit son écriture du matériel psychique qui a marqué toute une génération de Portugais : les contradictions d'une bourgeoisie à la fois ravie et mise à mal par la Révolution des oeillets, les traumatismes de la guerre coloniale et le retour désoeuvré des colons en métropole. António Lobo Antunes a reçu le Prix Union Latine en 2003, le Prix Jérusalem en 2005 et le Prix Camoes, le plus prestigieux du monde lusophone, en 2007.
La publication de ce nouveau roman d'António Lobo Antunes coïncide avec la saison théâtrale qui lui sera consacrée à la Maison de la Culture (MC93) de Bobigny. De janvier à juin 2011, un programme de spectacles, de concerts, de lectures et d'installations est entièrement bâti autour de son oeuvre.
Une fois encore, António Lobo Antunes démontre avec virtuosité combien il maîtrise une technique narrative unique en son genre. Des pensées jaillissent sans ordre apparent, en flux irréguliers, indomptables, puis s'agencent inexplicablement, se juxtaposent, s'estompent, reviennent, s'entrechoquent : et des images surgissent, des échos se font entendre. Des récits innombrables se mettent en place simultanément, se mêlent en épaisses torsades et nous offrent mille livres en un seul. Tous les sens sont violemment sollicités et la réalité décrite excède de toutes parts notre monde à trois dimensions, trop étroit pour contenir ce foisonnement kaléidoscopique. Les narrateurs successifs se font les porte-voix d'une puissance qui semble les dépasser (certains confient d'ailleurs écrire sous la dictée - mais de qui ?) et c'est comme une immense et sombre symphonie qui résonne dans le cerveau du lecteur.
Sur Livre de chroniques IV :
" La façon très particulière de poser des questions, cette écriture haletante, sans repos, traversée de tirets, de passages à la ligne, de répétitions, de phrases coupées net, cette langue unique, mélancolique et remplie d'humour est aussi présente dans ses chroniques que dans ses romans. L'écriture obéit à une sorte de pulsion. [...] Il y a, dans sa manière de faire, une sorte de vertige. [...] Sa vie, sa mort et la nôtre : c'est exactement cela qu'on appelle la littérature. " (Raphaëlle Rérolle, Le Monde) Sur Je ne t'ai pas vu hier dans Babylone :
" Il faut littéralement s'immerger dans ce roman hypnotique pour mesurer ce que, dans la connaissance de l'humain, l'oeuvre d'un écrivain de cette trempe est encore à même d'accomplir. " (Bernard Fauconnier, Le Magazine littéraire) ??
??
??
??
1 1
-
Osera-t-il aborder cette femme qui lui sourit chaque matin dans l'autobus ? Comment dire à l'homme qui partage sa vie depuis vingt-quatre ans qu'elle ne l'aime plus ? Peut-on arrêter le temps dans sa course folle ? Entremêlant à ses propres souvenirs les réminiscences fantasmées d'inconnus, António Lobo Antunes arpente les couloirs obscurs de la mémoire à la recherche des clefs de l'existence.
-
En lieu et place d'un divan, le corps de Nuno, jeune toxicomane à l'agonie sur son lit d'hôpital. La séance se prolonge tel un tango diabolique. Infirmières, parents et proches défilent. Nuno écoute, depuis son coma, le frénétique débit de ses visiteurs : ressentiments, amertume et déceptions se déversent à l'envi. Pour fuir cette chorale désespérée, il se souvient des instants heureux...
-
69 chroniques, écrites entre 2003 et 2005 pour un journal portugais. Fragments nostalgiques, ironiques ou poétiques, qui explorent les thèmes chers à l'auteur : le temps, la mort, l'enfance, sa grand-mère adorée, sa vie de médecin militaire en Angola, quelques hommages à des figures des lettres et des arts portugais, et, bien sûr, l'écriture.
-
Poètes, navigateurs ou colons déchus, venus de différents siècles, ils ressurgissent sous la plume de l'auteur, à la fin des années 1970 dans une Lisbonne moderne. Luis de Camoes, Vasco de Gama, Pedro Alvarez Cabral et autres héros oubliés de l'histoire portugaise errent dans cette ville métamorphosée. Ils espèrent le "retour des caravelles" et aspirent à la renaissance d'un Portugal glorieux.
Trraduction de Michelle Giudicelli et Olinda Kleiman.
-
La mission des fonctionnaires paraissait simple: quitter lisbonne pour l'angola et récupérer une cargaison de diamants.
Mais l'ancienne colonie portugaise, ravagée par la guerre, a sombré dans le chaos et est tombée aux mains d'une poignée d'individus qui attisent les haines. sur cette terre de cauchemars, les missions ne sont jamais simples et toujours mortelles.
-
Dans ce chef-d'oeuvre de la mémoire, mêlant - souvent dans une même phrase - passés, présents, avenirs de ceux et celles qui l'entourent, rui s.
Nous mène vers son suicide annoncé. pour cet homme brisé qui estime avoir raté sa vie, mariages, paternité, engagement politique, position sociale et professionnelle n'ont été que des échecs successifs.
Les oiseaux, un rêve d'enfance resté omniprésent durant toute son existence, constituent les seuls souvenirs heureux qu'il parvienne à maintenir vivants et qui l'accompagneront jusque dans la mort.
Entre illusion, poésie et satire, antonio lobo antunes, qui veut faire d'explication des oiseaux, son hommage combien magnifique à fellini, s'impose comme un très grand écrivain européen.
-
A lisbonne deux amis d'enfance se retrouvent face à face : un juge d'instruction et un membre d'une organisation terroriste.
Au fil de l'enquête judiciaire, souvenirs et monologues des différents personnages vont alors s'entrelacer, multipliant notes d'humour et situations sordides, visions du passé et complexes réalités du présent.
