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Antonio Lobo Antunes
32 produits trouvés
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L'autre rive de la mer
Antonio Lobo Antunes
- Christian Bourgois
- Litterature Etrangere
- 11 Avril 2024
- 9782267049633
Dans la Baixa do Cassanje, une région du nord de l'Angola, une révolte éclate en 1961 parmi les travailleurs noirs, excédés par les conditions iniques que leur impose la Cotonang, compagnie luso-belge exploitant la main-d'oeuvre locale pour la production de coton. Cette insurrection, qui constitue l'une des premières étapes de la lutte pour l'indépendance de l'Angola, est violemment réprimée lorsque le pouvoir colonial portugais envoie son armée et son aviation pour y mettre fin. Trois personnages prennent tour à tour la parole, rattrapés par leurs souvenirs et leurs obsessions : la fille d'un planteur, réfugiée dans une métropole dont elle ignore tout, se remémore sa vie dans la propriété familiale ; un ancien chef de district, modeste fonctionnaire colonial qui s'est choisi pour femme une Angolaise albinos, dépérit à Namibe, entre océan et désert, après avoir dû fuir la région entrée en sédition ; un colonel de l'armée portugaise à la retraite, impliqué dans les opérations militaires visant à mater la révolte, se rappelle ses années de service en Angola.
Racisme débridé, traumatismes mal surmontés, violence des rapports familiaux, sauvagerie de la guerre : dans une langue sonore, foisonnante et imagée, Lobo Antunes brasse ses thèmes de prédilection en alternant les registres, cruel, tendre, burlesque ou pathétique. -
La nébuleuse de l'insomnie
Antonio Lobo Antunes
- Christian Bourgois
- Litterature Etrangere
- 10 Mai 2012
- 9782267023626
Avec une liberté de ton qui ne s'interdit aucune fantaisie et est généreusement partagée avec le lecteur, grâce à un brassage unique d'images foisonnantes, de réminiscences et de sensations, António Lobo Antunes signe un nouveau livre d'une grande puissance poétique, écrit dans une langue qui sonde les profondeurs les plus intimes d'un univers (le nôtre) trouble, insaisissable et poignant.
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La dernière porte avant la nuit
Antonio Lobo Antunes
- Christian Bourgois
- Litterature Etrangere
- 7 Avril 2022
- 9782267045581
Au cours des vingt-cinq chapitres que compte le roman - correspondant aux 25 années de prison encourues par les criminels -, cinq narrateurs prennent tour à tour la parole :
Un avocat et son frère, un herboriste, deux collecteurs de créances. Ces cinq hommes sont liés par un pacte criminel :
Tous ont pris part au kidnapping et à l'assassinat d'un chef d'entreprise fortuné, dont ils ont dissous le corps dans de l'acide sulfurique, espérant que leur forfait reste impuni (« pas de corps, pas de crime »). Quand ils prennent la parole, chacun des protagonistes évoque le déroulement des faits, mais multiplie également les digressions sur ses états d'âme, les mille et une misères de l'existence, sa famille, ses souvenirs d'enfance, ses obsessions...
António Lobo Antunes nous fait pénétrer dans la maison, l'enfance, le corps, la routine des autres, à travers sa langue éminemment personnelle, puissamment brassée, qui fait résonner les voix entremêlées des vivants et des morts. En nous ouvrant les portes des esprits de ces cinq personnages criminels, António Lobo Antunes nous dépeint une comédie humaine allant du plus sensible au plus grotesque.
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Jusqu'à ce que les pierres deviennent plus légères que l'eau
Antonio Lobo Antunes
- Christian Bourgois
- Litterature Etrangere
- 31 Janvier 2019
- 9782267031201
Un jeune sous-lieutenant, après avoir servi en Angola pendant vingt-sept mois, rentre au pays où il ramène un tout jeune orphelin. Cet enfant noir, qui a survécu à la destruction de son village et au massacre des siens par l'armée portugaise, il va l'élever comme son propre fils. Plus de quarante ans plus tard, le vétéran et sa femme ont fait le trajet depuis Lisbonne pour rejoindre la vieille maison de famille, dans un village reculé et quasi abandonné, quelque part au pied des montagnes. Dans trois jours, conformément à la tradition, on tuera le cochon. Comme chaque année, leur fille, leur fils adoptif et son épouse, les rejoignent pour l'occasion. Dès le prologue, on apprend que ces retrouvailles connaîtront un dénouement tragique : le jour de la tue-cochon, l'animal ne sera pas le seul à se vider de son sang.
