La dernière livraison des Écrits prend l'allure d'un bilan de la création littéraire des sept dernières années, qui correspondent à la durée du mandat de Pierre Ouellet à titre de directeur de la revue. Des auteurs qui ont profondément marqué la dernière décennie, au Québec et en Europe, y côtoient de jeunes écrivains qui marqueront sans doute la prochaine. Que ce soit dans le domaine de la prose narrative, dans le champ de la poésie ou dans la prose d'idées, on trouve dans ces pages trois générations d'auteurs qui ont largement contribué à façonner l'imaginaire contemporain et à construire la mémoire littéraire récente d'une large part de la francophonie. Avec les textes, entres autres, d'Andrée A. Michaud, Michel Marc Bouchard, Monique Deland, Michaël Trahan, Naïm Kattan, André Ricard, Pierre Dancot et Yannick Haenel.
L'oeuvre critique de Béatrice Didier se signale par l'ampleur des territoires qu'elle découvre et commente. Les participants à cet hommage suivent ses traces, et les rencontres sont nombreuses sur différentes époques, reprenant les intitulés de certains livres de Béatrice Didier à travers des textes où s'exprime et se transmet le « bonheur de la littérature ».
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Ces « Variations critiques » réunies sous la direction de Christine Montalbetti et de Jacques Neefs regroupent de nombreux articles qui suivent les traces de l'oeuvre critique de Béatrice Didier. Il s'agit notamment de l'écriture des Lumières, des romantismes, de l'écriture de soi et de l'écriture féminine. C'est par un article de Michel Butor, sous le signe d'Hermès, que débute l'ouvrage, qui se poursuit par l'étude de l'écriture des Lumières avec par exemple Pierre Bayard (« Comment ennuyer le lecteur ? ») et Jean-Michel Rey (sur la banqueroute du sens). Il sera aussi question d'éloquence, de rhétorique, de pathétique, de pédagogie, de libertinage, de la Chine et de l'Europe. Le cheminement critique suit son cours et se penche sur les romantismes, entre Victor Hugo, Berlioz, La Motte-Fouqué, Lermontov, Stendhal et Nerval, pour explorer les champs historiques, philosophiques, théoriques et philologiques, avec notamment Philippe Mitterand, Pierre Brunel et Françoise Asso. Le thème de l'écriture de soi donne lieu à des analyses sur l'autobiographie, le sujet, la mémoire, et à un article passionnant de Philippe Lejeune sur les journaux du 14 juillet 1789. Le chapitre intitulé « Ecriture-femme », dans la veine des gender studies, explore l'autobiograpie, la biographie, le roman, les Mémoires, mais aussi les figures féminines que sont Mme de Staël, Mme Vigée-Lebrun et George Sand. Cet ouvrage magistral s'achève sur une réflexion sur la lecture et l'écriture où il est question de Buffon, de Du Bos et de Michaux, et comporte notamment un article éclairant de Jean-Pierre Richard sur ce dernier auteur.
(C. Zoulim)