Pierre Bouchardon (1870-1950)
"Dans la rue du quai de la Mayenne, à Laval, au numéro 5, vivait, en 1893, une marchande de fleurs, Marie Fromentin, veuve Bourdais.
Son magasin s'ouvrait sur le quai par une porte munie d'un timbre et d'une sonnette électrique communiquant avec une cuisine en sous-sol.
Après avoir traversé la boutique, on rencontrait une première chambre, où couchait la bouquetière et dont la fenêtre prenait jour sur la cage d'un escalier. On suivait ensuite un corridor qui conduisait à une seconde chambre meublée d'un lit et donnant accès à une cour commune à tous les habitants de la maison. De cette cour, on pouvait gagner la rue du Val-de-Mayenne par une longue allée que fermait une porte.
Les époux Gustave Travers, auxquels appartenait l'immeuble, en occupaient une partie et ils louaient le reste, tant à la veuve Bourdais qu'au chapelier Pierre-Joseph Dehareng et au coiffeur Germain.
Née le 9 septembre 1823, la veuve Bourdais - « la mère Bourdais », comme on disait à Laval - approchait alors de soixante-dix ans. Elle portait lorgnon et perruque. Dévote au point d'assister tous les matins à la messe de cinq heures à l'Immaculée-Conception, elle était peu bienveillante de nature et tenait sur autrui des propos acerbes. De réputation équivoque, elle passait pour posséder quelque argent et ne s'en défendait pas. C'était, de sa part, grave imprudence que de laisser courir ce bruit, car ni son âge ni sa solitude ne lui permettaient de se défendre contre des malfaiteurs."
Affaire criminelle.
En 1893, l'abbé Bruneau est accusé d'avoir assassiné son supérieur, l'abbé Fricot, pour le voler. Mais est-ce son seul forfait ? Coupable ou innocent ?
Pierre Bouchardon (1870-1950)
"Annoncé assez longtemps à l'avance, redouté par beaucoup, plaisanté par d'autres, le choléra fit son apparition à Paris le 26 mars 1832. En quelques heures, il tua quatre personnes, dont le cuisinier du maréchal Lobau. Le 31 mars, on comptait déjà trois cents cas mortels. Alors, ce fut la grande peur et inlassablement le fléau décima la capitale, les corbillards ne suffisant plus à évacuer les cadavres.
Puis, il s'en alla comme il était venu, mais non sans avoir visité la province. Capricieux du reste et désordonné dans sa marche, car il se plut à enjamber plusieurs départements, épargnant ici et ravageant là, dédaignant une grande ville et s'arrêtant à un village.
Explora-t-il la basse Bretagne ? Peut-être, car, en l'année 1833, sous le toit hospitalier de l'abbé Le Drogo, premier vicaire de la paroisse de Guern, canton de Pontivy, se produisirent, dans un intervalle de quelques semaines, une série de décès foudroyants, mystérieux, inexplicables, accompagnés des mêmes symptômes.
Le 28 juin, Joseph Le Drogo père succomba le premier, après huit jours de maladie, à la suite d'incoercibles et continuels vomissements. Le 5 juillet, ce fut le tour de sa femme, née Guillemette Eveno. Le 17, la nièce du vicaire, Marie-Louise Lindevat, une fillette de sept ans, périt de la même mort. Le 23 août, une journalière, Marguerite André, habituellement employée et nourrie au presbytère, rendait l'âme après une horrible agonie, identique aux trois précédentes. Le 28 septembre, l'abbé Le Drogo lui-même était emporté en trente-deux heures, et cependant, jeune encore et vigoureusement constitué, il semblait de taille à défier la mort.
L'épidémie ne s'en tint pas là."
Hélène Jégado, considérée comme la plus grande tueuse en série française, est née dans le Morbihan en 1803. Sa route est jonchée d'empoisonnements : on en dénombre pratiquement une centaine causant la mort de 60 personnes. Mais ce n'est seulement que pour les cinq derniers meurtres (du fait de la prescription pour certains) qu'elle est jugée et condamnée à mort, en 1851.
Pierre Bouchardon (1870-1950)
"Voici une des affaires les plus sinistres et les plus étranges dont la Cour d'assises de la Seine ait jamais eu à connaître. Elle fut jugée en 1832, alors que l'émeute des 5 et 6 juin tirait ses derniers coups de fusil et faisait même voler en éclats les vitres du Palais de Justice, alors que le choléra décimait Paris. Elle mit au sommet un avocat de trente-deux ans, Chaix d'Est-Ange, qui prononça pour les parties civiles un plaidoyer demeuré légendaire. Et comme si ce n'était pas assez de l'insurrection et de l'épidémie, il fallut encore qu'au moment le plus tragique de son discours, un orage d'une rare violence éclatât. Dominant tous les éléments et tous les fléaux déchaînés, la voix de l'avocat fut tellement pathétique et tellement prenante qu'on vit, à la lueur des éclairs, l'accusé pousser des cris de terreur et des exclamations à peine articulées que presque tous considérèrent comme des aveux.