Dans les vingt-trois chapitres que compte le livre, à mesure que l'on s'approche du terme fatal de ces trois journées, on entendra alternativement les voix des différents membres de la famille, tout particulièrement celles du père, que l'Angola « ne lâche pas », et de son fils adoptif. L'ancien militaire n'en finit pas de revivre les horreurs de la guerre : toutes les attentions de sa femme, pourtant elle-même forcée de se battre contre un cancer, et les séances collectives de psychothérapie à l'hôpital n'y font rien.
Quant à son fils, c'est une autre guerre qu'il mène : sans cesse renvoyé à son identité de « Nègre », il est en butte à l'hostilité générale et au racisme le plus vil, y compris de la part de sa propre épouse, qui le méprise et l'humilie. Après des décennies de non-dits, de souvenirs escamotés, d'interrogations refoulées, quelles relations ces êtres peuvent-ils encore entretenir ?
Dans ce nouveau livre de Lobo Antunes, poignant, brutal, violent, mais qui sait également être tendre, délicat, une fois encore chacun fait de son mieux pour sauver sa peau - et sa part d'humanité.
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Je ne t'ai pas vu hier dans Babylone
Antonio Lobo Antunes
- Christian Bourgois
- 3 Septembre 2009
- 9782267020496
« Il doit être minuit parce que les bruits, ceux du jardin, ceux de la maison et ceux de ma femme qui a fait partir les chiens en les fouettant légèrement avec une branche - Fichez-moi le camp elle a attaché la chienne en chaleur dans le garage et je parie qu'elle s'est couchée parce que pas de lumière dans le couloir ni dans la chambre dans laquelle je ne pénètre plus depuis des siècles, je reste ici très loin d'elle avec tout ce silence et cette obscurité entre nous, pas de froissement de draps ni une latte du lit quand elle change de position, les lampadaires d'Évora de l'autre côté de la maison, par cette fenêtre des bruyères, même mon reflet a disparu sur les vitres » « Qui parle, tout au long des immenses coulées qui forment les fleuves de l'oeuvre d'António Lobo Antunes ? Et à qui ? Peu importe après tout : ces voix se mêlent, leurs monologues intérieurs se croisent sans rompre la solitude où chacune ressasse ses obsessions. C'est toujours le même livre, et pour qui est sensible à cette écriture en incises, à ce trouble, à ce vertige verbal, c'est un bonheur toujours renouvelé. » (Isabelle Rüf, Le Temps)
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Mon nom est légion
Antonio Lobo Antunes
- Christian Bourgois
- Litterature Etrangere
- 13 Janvier 2011
- 9782267021394
Un policier en fin de carrière a reçu pour mission de neutraliser une bande d'adolescents se livrant à " des actes antisociaux à caractère violent " et qui a pour base de repli le Quartier du Premier-Mai, amoncellement hétéroclite d'habitations clandestines au nord-ouest de Lisbonne. Les suspects sont " des métis et des Nègres originaires de ce qu'on appelle les ex-colonies, désignation discutable ", et donc naturellement " enclins à la cruauté et à la violence gratuites ". Dans un rapport destiné à sa hiérarchie, le policier détaille l'opération qu'il a pour tâche de superviser. Mais la précision toute professionnelle de " l'agent de première classe " cède bientôt la place à des divagations amères, à des épanchements endoloris : vexations infligées par ses supérieurs et collègues, ratés familiaux et sentimentaux, vague à l'âme abyssal, autant de motifs qui viennent sous sa plume aussi facilement que le descriptif minutieux des exactions commises par les " suspects ".
Le policier n'est cependant que le premier d'une longue série de narrateurs, tous concernés à des titres divers par l'enquête : c'est ainsi qu'on entendra une vieille prostituée usée par toute une vie de malheurs et qu'un des délinquants somme de venir vivre dans le Quartier, le beau-père de l'un des métis qui se remémore son enfance chaotique, un vieillard impotent qui laisse macérer dans une haine increvable le souvenir de sa première épouse, un trafiquant à la petite semaine en cheville avec les suspects, le professeur d'une institution spécialisée dans laquelle l'un des membres du gang a été placé...
Au fil des dix-neuf chapitres, près d'une vingtaine de narrateurs se succèdent. Autant dire, l'humanité tout entière. Que lit-on ? Des vraies fausses dépositions, des monologues imaginaires, des confessions fantasmatiques ? D'où peut bien surgir cette réminiscence du policier : " combien de noyés n'ai-je pas vus dans mon travail les paupières cousues par les poissons, crucifiés sur les rochers ? " Sont-ils seulement vivants, ces protagonistes qui prennent la parole et sondent leurs tourments ? En réalité, peu importe qui parle, qui écrit, qui entonne ce chant. Peu importe qu'il s'agisse d'une multitude ou d'une seule et même voix (" mon nom est Légion ", dit l'homme possédé de l'Évangile), plus ou moins spectrale. S'il aborde des thèmes comme le racisme primaire - et un passé colonial qui décidément ne passe pas -, les inégalités sociales, les déchirures familiales, l'auteur a tôt fait de leur conférer une dimension universelle et ce qui, à première vue, pouvait relever du fait divers gagne une ampleur et une profondeur bibliques.