Au rythme d'une prose effrénée et féroce, qui nous mène au coeur du portugal où les rêves de révolution riment avec le sombre fatalisme du fado, antonio lobo antunes brosse une fresque où l'histoire et les hiérarchies sociales se heurtent aux manipulations du pouvoir.
-
A Lisbonne, trois frères et soeurs se retrouvent après quinze ans de séparation. Leur mère, restée seule en Angola dans sa plantation familiale, va bientôt mourir. Chacun prend la parole à tour de rôle, dévoilant son attachement ombilical à l'Afrique mais aussi les cauchemars qu'elle lui évoque.oeuvre féroce et somptueuse, La Splendeur du Portugal promène le lecteur dans les dédales de l'exil, de la mémoire et de l'identité.
-
N'entre pas si vite dans cette nuit noire
Antonio Lobo Antunes
- Points
- Points
- 19 Novembre 2004
- 9782020551755
Maria Clara veut en finir avec les secrets qui empoisonnent sa famille. Quand son père Luis Filipe part à l'hôpital, elle subtilise la clé du grenier défendu, où l'attendent des photos, des journaux, reliques d'un passé et d'une filiation ignorée. La voici immergée, presque malgré elle, dans une troublante enquête généalogique qui va bouleverser bien des certitudes...
-
Quels sont ces chevaux qui jettent leur ombre sur la mer ?
Antonio Lobo Antunes
- Points
- Points
- 28 Mai 2015
- 9782757852163
Ce dimanche de Pâques, il pleut sans discontinuer sur Lisbonne. Et alors qu'une femme se meurt, ses enfants s'entre-déchirent. Tour à tour, ils se remémorent les heures fastes de leur histoire, lorsque l'élevage de taureaux de combat faisait leur fierté et leur prospérité, tout en sondant les recoins les plus sombres de leurs existences. Francisco, João, Ana, Beatriz et Mercília, la vieille servante : tous font entendre leurs craintes, leurs regrets et leurs rancours au fil d'un récit bâti sur le rythme d'une corrida, dans l'attente de l'infaillible coup de grâce.
Né en 1942, António Lobo Antunes vit à Lisbonne. Auteur d'une quinzaine de romans traduits dans de nombreuses langues, il est une voix majeure de la littérature portugaise contemporaine. Tous ses romans sont disponibles en Points.
-
Constitué comme une vaste symphonie oú s'élèvent et se répondent les voix de nombreux personnages, l'ordre naturel des choses nous projette au coeur de la part la plus sombre de l'homme : ses hantises et ses attentes, ses souvenirs et ses rêves, ses vérités inavouées et ses culpabilités historiques, jusqu'aux frontières de la folie.
Avec ce roman, on retrouve toute l'atmosphère des récits d'antonio lobo antunes : une superbe évocation du portugal et tout particulièrement de lisbonne, un mélange de réalisme cru et d'onirisme, de fatalisme et de fantaisie, une imbrication d'itinéraires individuels oú se mêlent les dérives imaginaires les plus extrêmes, non sans l'ironie et l'humour grinçant chers à l'auteur.
-
C'est de son " douloureux apprentissage consistant à être vivant " dont nous parle antonio lobo antunes dans ce premier roman.
Dans ces pages, le narrateur ne sait plus s'il est bien le psychiatre de l'établissement dont il décrit les pensionnaires avec une perspicacité impitoyable, ou l'un des malades qui y naviguent... de retour de la guerre d'angola, il a été profondément marqué par les atrocités qu'il y a vues. le portugal vit encore sous le joug de la dictature salazariste et de sa police secrète. il a quitté son épouse - qu'il a aimée passionnément, qu'il aime toujours.
Il se néglige, erre la nuit dans les casinos de banlieue, participe trois fois par semaine à une analyse de groupe dont l'efficacité lui semble improbable. tout le révolte, le bouleverse, l'atteint. sa conscience torturée ne trouve des moments de répit que dans les instants qu'il passe avec ses filles, lorsqu'il les emmène au cirque et que le monde réel s'abolit pour laisser place à la beauté des contorsionnistes et des saltimbanques...
Dans ce livre communiquent le dédale intérieur de l'écrivain et le labyrinthe de l'asile, mais aussi les théâtres de la guerre privée ou collective, le magma intime des souvenirs de l'enfance et le tableau de toute la société lisboète des années 80. le regard critique avec lequel il contemple le monde, antonio lobo antunes trouve pour l'exprimer des formules pleines d'humour noir, des comparaisons baroques, servies par une imagination et une originalité rares.
-
Le grand-père va mourir. La famille se réunit au chevet du mourant. Tombent les masques et se révèlent les grimaces mesquines, les larmes tues, les sourires de façade. Pauvres d'esprit ou de coeur, avares et envieux, frères et enfants se disputent l'héritage, se détestent et se déchirent sous l'oeil de l'agonisant, qui assiste à sa veillée comme à un jeu de massacre.
Né en 1942, António Lobo Antunes vit à Lisbonne. Auteur d'une quinzaine de romans traduits dans de nombreuses langues, il est une voix majeure de la littérature portugaise contemporaine. Il a obtenu le prix Camoens 2007 pour l'ensemble de son oeuvre. La plupart de ses romans sont disponibles en Points.
« Les images fusent, retombent, les phrases s'allongent démesurément avec la méticuleuse précision que donne la nostalgie, des éclats d'histoire vous assaillent, mêlés à la hantise de la vieillesse et de la solitude. Nul doute qu'il est un vrai écrivain. » -
Bien sûr que tu te souviens de moi ; chroniques
Antonio Lobo Antunes
- Points
- Points
- 28 Mars 2013
- 9782757833650