Cambodge 1975 - 2025
Avril 1975. Phnom Penh, la capitale cambodgienne est envahie par les Khmers rouges. C’est le début d’une longue descente aux enfers pour le peuple cambodgien alors qu’un génocide se met en marche. Un demi-siècle plus tard, le travail de mémoire se poursuit.
-
«Curieux roman composé de deux parties écrites à douze ans d'intervalle, l'une en khmer et l'autre en français, et entre elles, le temps d'une page blanche, la disparition du Cambodge, la parenthèse du Kampuchéa démocratique. Mêlant de manière inextricable l'autobiographie et la fiction, L'Anarchiste est un roman politique et historique, un roman de la folie surtout, du sexe et de la mort et de notre universelle condition. C'est à la fois le pari et le privilège de la littérature, dont la lecture gagne à s'éloigner de la réalité des faits. Les années passent, les lecteurs changent, les toiles de fond s'effacent, demeure l'essentiel.» Extrait de la préface de Patrick Deville
-
L'élimination
Christophe Bataille, Rithy Panh
- Le Livre de Poche
- Ldp Litterature & Documents
- 4 Septembre 2013
- 9782253168515
« À treize ans, je perds toute ma famille en quelques semaines. Mon grand frère, parti seul à pied vers notre maison de Phnom Penh. Mon beau-frère médecin, exécuté au bord de la route. Mon père, qui décide de ne plus s'alimenter. Ma mère, qui s'allonge à l'hôpital de Mong, dans le lit où vient de mourir une de ses filles. Mes nièces et neveux. Tous emportés par la cruauté et la folie khmères rouges. J'étais sans famille. J'étais sans nom. J'étais sans visage. Ainsi je suis resté vivant, car je n'étais plus rien. » Trente ans après, l'enfant, devenu cinéaste, décide de questionner un des responsables de ce génocide : Duch, qui n'est ni un homme banal ni un démon, mais un organisateur éduqué, un bourreau qui parle, oublie, ment, explique, travaille à sa légende.L'Élimination est le récit de cette confrontation hors du commun. Il a été traduit dans de nombreux pays.Prix Joseph Kessel, Prix Aujourd'hui, Prix essai France Télévisions, Grand prix des lectrices de ELLE, Grand prix SGDL de l'essai.
-
La langue de l'Angkar : Leçons khmères rouges d'anéantissement
Anne-Laure Poree
- La découverte
- A La Source
- 20 Février 2025
- 9782348086427
Comment bien torturer pour réussir un interrogatoire en bon révolutionnaire ? Comment présenter un dossier d'aveux qui satisfasse les dirigeants ? Voilà ce qu'enseigne Duch, le chef khmer rouge du centre de mise à mort S-21, aux interrogateurs qu'il forme de 1975 à 1978 à Phnom Penh. Ses leçons, qui dictent comment penser et agir au service du Parti communiste du Kampuchéa, ont été consignées avec soin dans un cahier noir à petits carreaux d'une cinquantaine de pages.
Anne-Laure Porée décrypte ce document capital, plongeant le lecteur dans le quotidien des génocidaires cambodgiens. Elle identifie trois mots d'ordre au service de l'anéantissement :
cultiver - la volonté révolutionnaire, l'esprit guerrier et la chasse aux " ennemis " -,
trier - les " ennemis " à travers diverses méthodes, de la rédaction d'une biographie sommaire à la torture physique, en passant par la réécriture de l'histoire - et
purifier - les révolutionnaires comme le corps social.
Ces notions reflètent la politique meurtrière orchestrée par le régime de Pol Pot, au pouvoir à partir du 17 avril 1975, qui, en moins de quatre ans, a conduit un quart de la population cambodgienne à la mort. En prenant les Khmers rouges au(x) mot(s),
La Langue de l'Angkar rend plus sensibles la logique organisatrice et les singularités d'un régime longtemps resté en marge des études sur les génocides. -
Le procès des Khmers rouges ; trente ans d'enquête sur le génocide cambodgien
Francis Deron
- Gallimard
- 17 Avril 2009
- 9782070123353
En moins de quatre ans, entre le 17 avril 1975 et le 7 janvier 1979, les Khmers rouges ont instauré au Cambodge l'un des régimes politiques les plus criminels de l'histoire. La démence de Pol Pot et de ses hommes aura causé la mort de 2 millions de Cambodgiens, près d'un tiers de la population.