Né en 1942 sous la dictature salazariste, António Lobo Antunes est issu d'une famille de la grande bourgeoisie portugaise. Médecin, il se spécialise en psychiatrie et exerce à l'hôpital Miguel Bombarda de Lisbonne jusqu'en 1985. Lobo Antunes nourrit son écriture du matériel psychique qui a marqué toute une génération de Portugais : les contradictions d'une bourgeoisie à la fois ravie et mise à mal par la Révolution des oeillets, les traumatismes de la guerre coloniale et le retour désoeuvré des colons en métropole. António Lobo Antunes a reçu le Prix Union Latine en 2003, le Prix Jérusalem en 2005 et le Prix Camoes, le plus prestigieux du monde lusophone, en 2007.
La publication de ce nouveau roman d'António Lobo Antunes coïncide avec la saison théâtrale qui lui sera consacrée à la Maison de la Culture (MC93) de Bobigny. De janvier à juin 2011, un programme de spectacles, de concerts, de lectures et d'installations est entièrement bâti autour de son oeuvre.
Une fois encore, António Lobo Antunes démontre avec virtuosité combien il maîtrise une technique narrative unique en son genre. Des pensées jaillissent sans ordre apparent, en flux irréguliers, indomptables, puis s'agencent inexplicablement, se juxtaposent, s'estompent, reviennent, s'entrechoquent : et des images surgissent, des échos se font entendre. Des récits innombrables se mettent en place simultanément, se mêlent en épaisses torsades et nous offrent mille livres en un seul. Tous les sens sont violemment sollicités et la réalité décrite excède de toutes parts notre monde à trois dimensions, trop étroit pour contenir ce foisonnement kaléidoscopique. Les narrateurs successifs se font les porte-voix d'une puissance qui semble les dépasser (certains confient d'ailleurs écrire sous la dictée - mais de qui ?) et c'est comme une immense et sombre symphonie qui résonne dans le cerveau du lecteur.
Sur Livre de chroniques IV :
" La façon très particulière de poser des questions, cette écriture haletante, sans repos, traversée de tirets, de passages à la ligne, de répétitions, de phrases coupées net, cette langue unique, mélancolique et remplie d'humour est aussi présente dans ses chroniques que dans ses romans. L'écriture obéit à une sorte de pulsion. [...] Il y a, dans sa manière de faire, une sorte de vertige. [...] Sa vie, sa mort et la nôtre : c'est exactement cela qu'on appelle la littérature. " (Raphaëlle Rérolle, Le Monde) Sur Je ne t'ai pas vu hier dans Babylone :
" Il faut littéralement s'immerger dans ce roman hypnotique pour mesurer ce que, dans la connaissance de l'humain, l'oeuvre d'un écrivain de cette trempe est encore à même d'accomplir. " (Bernard Fauconnier, Le Magazine littéraire) ??
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Pour celle qui est assise dans le noir à m'attendre
Antonio Lobo Antunes
- Christian Bourgois
- 4 Mai 2017
- 9782267030051
Avec ce nouveau livre (le vingt-septième, si l'on excepte les volumes de chroniques), c'est dans la nécropole d'une vieille actrice de théâtre qu'António Lobo Antunes nous fait pénétrer. Recluse dans un appartement de Lisbonne, confiée par le neveu de feu son second mari aux bons soins d'une employée de maison, elle-même très âgée, elle vit ses dernières heures. Celle qui a fait une carrière plutôt modeste sur les planches sent progressivement la parole se refuser à elle. C'est tout le réel qui semble lui échapper et elle est même persuadée qu'elle commence à disparaître des miroirs. Tandis que son corps s'avoue vaincu, son esprit vit au rythme des soubresauts de sa mémoire chaotique. Les souvenirs resurgissent, épars, hétéroclites, comme autant d'éclats qui viennent cribler sa conscience altérée : épisodes de l'enfance passée dans le sud du Portugal, à Faro, moments de tendresse avec ses parents, petites et grandes misères de la vie de couple avec ses maris successifs, petites et grandes humiliations pour trouver sa place dans la capitale et dans le monde du théâtre...
