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Littérature générale
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Oh, cet étrange choeur qu'on forme tous ensemble sans le savoir.
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Au moment même où l'on croit que c'est Jekyll qui parle, c'est peut-être déjà Hyde qu'on entend. C'est cela que raconte ce monologue, comment la voix de Hyde joue des coudes pour se glisser dans celle de Jekyll et pour prendre progressivement toute la place. Comment elle est dans une sorte de sabotage lyrique de la parole de Jekyll. Comment elle la submerge, la rend instable. Derrière Jekyll, il y a toujours Hyde. Et derrière Utterson, l'ami auquel on s'adresse, il y a nous. La partie se joue donc à plusieurs. On a (peut-être) un seul bonhomme sur scène, mais on est beaucoup, beaucoup plus nombreux.
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Pourquoi est-ce qu'on dit ça, évaporé, pourquoi est-ce qu'on parle d'évaporation, toujours est-il qu'il y en a pour prendre leurs cliques et leurs claques et disparaître avant le lever du jour, et ceux-là s'en vont reconstruire ailleurs une vie sous un nouveau nom, et sans doute aussi avec un passé imaginaire, une histoire inventée, si on le leur demande, pour brouiller les pistes. C'est cela qui est arrivé à l'oncle. Un matin, quand tout le monde dormait encore dans la maison, il a franchi silencieusement le seuil, et son corps s'est enfoncé dans la brume bleue de l'aube.
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«Les conditions ont l'air optimales, pour la conduite. Ciel clair, route dégagée, confort de suspension du break, autoradio avec commande au volant : on est paré. Attachez vous ceintures, il s'agit d'arriver au ranch avant la nuit.»
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S'ouvrant sur une aube bleuie et s'achevant sur un crépuscule érubescent où se déroule un duel, Western nous propose un véritable western, avec tous ses ingrédients : auvent, éoliennes, ranch écrasé de soleil, auberge, saloon, récit d'une bagarre, évocation de toutes sortes de paysages, ceux de la transhumance, des forêts, d'une clairière, des déserts ponctués d'oponces, personnages féminins de Mary et de Georgina, et surtout le motif central de la réparation, vers quoi toute cette journée tend. Un western, mais à l'italienne, qui joue des plaisirs de la parodie et manifeste, à travers l'humour qui anime son style, un véritable enthousiasme à narrer. Et pourtant ce héros flegmatique, qui paraît dépossédé de son propre nom, et de son histoire, laquelle lui revient par fragments, lesté par le poids d'un traumatisme qui ne sera révélé que dans les dernières pages, n'est-il pas aussi le représentant de ce que l'on pourrait appeler un "complexe" ? Car derrière la fente palpébrale de ce regard qui ne cesse de scruter les paysages, se devine une puissante nostalgie des origines.
Avec ce nouveau roman, Christine Montalbetti poursuit une entreprise singulière, entre parodie et respect des canons romanesques, intervention du narrateur et abandon au flux romanesque. Plaisir et inquiétudes garantis à toutes les lignes.