Pendant trop longtemps, une approche d'ordre psychanalytique a semblé peu conciliable sinon même incompatible avec ce que l'on appelait alors « l'arriération mentale ». Les très rares essais dans ce domaine demeuraient pratiquement méconnus. Bruno Castets qui, de ce point de vue, a fait figure de pionnier, nous donne aujourd'hui, avec la vigueur de style qui est la sienne, un témoignage de son expérience et de sa réflexion qui doit faire date. Sans rien nier de la réalité de ce que l'on nomme aujourd'hui « le retard mental », il en propose une reconsidération qui interpelle psychiatres, psychologues, analystes, éducateurs et travailleurs sociaux. Sans doute sera-t-il difficile, après avoir lu ces pages, de ne pas regarder avec d'autres yeux et de ne pas traiter d'une autre manière enfants et adolescents dits « débiles ». Ce livre apporte aux ouvrages précédents de Bruno Castets - tels que L'enfant fou ou La Loi, l'enfant et la mort - un complément voire un dépassement. Si l'ensemble de cette oeuvre est un apport précieux pour la recherche en même temps qu'un stimulant pour l'action l'on trouvera ici, plus que jamais, une ouverture, sinon une solution, à ces problèmes que tout être humain rencontre au coeur même de sa propre vie comme il lui faut répondre à cet appel chez l'Autre.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Quel étudiant, quel professionnel, quel enseignant ne s'est trouvé égaré dans le labyrinthe des textes consacrés à la structuration progressive de l'être humain ? Il existe une masse de travaux touchant à la genèse de l'identité : perspectives neurobiologiques, cognitives, psychanalytiques et sociologiques s'affrontent, se complètent, s'excluent de façon souvent passionnelle. Michel Lemay, auteur de « Psychopathologie juvénile », « Le diagnostic en psychiatrie infantile », « J'ai mal à ma mère », consigne ici les résultats d'un immense labeur de dépouillements bibliographiques. C'est en s'appuyant sur plus de 2000 références classées en sous-sujets qu'il fait un effort unique d'analyse et de synthèse pour présenter aux lecteurs une étude comparée sur les recherches en langue française et en langue anglaise au sujet de la naissance du sentiment d'identité. Ce livre, destiné à prendre place dans la bibliothèque de tout éducateur, psychologue ou psychiatre, constitue à la fois une invitation et un guide de lecture des différents auteurs - une mine de références - un questionnement incessant sur ces approches du mystère que constitue l'Homme pour chacun d'entre nous. C'est aussi le point de vue personnel d'un clinicien toujours en recherches.
Le nombre chaque jour croissant d'adolescents victimes de traumatisme crânien, la gravité et la fréquence des séquelles qui en résultent, posent aux familles, aux thérapeutes, aux enseignants, aux éducateurs, des questions difficiles. Quels sont les déficits rencontrés ? Comment les prendre en charge ? Le traumatisme crânien laisse-t-il encore la possibilité d'apprendre, de travailler ? Quel est le vécu de ces adolescents ? Quel peut être leur devenir ? Ce livre est le premier à étudier dans leur ensemble les problèmes des jeunes traumatisés crâniens, depuis le coma initial jusqu'à l'insertion socioprofessionnelle, en passant par l'investigation, la rééducation, la prise en charge psychologique et scolaire. Les auteurs exercent leur activité au sein d'une équipe pluridisciplinaire au Centre de rééducation fonctionnelle « Les Lycéens » de Neufmoutiers-en-Brie. En illustrant leur ouvrage de faits vécus, ils livrent une réflexion neuve sur l'approche neuropsychologique et pédagogique de ces adolescents au cerveau meurtri.
Une mission. Une fonction. Une technique. Un jeu de relations et de séductions, de pouvoirs et de dépendances. Mais d'abord un métier. Quinze millions de clients ; un million de vendeurs. Qui sont-ils ? Comment investissent-ils leur tâche ? Comment vivent-ils leur imaginaire ? Premier constat. Et corollaire : puisque ce sont les vendeurs de l'enseignement catholique qui sont ici majoritaires, sont-ils vraiment différents des vendeurs de l'enseignement public ? Ceci n'est pas une thèse, ni un essai, ni un vade-mecum. C'est un dossier. C'est-à-dire qu'on peut y appuyer son dos. Bref, un inventaire des certitudes plus deux ou trois scénarios. Ils sont venus nombreux au rendez-vous : les historiens (Paul Gerbod, Serge Chassagne), les sociologues et psychologues (Bernard Benattar, Patrick Tapernoux), les responsables d'institutions de formation (Jean Furri, Jean-Paul Roosen) ou d'enseignement (Yves Brunel, Alain Dumont), les chercheurs surtout (Daniel Robin, Anne-Marie Laulan), particulièrement ceux qui opèrent dans les nouvelles technologies (Geneviève Jacquinot, Thérèse Van de Wiele, Bernard Dubreuil). Et, bien entendu, les enseignants. En tout cas, 300 d'entre eux qui témoignent, affirment, revendiquent. Mais aussi un psychanalyste (Gabriel Balbo), un sémiologue (Jean-Paul Gourevitch), un moraliste (André de Peretti), un théologien (Georges Kowalski), un militant (Jacques George). Et des formateurs, des universitaires, des responsables de chantier. Et encore François Lebouteux (chargé de mission des TUC), Hélène Ahrweiler (recteur de l'académie de Paris), Nicole Fontaine (député au Parlement européen), plus treize autres contributions. 34 contributions c'est trop pour définir une ligne mais tout juste assez quand il s'agit de la tracer. Le métier d'enseignant n'est pas un métier comme les autres. Il s'agit de retrouver une identité, de renégocier ses compétences, de se délimiter un territoire. Là où n'existent que des relevés de cote et des empreintes, immédiatement recouvertes par tous ceux qui suivent en regardant les pieds de leurs voisins. Banzaï !