Comme à son habitude, Lobo Antunes déploie une multitude de récits simultanément, et non successivement : il tisse une infinité de fils, passant d'un personnage à l'autre, d'une époque à l'autre, d'un narrateur à l'autre, avec une liberté effrontée et une impressionnante virtuosité. Soulignons également la présence de passages hautement comiques, que ce soit par leur humour noir, leur fantaisie débridée et onirique ou leur cocasserie toute burlesque. Des moments d'autant plus savoureux qu'ils alternent avec d'autres plus sombres. Car tous les personnages pourraient reprendre à leur compte cette confidence de l'un d'eux : « Si au moins quelqu'un voulait bien me prendre dans ses bras, me faire sentir qu'il y a une place pour moi dans ce monde. »
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" Je vis tous les jours avec mes personnages pendant un an et demi, dix heures par jour.
Quand vous arrivez à la page 300, cela vous attriste un peu de les quitter. Je comprends très bien Faulkner qui faisait passer ses personnages d'un livre à l'autre. L'autre jour, je me trouvais dans un quartier périphérique de Lisbonne où vit l'un des personnages de La mort de Carlos Gardel. J'étais arrêté à un feu rouge et je m'attendais à ce qu'il surgisse d'un instant à l'autre, me demandant dans quel café il irait.
C'est un personnage absolument secondaire et pourtant, je me suis mis à y penser comme s'il était réel. Un soir que Balzac discutait politique avec des amis il leur a dit : " Parlons de choses réelles, parlons d Eugénie Grandet." Le roman ça demande un effort soutenu. Un jour, j'ai vu un ouvrier travailler très lentement et je lui ai demandé pourquoi il n'allait pas plus vite. Il m'a répondu que c'était inutile puisque le travail ne finit jamais.
Il avait tout à fait raison. Pendant toute ma vie, écrire a été la chose la plus importante, j'y ai tout sacrifié et je commence à éprouver le besoin de faire autre chose. Vous savez, après un certain âge, les écrivains se répètent, s'imitent. Enfin j'ai beaucoup réfléchi, j'ai maintenant l'intention d'écrire un dernier cycle et puis c'est terminé. Treize romans, ce n'est déjà pas si mal. J'ai un coussin où je pourrai poser ma tête quand je serai mort.
" France David/Jean Hubert Gailliot Les Inrockuptibles (1995).
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" En contrepoint de ses oeuvres de fiction, Antonio Lobo Antunes, dans Livre de chroniques, ne cesse de laisser penser ses sens.
Il bouscule une fois encore nos idées reçues sur l'écriture, fouille les labyrinthes de la mémoire, architecture ses obsessions : la guerre - celle des sexes, celle des Etats, celle des groupes sociaux, toutes celles qui donnent envie de " regarder, avec une émotion croissante, une gravure poussiéreuse dans le grenier qui montre une jubilante multitude de pauvres autour de la guillotine où l'on coupe la tête de rois " -, la cruauté, la désespérance.
" Peut-être qu'il fait toujours nuit quand on a grandi ? " Le Livre de chroniques refermé, comme chaque page écrite par Antonio Lobo Antunes depuis Le Cul de Judas, incite le lecteur à pénétrer dans cette nuit afin de mieux entendre la sienne. " Claire Juliet, Le Passe-Muraille
Grand format 14.70 €Indisponible
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" Me voilà assis à attendre que la chronique se décide à venir. Je n'ai jamais d'idée ; je me limite à attendre le premier mot, celui qui entraîne les autres derrière lui. [...] C'est comme chasser des antilopes sur la rive du fleuve : on reste adossé à un tronc jusqu'à ce qu'elles arrivent, en silence, sans parler. Et voilà qu'un petit bruit s'approche : la chronique, méfiante, regarde de tous côtés, avance d'un rien la patte d'une phrase, prête à se sauver à la moindre distraction, au moindre bruit. Au début, on la voit à peine, cachée dans le feuillage d'autres phrases, de romans écrits par nous ou par d'autres, de souvenirs, d'imaginations. Puis elle devient de plus en plus nette quand elle s'approche de l'eau du papier, qu'elle prend de l'assurance, et la voilà, tout entière, qui penche le cou en direction de la page, prête à boire. C'est le moment de viser soigneusement avec son stylo-bille, en cherchant un point vital, la tête, le coeur. "
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Contre les berges de lisbonne, l'histoire jette ses héros en vrac.
Poètes, navigateurs ou colons déchus de l'angola indépendante, ils apportent, venus de plusieurs siècles, l'image du déclin qu'ils ont vécu : celui de l'empire par deux fois brisé - en 1578 avec la domination espagnole et en 1975 avec la fin des colonies d'afrique. rien de plus furieusement baroque que cette traversée de l'histoire portugaise oú vasco de gama, luis de camoëns, ressuscités des lusiades ou d'ailleurs, se perdent, arbitrairement défigurés, dans le lisbonne d'aujourd'hui qu'ils ne reconnaissent plus.