À l'occasion du procès pour crimes contre l'humanité intenté par la justice internationale à cinq hauts responsables khmers rouges encore en vie, Francis Deron donne ici les fruits de l'enquête qu'il mène depuis trois décennies sur ce génocide aux contours encore mystérieux, enquête inlassablement nourrie de reportages, d'interviews, d'articles, de rencontres et d'histoire.
Ce livre est aussi le procès d'un communisme, le premier de la machine à broyer les hommes qu'institua cette idéologie parvenue au pouvoir. Enfants du Parti communiste français, de Staline et de Mao, Pol Pot et ses lieutenants sont en outre des avatars des idéaux humanistes dont la France coloniale les avait bercés dans leur jeunesse, dévoyés dans un paroxysme de perversité.
L'un des plus grands drames humains du XXe siècle, le génocide du Cambodge hante encore une nation entière, mais aussi le monde du XXIe siècle.
-
François Bizot, membre de l'École française d'Extrême-Orient, est fait prisonnier au Cambodge par les Khmers rouges, en 1971. Enchaîné, il passe trois mois dans un camp de maquisards. Chaque jour, il est interrogé par l'un des plus grands bourreaux du vingtième siècle, futur responsable de plusieurs dizaines de milliers de morts, aujourd'hui jugé pour crimes contre l'humanité : Douch. Au moment de la chute de Phnom Penh, en 1975, François Bizot est désigné par les Khmers rouges comme l'interprète du Comité de sécurité militaire de la ville chargé des étrangers auprès des autorités françaises. Il est le témoin privilégié d'une des grandes tragédies dont certains intellectuels français ont été les complices. Pour la première fois, François Bizot raconte sa détention. Grâce à une écriture splendide et à un retour tragique sur son passé, l'auteur nous fait pénétrer au coeur du pays khmer, tout en nous dévoilant les terribles contradictions qui - dans les forêts du Cambodge comme ailleurs - habitent l'homme depuis toujours.
-
Puissance des lieux, présence des morts : Sur les traces du génocide khmer rouge au Cambodge
Anne Yvonne Guillou
- Societe D'Ethnologie
- 20 Mars 2025
- 9782365190763
Comment une société se reconstruit-elle après un génocide ? Quelles traces cette violence laisse-t-elle dans la mémoire collective et individuelle ? Quelle place ces « morts sans sépulture » trouvent-ils dans la vie des populations locales ?
La lecture occidentale médiatique du génocide perpétré par les Khmers rouges entre 1975 et 1979 découle d'une certaine vision de la souffrance d'autrui, très éloignée de l'expression propre aux Cambodgiens. En s'appuyant sur une longue enquête ethnographique, l'autrice entend ici prendre en compte leur ressenti, leur vécu et leur singularité, grâce à une familiarité construite sur plusieurs décennies.
Près d'un quart de la population a été décimée par le régime de Pol Pot, mais les corps des victimes n'ont jamais été restitués aux familles. Ces morts sont pourtant loin d'être absents. Pour l'État, ils sont devenus des preuves que l'on montre - notamment dans l'exposition controversée de restes humains au musée du Génocide de Phnom Penh. Les villageois et les fidèles bouddhistes, quant à eux, les « rencontrent » lors de la cérémonie annuelle des défunts : là, tous les morts, quels qu'ils soient, sont « soignés » par les vivants et invités à rejoindre le flux du cycle des renaissances.
De même, des fosses communes sont assimilées à des lieux puissants, abritant des esprits tutélaires de territoire et conservant les traces du passé. Ce dispositif permet de prendre en charge des morts anonymes en instaurant un dialogue ritualisé avec eux. Ainsi s'établit une cohabitation originale entre habitants vivants et défunts.
Au fil de l'ouvrage apparaissent les mécanismes de réparation sociale et symbolique d'un monde marqué par plusieurs années d'une destruction de masse extrêmement violente. Alors que notre époque voit ressurgir des conflits sanglants de grande ampleur, les pratiques cambodgiennes, largement méconnues, apportent un nouvel éclairage sur les capacités humaines de résilience. -
Témoin S21 ; face au génocide des cambodgiens
Dominique Mérigard
- Le Bec En L'Air
- 23 Octobre 2008
- 9782916073422
R la section spéciale s-21 à phnom penh, aujourd'hui musée du crime génocidaire, fut, entre 1975 et 1979, sous le régime de pol pot, la plus sinistre des prisons.