Voici la réédition, notablement modifiée, de Pour qu'ils vivent enfin. Sans rien renier de ses recherches précédentes, l'auteur montre le cheminement de l'équipe de la Sittelle qui, en liaison avec les diverses recherches et publications, a travaillé auprès d'enfants présentant divers troubles très graves de la personnalité. L'originalité du travail ici présenté est de faire référence à de solides approches théoriques tout en exposant très concrètement comment une institution peut tenter de répondre aux besoins de ces enfants étranges. Une approche pédagogique et une forme originale d'approche psychanalytique se conjuguent. Un internat et un placement familial spécialisé travaillent de façon complémentaire, en liaison, dans toute la mesure où l'état de l'enfant le permet, avec des écoles où se réalise une intégration scolaire tandis que les soins se poursuivent dans l'institution. Les résultats sont là pour montrer que, grâce à une telle action et au travail avec les familles naturelles, des enfants qui semblaient voués à une existence asilaire ou, tout au moins, à une existence assistée, ont pu sortir de leur angoisse et s'intégrer dans notre monde.
Il y a trois ans, paraissait « Les parents symboliques ». Ce livre présentait les aspects pratiques et théoriques d'une famille d'accueil où vivent 14 enfants, ceux du couple qui l'anime et ceux qui lui sont confiés par les services de l'Aide Sociale à l'Enfance. Aujourd'hui, le présent ouvrage fait entendre des enfants carencés. Il leur donne la parole en écoutant leur langage si particulier : celui des mots et celui du comportement. Tony, Bob, Stan, Benjamin, Geoffroy, Laure et quelques autres sont là qui « parlent ». Ils écrivent en tenant la main de l'auteur, sur la carence, bien sûr, la violence, l'abandon, la famille... et l'adoption. Ce livre voudrait toucher un plus large public ouvert aux difficultés des « enfants de la DASS », ému par leurs souffrances à l'occasion de quelques grandes émissions de télévision qui ne disent pas tout. Il s'adresse fraternellement aux familles d'accueil et aux éducateurs de groupe qui partagent la vie des enfants carencés affectifs.
L'auteur de ce livre a passé la plus grande partie de sa vie au contact des malades, des personnes dites handicapées, enfants, adolescents et adultes, en un mot du « monde de la souffrance ». De cette souffrance on parle beaucoup aujourd'hui pour la rejeter. Henri Bissonnier propose d'en reconsidérer la réalité. Il le fait très particulièrement lorsqu'il s'agit de personnes atteintes dans leur vie psychique et dont on a vite fait de déclarer la souffrance stérile ou inexistante, quand on n'en fait pas la rançon d'un mal moral. De là, c'est le problème de la vie spirituelle de ces « souffrants » qui se pose. En sont-ils capables et jusqu'à quel degré ? Et que peut l'action sociale, psychopédagogique et pastorale de l'entourage pour les aiderà y accéder, à s'y épanouir, à en témoigner ?
Unique, sans aucun doute, en son genre, ce livre consacré à l'enfance en difficulté, l'enfance à risque, la jeunesse en danger, aux quatre coins de l'univers. Et qui donc pouvait l'écrire mieux qu'Euchariste Paulhus, l'infatigable voyageur au service de ces enfants et de ces adolescents ; lequel, fort d'une exceptionnelle expérience en ce domaine et riche d'une science puisée à des sources des plus diverses par la civilisation et par la langue, nous transmet ici ce qu'il a vu, entendu, noté et sur quoi il a longuement réfléchi, agi, réagi ? Cet ouvrage est, en quelque sorte, le livre de sa vie, d'une vie où la compétence éminente s'est associée à la générosité du dévouement en même temps qu'à la délicatesse et à la fidélité de l'amitié. C'est crûment et presque familièrement qu'Euchariste Paulhus nous met en face de ce qu'il a lui-même constaté. Il nous associe à sa douleur, parfois à sa révolte, à sa volonté aussi de transformer le monde. Il contribue, par son savoir et sa perspicacité, à nous en donner les moyens. Un livre à lire et à faire lire non seulement par tous les spécialistes de l'enfance mais aussi par tous ceux que soucient les risques qu'encourt la jeunesse dans notre monde.