Et luis sillonne l'histoire et la ville sans lâcher le cercueil oú pourrit le corps de son père, signe d'un présent toujours en mal de ses racines. car dans cette civilisation occidentale en pleine déchéance, on espère encore le retour des caravelles.
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A partir du moment où les Américains ont su qu'il y avait des diamants en Angola, la guerre coloniale s'est aggravée. A Lisbonne, les services de contre -espionnage impliqués dans le trafic de ces pierres précieuses, ont alors envoyé successivement plusieurs agents à Luanda, tous chargés de récupérer la même livraison de diamants convoitée par les Américains. Chaque fois, le même discours des autorités : « Il s'agit de vous rendre en Angola pour une mission de routine, trois ou quatre jours maximum. » Mais aucun d'entre eux n'en reviendra, tous traqués à tour de rôle, tous prisonniers de leur passé, tous condamnés à être fauchés par des tirs en rafales. Bonsoir les choses d'ici-bas, une page douloureuse à tourner, où l'Angola devient le Portugal et le Portugal l'Angola. Ceux qui n'y étaient pas l'inventent ou la nient, tandis que les autres voudraient l'oublier. Et sous cette cacophonie, la voix de l'Etat qui se veut rassurante. A travers le destin de ces hommes pris dans un combat qui n'éta it pas le leur, António Lobo Antunes donne une vision cinglante de la cupidité des dirigeants et de l'atrocité de la guerre.
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Dans ce chef-d'oeuvre de la mémoire, mêlant - souvent dans une même phrase - passés, présents, avenirs de ceux et celles qui l'entourent, rui s.
Nous mène vers son suicide annoncé. pour cet homme brisé qui estime avoir raté sa vie, mariages, paternité, engagement politique, position sociale et professionnelle n'ont été que des échecs successifs.
Les oiseaux, un rêve d'enfance resté omniprésent durant toute son existence, constituent les seuls souvenirs heureux qu'il parvienne à maintenir vivants et qui l'accompagneront jusque dans la mort.
Entre illusion, poésie et satire, antonio lobo antunes, qui veut faire d'explication des oiseaux, son hommage combien magnifique à fellini, s'impose comme un très grand écrivain européen.
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De la nature des dieux
Antonio Lobo Antunes
- Christian Bourgois
- Litterature Etrangere
- 10 Mars 2016
- 9782267029451
Modeste employée de librairie, mère célibataire à la vie précaire, Fátima devient contre toute attente la confidente d'une vieille femme richissime qui vit recluse dans une immense maison au bord de la mer, non loin de Lisbonne. Ne commandant des livres qu'à seule fin de recevoir sa visite, Madame impose à Fátima de s'asseoir à ses côtés pendant des heures pour l'écouter raconter sa vie. Elle s'attache en particulier à se remémorer l'ascension irrésistible de son père, qui lui inspire une haine ambiguë.
Ne reculant devant aucune vile manoeuvre pour faire prospérer son empire industriel et financier, celui-ci aura su s'imposer comme un personnage de premier rang, recevant têtes couronnées et puissants de ce monde pour des dîners fastueux et des parties de tennis. Pendant la guerre, il fait commerce de wolfram, en louvoyant entre les Anglais et les Allemands. Il a l'oreille du dictateur (sénile), lequel facilite ses activités dans les colonies africaines.
Incapable de la moindre humanité (du moins, en apparence), il consacre toute son énergie à mépriser sa fille, son épouse, ses petits-enfants, et semble entraîné dans une fuite en avant, désirant toujours plus de richesses, toujours plus de maîtresses, conquises avec la même avidité rapace, sans que son mal de vivre en soit aucunement atténué. Le livre est composé de quatre parties, les trois premières comprenant chacune dix chapitres et la dernière sept.
Dans la première partie, le récit est à la charge de l'employée de librairie, qui s'épanche sur ses misères personnelles, en même temps qu'elle relate les confidences de Madame. Dans la deuxième partie, on entendra : M. Monteiro, le bras droit de l'homme d'affaires tyrannique ; une intermédiaire française cherchant à jouer un rôle dans le commerce de wolfram ; la mère de Madame, humiliée et délaissée ; Marçal, le fidèle domestique et véritable père de Madame ; une des secrétaires et maîtresses de M.