C'est à un devoir de mémoire que nous convie dominique mérigard à travers ses photographies qui explorent sans effets la fragile frontière entre l'humain et l'inhumain. ces images " disent l'indicible ", avec une rigueur qui " témoigne juste ", comme le souligne bernard plossu dans la préface de ce livre.
-
Khun Srun et son oeuvre sont le symbole du drame cambodgien. Le symbole d'un immense gâchis. Comment un jeune écrivain prometteur, humaniste, pacifiste, amoureux de la liberté, défenseur des Droits de l'homme, a-t-il pu rejoindre les rangs des Khmers rouges, mouvement politique à l'origine d'un des plus effrayants univers con- centrationnaires que le monde ait connu??
Début de réponse dans L'Accusé, publié en khmer en 1973, premier de ses textes à être traduit en français et qui dessine les contours de la littérature cambodgienne moderne.
-
Vann Nath ; le peintre des Khmers Rouges
Matteo Mastragostino, Paolo Castaldi
- La Boîte à bulles
- Hors Champ
- 4 Novembre 2020
- 9782849533796
En 1978, alors qu'il est encore un tout jeune peintre, Vann Nath est arrêté par les Khmers rouges. Accusé de violation du code moral, il est enfermé à la tristement célèbre prison de Tuol Sleng, plus connue sous le nom de S-21.
Dès lors, la peinture deviendra pour lui synonyme de survie puisqu'il sera réquisitionné, comme bon nombre d'artistes et artisans cambodgiens, afin de mettre son talent au service de la dictature.
À travers ce récit, l'on découvre les racines de l'art de Vann Nath, pour qui peindre est devenu, à sa libération, un devoir de mémoire et d'hommage aux victimes du régime de Pol Pot.
Au-delà de sa portée biographique, cet ouvrage présente le combat mené par le peintre pour que les crimes de ses bourreaux ne demeurent pas inconnus de tous.
Un album aussi passionnant que percutant...
-
La machine khmere rouge. Pendant trois ans, Rithy Panh et son équipe ont recherché les victimes rescapées et leurs anciens bourreaux de S-21, centre khmer rouge d'extermination du régime de Pol Pot. Ils les ont convaincus de se rencontrer là où, il y a vingt-cinq ans, les uns étaient victimes de l'administration de la mort, les autres au service de l'appareil d'extermination. Ni un abécédaire de l'horreur, ni un dossier d'instruction, cet ouvrage est un courageux travail de mémoire. Il est indispensable au moment où les principaux responsables khmers rouges attendent, en prison, d'être jugés.
-
« Je ne savais pas qu'orchestrer le mal pouvait n'exclure ni la sincérité ni la générosité. J'imaginais que la sauvagerie était une chose innée, le tribut payé à la nature par les individus dangereux, indépendamment de toutes les déterminations. Je croyais que tuer, frapper, dénonçait un tempérament, provenait d'un besoin dominant, d'une nature. J'ignorais que l'humanité qui fait de chacun de nous le père aimé, le fils aimé, l'être chéri, puisse ne jamais céder la place un seul instant aux monstres qu'elle enfante.» 1971. Camp M.13. Cambodge. François Bizot doit sa libération à un homme de trois ans son cadet. Cet homme, c'est « Douch » responsable du camp S.21, haut-lieu de tortures et de meurtres des khmers rouges. Et l'auteur de déceler l'homme derrière le bourreau, et d' exposer l'horreur d'une nature aussi démoniaque qu'indissociablement humaine.
-
Paul Dreyfus signe la première biographie française de Pol Pot, ce doctrinaire décidé à revenir par tous les moyens, au "khmer originel" et qui au nom de ce principe, est devenu le bourreau du Cambodge.
-
De la découverte fortuite des temples d'Angkor par le naturaliste Henri Mouhot, en 1860, jusqu'au procès de Douch et des Khmers rouges, nous voici raconté un siècle et demi de l'histoire du Cambodge. Avec le secours de Conrad, Malraux, Loti et d'autres grands écrivains voyageurs, le narrateur remonte le fleuve Mékong et l'Histoire tragique d'un pays qui se rêvait le Paris de l'Extrême-Orient.