Le souvenir de cette cause est demeuré lié en quelque sorte aux pierres du vieux monument. On a essayé ici, après quatre-vingt-dix ans, de l'évoquer et de la replacer dans son cadre d'épouvante."
Dans la nuit du 9 au 10 novembre 1829, à Vouziers (dans les Ardennes), Mme Benoît, la femme d'un juge de paix, est assassinée, à son domicile, par un ou des cambrioleurs...
Pierre Bouchardon (1870-1950)
"C'était pendant l'Exposition de1889.
Le vendredi 26 juillet, M. Toussaint-Augustin Gouffé, titulaire d'une des importantes charges d'huissier de Paris, quitta son étude, 148 rue Montmartre, vers six heures et demie du soir. Il avait terminé ses affaires.
Il n'alla pas loin.
13 boulevard Montmartre, il s'attabla à la terrasse du café Véron, avec trois consommateurs qui s'y trouvaient déjà : Henri-Ernest Letestu, marchand d'objets de curiosité, Georges Dacosta, publiciste financier, et Paul-Pierre Martinet. Celui-ci, plus connu comme anarchiste que comme homme de lettres, s'était attiré, il n'y avait pas si longtemps, pour avoir pris part à une manifestation, place de l'Opéra, certains ennuis judiciaires.
Bien que le connaissant à peine, Me Gouffé s'amusa à l'entendre développer ses théories subversives, et, comme il était, ce soir-là, de joyeuse humeur, il lui donna la réplique.
Au bout d'un moment, Letestu tira sa montre et fit cette remarque : « Il est déjà sept heures dix. Ce n'est pas que je m'ennuie avec vous, mais je ne peux rester davantage. Vous venez, Dacosta ? » À ces mots, les quatre amis de rencontre levèrent le camp. Martinet demeura une minute encore, le temps d'achever sa consommation, et prit ensuite le chemin de la rue Réaumur. Les trois autres firent ensemble quelques pas sur le boulevard, mais, à l'angle de la rue Vivienne, Letestu et Dacosta arrêtèrent un fiacre, qui les conduisit à l'Exposition, où les attendait la femme du premier.
Me Gouffé demeura seul."
Documentaire.
Fin juillet 1890, Me Gouffé, notaire à Paris, est assassiné... Cette affaire alimentera, pendant plus d'un an, les journaux. Une affaire à rebondissements.... Une affaire où la réalité dépasse la fiction...
Pierre Bouchardon (1870-1950)
"C'était en 1869, dans le département du Haut-Rhin.
Le 25 août, à onze heures avant midi, un monsieur, d'âge mûr, descendit, à la station de Bollwiller, du train de Strasbourg. Il n'avait que des bagages à main : un carton à chapeaux et deux sacs de nuit recouverts de tapisseries aux couleurs voyantes.
Un peu plus tard, en la compagnie d'un jeune homme qui l'avait attendu à sa descente de wagon, il grimpa lestement sur l'impériale de l'omnibus des chemins de fer de l'Est qui faisait alors le service jusqu'à Guebwiller et que conduisait, ce jour-là, le cocher Müllier Ferdinand, mais les deux inconnus s'arrêtèrent, en cours de route, à Soultz, un gros chef-lieu de canton.
- À quelle heure passe la plus prochaine voiture pour Guebwiller ? demanda l'aîné des voyageurs, en posant le pied sur le sol.
Et comme Müller lui répondait : À neuf heures du soir ! il remercia et prit congé en ces termes :
- Alors, le temps ne nous manquera pas, à mon ami et à moi, pour notre petite excursion !
Du consentement de l'employé Sébastien Vogel, il déposa ses trois colis dans le bureau de l'omnibus.
Les deux amis, puisque amis il y avait, poussèrent ensuite la porte de Joseph Loevert, qui tenait boulangerie et auberge. Ils s'attablèrent à côté de la fenêtre et commandèrent, en allemand, des cervelas."
Documentaire. L'affaire Troppmann a défrayé la chronique en 1869. Une famille entière, soit 8 personnes, est massacrée à Pantin...
Pierre Bouchardon (1870-1950)
"Le jeudi 17 mars 1887, jour de la mi-carême, la femme Toulouse, née Julie Garrier, cuisinière depuis douze ans chez Mme Régine de Montille, descendit, à sept heures du matin, de la chambre qu'elle occupait avec son mari, au cinquième étage, 17 rue Montaigne. Elle s'arrêta au troisième, comme elle en avait l'habitude, afin de prendre son service à l'appartement de sa maîtresse.
Régine de Montille était un nom de guerre. La personne qui s'était anoblie de la sorte se nommait tout simplement Claudine-Marie Regnault. Entrée, depuis plus d'un mois, dans sa quarantième année, elle avait su défendre contre les ravages du temps ses charmes physiques et, l'ancienneté comme au choix, elle occupait un certain rang dans le monde des courtisanes. Oh ! sans qu'elle s'affichât ou se livrât à des démonstrations tapageuses. Elle savait même garder une réserve de bon goût, sortait peu et ne recevait guère, tout au moins jusqu'à une époque récente, que les visites de ses amis attitrés. Elle était au surplus d'habitudes bourgeoises et tenait le livre de caisse de sa comptabilité d'amour avec beaucoup d'ordre.
