Le goût des larmes est une enquête sur le pathos au XVIIIe siècle.
A cette époque on pleure beaucoup, seul ou en public, au théâtre ou en famille, en lisant ou en écrivant. En se situant à la croisée de la rhétorique, de l'esthétique et de l'idéologie, cette étude cherche à mettre en lumière les ambiguïtés du pathos, cette notion qui emprunte autant au sublime qu'à l'obscène. L'auteur a utilisé les dictionnaires de l'époque ainsi que le programme Frantext pour donner une définition précise du pathos qui est également analysé dans la théorie esthétique du XVIIIe siècle.
C'est ainsi qu'est posée la question des rapports entre le pathos et la poésie en un siècle où le statut de cette dernière ne va pas de soi. Le pathos s'inscrit dans une esthétique particulière fondée sur le mélange généralisé des genres et des formes. Il laisse une place prépondérante au corps qui accède ainsi à un nouveau statut littéraire. Le pathos est à la recherche d'un langage nouveau, ce qui J'amène à privilégier certaines figures de rhétorique et certains signes de ponctuation pour tenter de dire l'indicible et échapper ainsi à la tentation du silence.
C'est à un public paradoxal que s'adresse le pathos : s'il sait apprécier les actrices qui possèdent le " don des larmes ", cette capacité à faire pleurer en pleurant soi-même, il n'est pas toujours dupe des stratégies, voire de la perversité du pathos.
Le Goût des larmes au XVIIIe siècle présente une enquête sur le pathos en un siècle où l'on a beaucoup pleuré, seul ou en public, au théâtre ou en famille, en lisant ou en écrivant. Pleurer, c'était manifester sa sensibilité et donc sa vertu. Mais les larmes ont aussi un prix et le pathos peut donner lieu à une forme de marchandisation des émotions. Cette notion paradoxale emprunte à la fois au sublime et à l'obscène. Elle s'inscrit dans une esthétique fondée sur le mélange des genres et cherche à exprimer l'inexprimable pour échapper au silence. Demander à cette littérature pourquoi elle pleure revient à comprendre à quoi elle pense. Cela nous permet de lire en miroir la société contemporaine où l'on assiste à un retour du pathos dont témoignent la téléréalité.
Ce roman d'amour, érotique, détourne le trio traditionnel : il ne s'agit plus d'une femme hésitant entre son mari et son amant.
L'héroïne veut en effet se faire aimer d'une femme qui aime un homme. A quoi rêvent les jeunes femmes ? Musset s'est posé la question à propos des jeunes filles. Mais c'est bien à notre époque que vit l'héroïne de ce roman, employée dans un musée de province, et cherchant à obtenir un autre poste à Paris. Ce n'est pas parce qu'elle travaille sur l'autoportrait en peinture et en littérature qu'elle en sait beaucoup plus sur elle.
Elle rêve de sortir de l'enfance, d'aimer et d'être aimée, vraiment, non comme avec les femmes de sa jeunesse qui l'ont poussée vers la sortie, avec une certaine cruauté. Il s'agit pour notre héroïne de se faire aimer et de retrouver dans cet amour l'enfance en même temps qu'elle la quitte pour toujours. Elle pourrait se répéter le vers : " heureux comme avec une femme ", mais on ne fait pas sa vie dans un poème, fût-il de Rimbaud.
C'est un bonheur tremblé, comme une photo bougée, qui dit la nostalgie immense de trouver sa place, un endroit pour vivre...
Sous quelles formes le xviiie siècle reste-t-il présent dans la littérature contemporaine? S'agit-il seulement d'un héritage de mythes, qui se sont démythifiés au contact de notre modernité, ou de valeurs qui continuent à avoir un sens? Conscience du présent, le siècle des Lumières nous éclaire encore.
Le marquis de Sade, mort il y a deux cents ans, reste vivant dans la légende noire qu'est devenue sa vie, même et surtout pour ceux qui ne l'ont jamais lu, et ne connaissent de lui que les échos scandaleux de sa biographie et de son oeuvre pornographique, avec laquelle ils la confondent parfois. Cet essai se propose de le considérer avant tout comme un écrivain, en analysant, sous l'angle de la curiosité, Justine ou les Malheurs de la vertu, un de ses romans les plus connus. Mais il ne s'en tient pas aux aspects les plus célèbres de ce corpus et s'intéresse aussi aux pièces de théâtre, souvent négligées, et qui ne figurent pas dans la réédition de l'oeuvre dans la collection de la Pléiade. Il s'agit de s'interroger sur l'apathie dans les textes dramatiques de Sade, au miroir de ses romans, où elle constitue une des catégories majeures des libertins, aussi bien dans leur pratique que dans leurs références philosophiques. Sade est bien un écrivain polymorphe, car la vivacité de son style éclate dans sa correspondance, notamment dans les Lettres à sa femme, étudiées ici conjointement à son Journal inédit, ce qui fait apparaître une obsession des « signaux »de sa libération chez cet homme qui passa vingt-sept ans en prison, sur les soixante-quatorze ans que dura sa vie, sous la monarchie, la République, le Consulat et l'Empire.
Prendre l'intime pour l'objet d'étude reste un défi tant la notion est variable selon les époques et les individus et tant son évolution sémantique est complexe. Le volume, qui privilégie l'analyse des textes factuels dans la sphère des écritures de soi, conjugue les approches (historique, linguistique, littéraire, esthétique) pour mieux cerner en diachronie le millefeuille des définitions de l'intime, du XVIIIème à nos jours.