Dans la mythologie grecque, Kronos, l'un des Titans, dévorait ses propres enfants afin de rester seul maître du monde. La civilisation européenne renouvelle aujourd'hui, sous ses airs policés, le festin de Kronos. Bercés par le mythe récurrent de la surpopulation, Européens de l'Est comme de l'Ouest, occupés à jouir de l'instant présent, refusent avec inconscience la vie et l'avenir. Gérard-François Dumont met ses compétences scientifiques et sa clarté d'expression à dresser le constat incontestable de « la seconde révolution démographique » : le déclin de la fécondité européenne. Et il remonte aux causes. Civilisation de l'ego, tyrannie du court terme, pièges de l'économisme, inversion des valeurs, tout est passé au crible d'une étude brillante et sans concession. Mais Kronos peut être défait si l'art politique respecte ses véritables valeurs. C'est pourquoi, dans la lignée de son maître et ami Alfred Sauvy, Gérard-François Dumont trace entre les générations les pistes d'une solidarité nouvelle qui seule pourra assurer la survie de notre civilisation.
Au gré des années et des courants, les adolescents délinquants ont été considérés comme des enfants rebelles à mater ou à rééduquer, comme des enfants malades à comprendre et à soigner. Pour eux, on a ouvert des internats qu'on a ensuite fermés ; on les a sortis des prisons d'adultes pour, parfois, les y remettre, etc.
Cet ouvrage, dans sa première partie, trace un portrait de la situation internationale actuelle, tant au point de vue du phénomène de la délinquance qu'au point de vue de l'intervention, dans six pays et cultures.
Dans sa seconde partie, il donne la parole à sept spécialistes de formation et d'orientation théorique différentes : chacun envisageant, selon sa perspective, l'avenir de l'intervention auprès des adolescents délinquants.
Cet éventail de pratiques, cet aperçu de courants différents font l'intérêt de ce livre : il informe, il évalue les résultats, il prône, sans confusion, une complémentarité des prises en charge. Les éducateurs, les psychologues, les travailleurs sociaux, les criminologues trouveront dans ces pages un stimulant pour leur travail.
Et si la délinquance n'était pas un phénomène fatal !
Confier un enfant en difficulté à une famille d'accueil paraît, de nos jours, une meilleure solution que de faire appel à un internat. Forte d'une longue expérience en matière de placement familial spécialisé, l'équipe que dirige Delphine Rouquès est souvent sollicitée de faire part de ses réflexions. Elle est d'autant mieux placée pour cela que, tout en croyant profondément à l'efficacité du placement en famille d'accueil, cette équipe continue d'utiliser avec le même enthousiasme une structure fonctionnant en internat. Voici donc les différentes formes possibles de placement en famille d'accueil puis la description très concrète du fonctionnement d'un placement familial spécialisé accueillant des enfants qui présentent de graves troubles de la personnalité.
Les adolescents dont les ressources sont défaillantes ont du mal à vivre. C'est en termes de souffrance d'origine sociale qu'il convient d'aborder cette situation et non en termes d'inadaptation ou de délinquance, qui n'en sont que des complications ou des conséquences. Trop souvent il s'agit de les inscrire dans des structures de soins ou de répression. N'est-ce pas là l'effet pervers du souci dominant de contrôle social, alors que, paradoxalement, se développent les thèses de non-ségrégation, de non-étiquetage ? Pour tous ne représentent-ils pas une cible nouvelle, un nouvel enjeu de ce qui est appelé « marketing social » ? En réalité, n'ont-ils pas comme tout le monde des capacités cachées, enfouies sous la friche ou les ronces qui ont envahi leurs parcours d'enfants puis d'adolescents ? N'est-ce pas à l'inconscience, la contradiction, l'insécurité de ceux qui précisément avaient vocation de cohérence, de sécurisation, d'harmonie que s'adressent leurs protestations souvent maladroites ? Cette jeunesse, qui en a subi les maltraitances, est en marge des institutions. Itinéraires insolites, à déchiffrer et à défricher pour que ne s'aggrave, ne se reproduise à l'infini, cette marginalité subie, imposée par d'insupportables carences. C'est de cette prévention qu'il s'agit, lorsqu'on la dit spécialisée... C'est d'elle dont nous avons voulu témoigner.