-
«Il aurait fallu rester jusqu'à la fin. Il aurait fallu mourir. Avoir quitté les lieux avant les autres, c'est être coupé de l'Histoire. Je suis entré dans le noir qu'on appelle la survie. Je n'ai pas vu de mes yeux jusqu'au bout, je n'ai pas payé de ma vie comme les autres. Cependant, si l'enfance détermine tout, alors je suis un enfant des camps.»1978. Narang a six ans. Il fuit le Cambodge avec sa mère. Comme une foule d'autres rescapés, tous deux tentent de rejoindre la Thaïlande. Épuisés par des jours de marche, harassés par la faim et la soif, ils sont parqués dans un camp à leur arrivée. Cela aurait pu être la fin de leur tragédie. Mais ça ne sera que le début d'une autre. Fulgurante, celle-ci.Jeanne Truong restitue avec force et pudeur l'horreur du cauchemar cambodgien. Elle revient sur un épisode méconnu de cette période sanglante. Le récit de Narang, habité par les obsessions qui hantent les survivants, est saisissant de vérité et d'humanité.
-
La paix avec les morts
Rithy Panh, Christophe Bataille
- Le Livre de Poche
- Documents
- 16 Novembre 2022
- 9782253101628
C'est à un voyage hors du commun que nous convient Rithy Panh et Christophe Bataille : un voyage vers l'enfance et vers les rizières où furent tués, par l'idéologie, la faim et la violence, 1,8 million de Cambodgiens. Le cinéaste cherche le tombeau de son père, la fosse où furent englouties sa mère et ses soeurs, mais aussi le banian où il s'abrita, désespéré, avec ses boeufs. Rithy Panh et Christophe Bataille roulent à travers le pays, parlent avec les bonzes, questionnent les villageoises âgées, déterrent des ossements et des tissus ensanglantés.
Rithy Panh poursuit son chemin, nouant un rapport unique avec les vivants, victimes, bourreaux, complices. D'une conversation avec Noam Chomsky aux visites aux femmes-devins, les auteurs nous offrent un grand livre. Car l'oubli guette, et la négation. -
"Il y a tant d'images dans le monde, qu'on croit avoir tout vu. Tout pensé. Depuis des années, je cherche une image qui manque. Une photographie prise entre 1975 et 1979 par les Khmers rouges, quand ils dirigeaient le Cambodge. A elle seule, bien sûr, une image ne prouve pas le crime de masse ; mais elle donne à penser ; à méditer. A bâtir l'histoire. Je l'ai cherchée en vain dans les archives, dans les papiers, dans les campagnes de mon pays.
Maintenant je sais : cette image doit manquer ; et je ne la cherchais pas, ne serait-elle pas obscène et sans signification ? Alors je la fabrique. Ce que je vous donne aujourd'hui n'est pas une image, ou la quête d'une seule image, mais l'image d'une quête : celle que permet le cinéma. Certaines images doivent manquer toujours, toujours être remplacées par d'autres : dans ce mouvement il y a la vie, le combat, la peine et la beauté, la tristesse des visages perdus, la compréhension de ce qui fut ; parfois la noblesse, et même le courage : mais l'oubli, jamais".
-
Un casque bleu chez les Khmers rouges : journal d'un soldat de la paix, Cambodge 1992
Guillaume Ancel
- Les Belles Lettres
- Memoires De Guerre
- 6 Mai 2021
- 9782251451848
Pour sa première mission extérieure, le capitaine Guillaume Ancel, 27 ans, débarque en mai 1992 au Cambodge, pays ravagé par vingt années de guerre. Avec les soldats de la mission de paix de l'APRONUC (Autorité Provisoire des Nations Unies au Cambodge), il s'agit de faire appliquer les accords de Paris, en commençant par désarmer les factions. Plus facile à dire qu'à faire. Guillaume Ancel découvre un pays semé de mines et plongé dans le chaos. Le tiers de sa population a disparu, en grande partie durant le génocide perpétré par les Khmers rouges.
Sa mission : rencontrer certains de leurs chefs pour les amener à déposer les armes. Lui, en tant que négociateur n'en porte pas. Chef de patrouille, il est à la tête de soldats de « l'armée du monde » venus de Chine, d'Amérique, du Népal, d'Italie ou d'Uruguay. Le récit de la collaboration de ces hommes, au coeur des ténèbres, est une des lumières de ce livre. Un casque bleu chez les Khmers rouges est aussi un témoignage sans concessions, comme les précédents ouvrages de l'auteur sur ses missions en ex-Yougoslavie ou au Rwanda. Guillaume Ancel ne tait ici ni les travers ni les dérives, parfois terribles, de ceux qui sont venus faire la paix.