Monteiro. La troisième partie a pour unique narrateur le père de Madame. Enfin, dans la quatrième et dernière partie, c'est une de ses maîtresses, chanteuse de fado, qui prend la parole. A ces personnages principaux s'ajoutent une infinité de figures secondaires (parents, grands-parents, oncles et tantes, voisins, etc.), comme le dictateur cacochyme ou le sans-abri dont la silhouette traverse les époques et les chapitres, du début à la fin du livre.
La puissance du travail d'António Lobo Antunes ne peut se saisir à travers le simple résumé des grandes lignes du récit. Avec lui, l'aventure est essentiellement stylistique. C'est grâce à la force de sa langue et à la virtuosité de son art narratif, porté ici à son plus haut, qu'il parvient une fois encore à nous émouvoir et à nous étourdir. Sur le fond, Lobo Antunes plonge une fois de plus ses lecteurs au coeur des ténèbres, dans un monde où sévit une hostilité généralisée, où les relations entre individus ne sont que violence.
Mais, dans bien des cas, cette brutalité semble n'être qu'une solution par défaut, quand la soif d'amour reste trop difficile à exprimer. On retrouve des thèmes qui s'imposent à l'auteur avec constance, mais traités avec peut-être encore plus de truculence que d'habitude, un humour noir ravageur, des saillies mordantes à souhait, des passages drolatiques. Tout passe par une perception suraigüe, une capacité à déceler dans les menus gestes du quotidien, dans les phrases ou les faits les plus ordinaires une désolation sans fond, les petites lâchetés et les grandes douleurs, les détestations sourdes, les peines ravalées et, malgré tout, l'attachement à la vie, pourtant souvent bien ingrate ou décevante.
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Au bord des fleuves qui vont
Antonio Lobo Antunes
- Christian Bourgois
- Litterature Etrangere
- 19 Février 2015
- 9782267027242
Un homme est hospitalisé à Lisbonne : dans ses viscères, une bogue ne cesse de grossir en silence, que le médecin appelle cancer. La douleur, l'opération, les traitements le plongent dans un état second.
Remontent alors à la surface des souvenirs enfouis depuis toujours, qui se bousculent et s'entremêlent. Furieux contre cette mort « terrible et comique » qui se moque de lui dans l'obscurité, humilié par sa déchéance physique, « monsieur Antunes du lit numéro onze » divague dans les méandres de sa mémoire. Et c'est alors tout le monde de son enfance qui se rappelle à lui, avec ses sons, ses odeurs, ses visages. Tandis que médecins et infirmières défilent à son chevet, passé et présent se télescopent, et le voilà emporté, en compagnie de défunts décidément pleins de vie.
Alors que le mal « aboie dans son ventre », ce passé ravivé agit comme un garde-corps, le seul peut-être à pouvoir l'empêcher de tomber dans « le ravin » qui s'ouvre au bord de son lit d'hôpital.
Avec Au bord des fleuves qui vont, António Lobo Antunes ne se contente pas de passer d'un monde à l'autre mais entrelace avec sa virtuosité coutumière les couches de temps et livre mille et un récits peuplés de spectres hauts en couleur. Son écriture, toujours extrêmement sensorielle, sa liberté et ce voisinage de l'émotion déchirante et des saillies comiques, sont quelques-uns des grands plaisirs que l'on ressent en le lisant. Avec son style bouillonnant, foisonnant et indomptable, Lobo Antunes a mis le mal qui l'avait atteint au service d'une nouvelle exploration de la vie, une remontée vers la source de l'existence, vers les mystères et la « joie perdue » de l'enfance.
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Si vous avez du Portugal l'image un peu irréelle d'un pays noyé de brumes atlantiques, un pays où l'on module son mal de vivre, sa saudade au rythme torturé et virtuose du fado, la prose torrentielle d'Antônio Lobo Antunes risque de faire sur vous l'effet d'un électrochoc.
Amateurs d'épure, de littérature écrite au cordeau, d'histoires idylliques et d'amours admirables, s'abstenir. [. ] On ne balaie pas des siècles d'oppression et de privilèges, on ne fait pas s'effondrer des murailles de silence avec quelques jolies phrases pleines d'opprobre et de sévérité. Lobo Antunes : la vigueur salutaire d'une littérature coup de poing.
Grand format 25.92 €Indisponible
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Les lettres de ce livre furent écrites par un homme de 28 ans, dans le cadre privé de sa relation avec sa femme, isolé de tout et de tous durant deux ans de guerre coloniale en Angola, sans penser qu'un jour elles seraient publiées. Elles se présentent à la fois comme le journal de bord d'un médecin hanté par le désir de construire une oeuvre littéraire et comme un document sur le quotidien d'une guerre aussi instable et violente qu'un ciel d'orage tropical. Elles foisonnent d'évocation de paysages africains, de portraits psychologiques des militaires et des indigènes, d'anecdotes pittoresques, de poèmes et de confidences passionnées où l'auteur met son
coeur à nu. Enfin, et naturellement, ces lettres sont l'histoire d'un amour déchiré par la séparation, le journal de l'amour absent.
