Le goût des larmes est une enquête sur le pathos au XVIIIe siècle.
A cette époque on pleure beaucoup, seul ou en public, au théâtre ou en famille, en lisant ou en écrivant. En se situant à la croisée de la rhétorique, de l'esthétique et de l'idéologie, cette étude cherche à mettre en lumière les ambiguïtés du pathos, cette notion qui emprunte autant au sublime qu'à l'obscène. L'auteur a utilisé les dictionnaires de l'époque ainsi que le programme Frantext pour donner une définition précise du pathos qui est également analysé dans la théorie esthétique du XVIIIe siècle.
C'est ainsi qu'est posée la question des rapports entre le pathos et la poésie en un siècle où le statut de cette dernière ne va pas de soi. Le pathos s'inscrit dans une esthétique particulière fondée sur le mélange généralisé des genres et des formes. Il laisse une place prépondérante au corps qui accède ainsi à un nouveau statut littéraire. Le pathos est à la recherche d'un langage nouveau, ce qui J'amène à privilégier certaines figures de rhétorique et certains signes de ponctuation pour tenter de dire l'indicible et échapper ainsi à la tentation du silence.
C'est à un public paradoxal que s'adresse le pathos : s'il sait apprécier les actrices qui possèdent le " don des larmes ", cette capacité à faire pleurer en pleurant soi-même, il n'est pas toujours dupe des stratégies, voire de la perversité du pathos.
Le marquis de Sade, mort il y a deux cents ans, reste vivant dans la légende noire qu'est devenue sa vie, même et surtout pour ceux qui ne l'ont jamais lu, et ne connaissent de lui que les échos scandaleux de sa biographie et de son oeuvre pornographique, avec laquelle ils la confondent parfois. Cet essai se propose de le considérer avant tout comme un écrivain, en analysant, sous l'angle de la curiosité, Justine ou les Malheurs de la vertu, un de ses romans les plus connus. Mais il ne s'en tient pas aux aspects les plus célèbres de ce corpus et s'intéresse aussi aux pièces de théâtre, souvent négligées, et qui ne figurent pas dans la réédition de l'oeuvre dans la collection de la Pléiade. Il s'agit de s'interroger sur l'apathie dans les textes dramatiques de Sade, au miroir de ses romans, où elle constitue une des catégories majeures des libertins, aussi bien dans leur pratique que dans leurs références philosophiques. Sade est bien un écrivain polymorphe, car la vivacité de son style éclate dans sa correspondance, notamment dans les Lettres à sa femme, étudiées ici conjointement à son Journal inédit, ce qui fait apparaître une obsession des « signaux »de sa libération chez cet homme qui passa vingt-sept ans en prison, sur les soixante-quatorze ans que dura sa vie, sous la monarchie, la République, le Consulat et l'Empire.