Son personnel domestique comprenait, outre la cuisinière, une femme de chambre, Anne, dite Annette, Gremeret, qui la servait avec un dévouement aveugle depuis quatorze ans, et pour laquelle elle n'avait pas de secrets."
Le 17 mars1887, rue Montaigne à Paris, Julie Toulouse, cuisinière, découvre les cadavres massacrés de sa patronne Mme Regnault, une courtisane plus connue sous le nom de Régine de Montille, d'Anne Gremeret la femme de chambre, et de Marie-Louise Gremeret, la fille de cette dernière âgée de 9 ans...
Pierre Bouchardon (1870-1950)
"Le samedi 31 août 1895, vers une heure et demie du soir, un jeune pâtre, Victor Portalier, quittait la maison de son maître, Jacques Berger, cultivateur au hameau d'Onglas, commune de Bénonces, pour conduire ses moutons sur un coteau, dit « le grand pré ». C'était à environ deux kilomètres du village. D'autres petits bergers s'y donnaient rendez-vous. Chaque jour, ils formaient groupe et, sans perdre de vue leurs troupeaux, ils s'amusaient volontiers aux jeux de leur âge.
Une clairière à dix-sept mètres d'un chemin de desserte, un gros noyer, des champs de trèfle, des pâtures, un taillis de plants de genièvre, des broussailles, des bois, une pente rapide jusqu'au ruisseau d'Adin, ce mélancolique paysage du Bugey ne s'animait qu'à l'heure où les troupeaux y venaient paître.
D'ordinaire, Portalier quittait Onglas bien avant ses camarades. Ce fut le cas ce jour-là. Parti une bonne heure après lui, Jean-Marie Robin, un gamin de quinze ans, s'étonna de ne pas le voir, en arrivant à proximité du gros noyer. Livrés à eux-mêmes, les moutons de Berger avaient d'ailleurs envahi un champ de trèfle appartenant au cultivateur Caffon et ils y exerçaient d'inquiétants ravages.
Courant au plus pressé, Robin s'employa à les en déloger. Puis, l'ordre rétabli, il appela de sa plus grosse voix :
- Où donc te caches-tu, Victor ? C'est sûr que le garde va te dresser un bon procès-verbal, et tu ne l'auras pas volé !
N'obtenant pas de réponse, il lança de nouveaux appels à tous les échos. Ce fut en vain. Il allait se mettre à la recherche de l'absent, quand il aperçut, sous le noyer, une petite flaque rouge et quelques excréments. Ému au plus haut point, il héla d'autres bergers que ses cris avaient déjà alertés et qui se trouvaient de l'autre côté du ravin.
Documentaire.
Le 31 août 1895, le corps horriblement mutilé du jeune berger Victor Portalier est découvert. Un étrange chemineau est arrêté : Joseph Vacher. La liste de ses crimes s'allonge...
Pierre Bouchardon (1870-1950)
"On dînait tôt au Puy en 1840. Le mardi 1er septembre, Jérôme Pugin, tailleur pour ecclésiastiques, et sa femme Victoire Vidal se mirent à table comme de coutume à cinq heures. Leur repas achevé, ils s'acheminèrent par les rues en pente vers la vieille église des Templiers et poussèrent jusqu'au pont de la Borne, mais ils ne s'y attardèrent guère, car le froid commençait à se faire sentir. L'automne s'annonçait précoce, et, ce soir-là, le vent soufflait avec violence dans les gorges de montagnes qui encerclent la capitale du Velay. Ils revinrent à petits pas, pendant que le jour baissait. Les marchands de chapelets et d'images de la Vierge Noire rentraient les vitrines accrochées dehors, mettaient les volets de leurs boutiques, et, de toute part, les promeneurs se rapprochaient frileusement de leurs logis.
La rue de l'Ancienne-Préfecture où demeuraient les Pugin est située dans la haute ville, au pied même de la cathédrale. Comme noyée dans l'ombre immense du magnifique édifice roman, elle en a le silence et le mystère. Jérôme et sa femme entraient chez eux par la rue Saint-Georges, mais leur appartement, en façade sur l'autre rue, faisait presque vis-à-vis au vieil hôtel de Chamblas. Ils verrouillèrent leur porte et, avant de se coucher, s'installèrent au premier derrière les croisillons de l'une de leurs fenêtres. C'est là, par excellence, le poste d'observation dans une ville de province. Tout en jetant de-ci de-là un coup d'oeil dans la rue, ils s'occupèrent à confectionner des rabats de prêtres."
Affaire criminelle.
Le 1er septembre 1840, au château de Chamblas, alors qu'il prend son repas avec ses domestiques à la cuisine, M. de Marcellange est abattu. Son assassin a tiré à travers la fenêtre... Pourquoi et qui ?