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N'entre pas si vite dans cette nuit noire
Antonio Lobo Antunes
- Christian Bourgois
- 23 Août 2001
- 9782267015959
Maria clara, " mademoiselle ", l'homme de la maison, livre pensées et souvenirs.
Une villa d'estoril abritant connivences et conflits entre maîtres et domestiques. le casino où la grand-mère joue l'argent que lui donne sa dame de compagnie. une soeur haïe pour sa beauté. un père aimé, sans famille, retiré dans un grenier dont il défend l'entrée, jusqu'au jour où il part pour subir à l'hôpital une opération à coeur ouvert. maria clara s'empare alors de la clef. au fond des armoires, la relique d'une filiation ignorée : photos, cahiers d'écolier, jouets.
Autant d'indices sur lesquels maria clara s'arrête et se perd au fil d'une enquête généalogique. le récit prolifère, bifurque, se contredit dans un jeu de conjectures et de surimpressions. cette chronique mobile d'une enfance enfouie apparaît enfin comme le journal intime de maria clara, rédigé trente ans plus tard. l'objet du récit devient alors l'histoire de sa propre création, renvoyant au premier genre de l'histoire littéraire : la cosmogonie.
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Quels sont ces chevaux qui jettent leur ombre sur la mer ?
Antonio Lobo Antunes
- Christian Bourgois
- Litterature Etrangere
- 3 Avril 2014
- 9782267026337
Dimanche de Pâques, la pluie ne va pas cesser. Bientôt six heures, bientôt l'estocade finale. A Lisbonne, une femme se meurt, veillée par ses enfants qui s'entredéchirent. Tour à tour, ils se remémorent les heures fastes de l'histoire familiale - lorsque l'élevage de taureaux de combat faisait la fierté et la prospérité des Marques -, en même temps qu'ils sondent les recoins les plus sombres de leurs existences. On entend ainsi Francisco, le fils acariâtre, rongé par la frustration et le ressentiment qui n'en finit pas de maudire feu son père de les avoir ruinés au casino ; João, consumé par la maladie et l'amour des petits garçons ; Ana, errant dans le terrain vague, en quête de sa dose de poudre ; Beatriz, « dans le tunnel de sa panique », persuadée que des chevaux traversent la plage au grand galop en jetant leur ombre sur la mer. Quant à la vieille servante méprisée, Mercília, elle vit dans la famille de toute éternité et sait les secrets qui ont fait gonfler, comme autant d'abcès à crever, les rancoeurs, les hontes et les non-dits.
Tandis que les défunts se gaussent ou s'offusquent et que Dieu, « mesquin comme toujours », s'est absenté pour affaires, chacun s'échine à remuer le farrago de ses souvenirs. Car se rappeler, c'est vivre encore, et prendre la mesure de sa déchéance aidera peut-être à retarder le coup de grâce.
La structure du livre renvoie à la dramaturgie tauromachique. Elle adopte les phases principales du déroulement d'une corrida, avec sept chapitres : Avant la corrida, Tercio de capote, Tercio de piques, Tercio de banderilles, La faena, La suerte suprime, Après la corrida. Hormis le premier et le dernier qui sont comme le prologue et l'épilogue de l'histoire, tous les chapitres sont divisés en quatre parties, dans lesquelles prennent successivement la parole les protagonistes de ce « combat » qui culminera avec la mort de la mère.
On a parfois la sensation de voir une situation se dessiner, au gré des réminiscences. Le livre prend corps par des superpositions, des réagencements, des redistributions entrelacées. Les objets du quotidien (« qui se méfient de nous »), les bibelots, les poignées de porte, les meubles, les lattes du plancher, les dentiers, semblent conspirer pour affliger un peu plus ceux qui décidément ne savent par quel bout attraper la vie pour ne pas se laisser tomber et la briser en mille morceaux.
Si Lobo Antunes a comme nul autre le don de rendre poignants de menus riens, il arrive aussi que des grossissements grotesques de la réalité, des déformations à la Picasso, voire des embardées dans le fantastique, fassent basculer le texte, pour le plus grand plaisir du lecteur, dans le tragicomique ou le burlesque.
Les protagonistes ne sont pas dupes de leur statut de personnages de papier et ne se privent pas de le faire savoir à l'écrivain au travail, qui semble parfois découvrir l'histoire en même temps que nous. Il arrive qu' « Antonio Lobo Antunes » soit nommément pris à parti par ses créatures insatisfaites, ce qui ne l'empêche pas de mener jusqu'à son terme un livre qui encore une fois ne peut qu'émouvoir, dès lors que l'on accepte de se laisser submerger par le flot de son écriture.
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Ces chroniques captent l'instant perdu, les anecdotes anodines et les songeries sans suite...
L'enfance resurgit, la pâtisserie paraiso, les femmes aimées, les amis partis et la guerre en angola. on se laisse porter par la plume talentueuse sur une plage, humant " l'odeur des vagues à l'instant où l'air est plus froid que l'eau " ou partageant la mélancolie d'" une sensation d'à quoi bon "...
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Un jour et une nuit de voyage en voiture mènent un homme du sud du portugal jusqu'à lisbonne, oú il travaille dans un service psychiatrique.
Durant ce trajet, les souvenirs se mêlent aux visions et déforment sa perception du monde. la mémoire empiète sur le réel, le passé et le présent sont incertains, les images se superposent, et l'univers du narrateur paraît basculer dans la folie des malades qui l'entourent. entre les dérives de son imagination et les délires de ses patients, entre les cauchemars atroces de la guerre d'angola et l'univers concentrationnaire de l'hôpital, le narrateur de connaissance de l'enfer brosse un tableau cruel de l'institution psychiatrique, et dresse un féroce réquisitoire contre les guerres coloniales qui ont traumatisé toute une génération de portugais.
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Une quête, celle de paulo, pour retrouver un monde calciné entrevu à travers le miroir de la chambre de ses parents.
Une famille dont il a été cruellement exclu. son père, un clown à la poitrine gonflée qui, chaque soir, après son spectacle, rentre avec un amant différent. sa mère, obsédée par le parfum des mimosas, qui se vend pour un quart de vin et l'illusion d'être caressée par un mari perdu.
Que ferai-je quand tout brûle ? un récit sur les cicatrices honteuses et douloureuses de l'enfance qui font de nous ce que l'on est : un père travesti, une mère légère, une serveuse qui rêve de dynamiter une geôle, un pauvre vieux qui, depuis sa mansarde, croit régenter le monde.
Que fera-t-il quand tout brûle ? retourner sur cette plage hantée par le cadavre de son père et, comme lui, presser le piston, fuir, ou bien écrire pour que le passé jamais ne brûle ?.
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D'Antonio Lobo Antunes, probablement le romancier européen le plus doué de sa génération, on sait peu de chose : naissance bourgeoise en 1942, études de médecine, un service militaire de plus de deux ans en Angola, et un poste de psychiatre à Lisbonne.
Le reste est à imaginer à partir des livres.
Des romans qui ne ressemblent à rien de connu, mais qui entretiennent suffisamment de liens entre eux pour que l'on puisse, sans l'ombre d'une hésitation, conclure à l'existence d'une oeuvre véritable, d'un univers personnel : le propre d'un grand créateur, qui invente de nouveaux prismes à travers lesquels on peut interpréter le monde différemment.
Antonio Lobo Antunes est un auteur très neuf, mais s'il faut, à son sujet, évoquer un grand ancêtre, c'est à Céline que l'on pense : le même non-respect de toutes les valeurs établies, un sens de la bouffonnerie désespérée, le goût pour l'Hénaurrme toujours prêt à verser dans l'onirique, le génie de la prolifération des images et des mots.
En tout état de cause, il semble déjà que, depuis John Kennedy Toole et sa Conjuration des imbéciles, aucun auteur étranger de cette dimension ne soit apparu.
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" dès 1932, jünger donnait à son fracassant travailleur le sous-titre : "domination et figure".
Il n'a cessé depuis de méditer processus morphogénétiques et causalité formelle. trente ans plus tard, type, nom, figure pose à nouveau le problème des formes dans le contexte assagi de la maturité. la figure du travailleur, agressive et tranchante, opérait seule la mise en forme d'un monde auquel elle imprimait le sceau pesant et acéré d'un impérialisme totalitaire. entre-temps, les aventures de la porphogénèse se sont faites plus dialogiques, voire amoureuses et nuptiales.
Pour engendrer les formes, il faut être deux : le superflu de l'être et le superflu en l'homme se pénètrent et s'informent en un perpétuel affrontement dont le langage marque les points. s'il trace en toute netteté les types, la figure en revanche, forme la plus globale et la plus agissante, ne se laisse pas si facilement cerner : c'est alors que jünger redécouvre, par-delà la netteté un peu sèche de nos traditions intellectuelles, les ébats profonds de la forme entre le flou et le net, trajets dynamiques d'une accomodation spirituelle.
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Grand format 22.87 €Indisponible