Les mythes grecs et romains nous ont été durablement transmis à travers la littérature antique. De Circé à Galathée en passant par Œdipe ou encore Achille, ils continuent d’exercer une influence considérable sur la création littéraire contemporaine.
« Ça, c'est le taureau en train de violer Europe [...].
Ça, c'est l'aigle avant qu'il agresse Astérie, l'arrachant à la terre de ses griffes.
Ça, c'est Léda broyée sous un cygne. ».
Tout porterait à croire que Sirène, debout est un pied de nez fait aux Métamorphoses. Or, rien ne serait plus erroné. De son livre fétiche l'autrice tire un recueil de textes hybrides et polyphoniques où Antiquité et monde contemporain se confondent et se confrontent dans un hommage vivant et actuel au récit d'Ovide.
Les récits, renversement du point de vue des Métamorphoses au profit des personnages prédatés, s'affranchissent du regard masculin et dominant qui structure la manière dont le texte d'Ovide a été raconté, interprété et représenté.
En imaginant un choeur incarné de victimes coléreuses et combatives, racontant sans détours les oppressions subies, Nina MacLaughlin met à nu les mécanismes de la violence indissociables des problématiques de genre et de classe. De son verbe oral et farouche, sorte d'héritage d'un nature writing, elle éclaire d'une lumière nouvelle un texte fondateur de notre patrimoine mondial, et l'enrichit.
Vous connaissez tous et toutes une Daphné, une Arachné, une Écho, un Penthée. Vous les croisez tous les jours, au bureau, dans le métro, au supermarché, en soirée. Un livre décentré, cathartique et jouissif. Enfin !
Bien avant la vogue actuelle de la réécriture des mythes, bien avant les best-sellers de Madeleine Miller, Circé ou Le Chant d'Achille, Ursula K. Le Guin donne voix à un personnage méconnu de la mythologie grecque : Lavinia, fille du roi du Latium et femme d'Énée. Le récit se situe après la fuite de Troie et prend le parti d'imaginer l'histoire de l'enfance de Lavinia, de sa rencontre avec Énée et de leur courte mais heureuse vie commune.
L'originalité du texte réside dans la narration : Lavinia prend la parole, témoigne de chaque épisode de sa vie, des plus ordinaires, voire domestiques, aux plus surnaturels et oniriques, où elle dialogue avec le poète qui l'a créée, ce dernier devenant alors le personnage d'une héroïne qui a saisi les rênes du récit.
Lavinia est un livre aux multiples beautés. OEuvre poétique qui magnifie les visages de la nature antique - forêts, mer tyrrhénienne, ciels, plantes, animaux -, en un style pastoral et élégiaque ; c'est aussi une restitution historique de l'ordre politique du Latium, une évocation des luttes de pouvoir qui mèneront à la naissance de la cité romaine au viiie siècle avant J.-C.
C'est surtout un portrait de femme particulièrement marquant par l'ensemble de ses incarnations : enfant, mère, amoureuse et... poétesse.
Ursula Le Guin était ethnologue et avait écrit une thèse sur Ronsard, lui-même inspiré par Virgile. Elle ne souhaite pas traiter de la guerre de Troie ni de la fondation de Rome, qui ne coïncident pas « historiquement » d'ailleurs, mais se sert du contexte de la société pré-romaine pour éclairer les rôles des hommes et des femmes qui, quoique très différenciés, étaient associés et faisaient de la condition de chacun un élément à part entière d'une société parfaitement codifiée.
Depuis l'Antiquité, le mythe de Pygmalion et Galatée n'a de cesse de fasciner et d'inspirer des artistes. Mais ce récit millénaire du sculpteur misanthrope, épris de la statue qu'il vient de réaliser, demeure inachevé : lorsque Galatée est transformée en être vivant par les dieux, elle est réduite au silence par les hommes. Enfin, il est temps pour elle de devenir la narratrice de sa propre histoire et ainsi de choisir elle-même son destin.
Six voix nous donnent en plusieurs récits les clés de ce roman qui, au travers d'une réécriture de l'histoire antique, fustige l'establishment allemand et en fait le procès. Mais en revisitant ici l'histoire légendaire de la magicienne Médée, Christa Wolf affronte aussi son propre passé avec une bouleversante sincérité.
Oedipe, celui qui - jouet des dieux - a tué son père et épousé sa mère, quitte Thèbes aveugle et accablé par le poids de sa faute. Avec sa fille Antigone, il s'engage dans une longue errance qui le conduira à Colone, lieu de sa "disparition"... et de la clairvoyance.
Car ce livre est un voyage intérieur dans lequel un homme affronte les ténèbres qu'il porte en lui, jusqu'à atteindre la connaissance de soi.
Dans cette quête, Henry Bauchau convoque tour à tour le chant, la danse, le rêve et le délire comme moyens de libération de son héros... Et c'est par la sculpture, au flanc d'une falaise, d'une vague gigantesque, symbole des épreuves déjà franchies ou encore à franchir, que ce délire trouve son expression la plus achevée et la plus visionnaire.
Oedipe sur la route, roman d'aventures, roman initiatique, est avant tout une somptueuse interrogation sur l'individu et son destin.
Fruit des amours d'un dieu et d'une mortelle, Circé la nymphe grandit parmi les divinités de l'Olympe. Mais son caractère étonne. Détonne. On la dit sorcière, parce qu'elle aime changer les choses. Plus humaine que céleste, parce qu'elle est sensible. En l'exilant sur une île déserte, comme le fut jadis Prométhée pour avoir trop aimé les hommes, ses pairs ne lui ont-ils pas plutôt rendu service ? Là, l'immortelle peut choisir qui elle est. Demi-déesse, certes, mais femme avant tout. Puissante, libre, amoureuse...
Un charme absolument envoûtant.
Le Monde des Livres
Guerre de Troie, neuvième été. Achille, contrarié, refuse de combattre ; les Troyens sont en passe de vaincre. Patrocle décide alors de remplacer son ami pour guider les Grecs, mais périt de la main d'Hector.
Fou de douleur, Achille reprend les armes pour le venger. C'est cet épisode clé de l'Iliade que le poète Christopher Logue réécrit dans une langue libre et furieuse. Ne sachant lire le grec d'Homère, il s'inspire de cinq traductions - notamment celles de George Chapman et d'Alexander Pope - qu'il modèle ensuite, réarrangeant les scènes, en imaginant d'autres, créant parfois de nouveaux personnages, modernisant la langue, détournant les images. De ce défi poétique, il tire un texte d'une beauté fulgurante sur la guerre et la folie des hommes. L'un des plus grands textes de la poésie anglaise contemporaine, décrit comme à la croisée d'Ezra Pound, du cinéma d'Eisenstein et de la poésie asiatique, enfin traduit en français.
L'action d'Ulysse se passe en un jour, à Dublin, en 1904. Le personnage d'Ulysse est un petit employé juif, Leopold Bloom ; Stephen Dedalus, jeune Irlandais poète, est Télémaque ; Marion, femme de Bloom et qui le trompe, est Pénélope. Rien n'arrive d'extraordinaire au cours de cette journée. Bloom et Dedalus errent dans la ville, vaquant à leurs affaires, et se retrouvent le soir dans un bordel.Chaque épisode correspond à un épisode de L'Odyssée. Mais la parodie débouche sur une mise en cause du monde moderne à une époque de muflisme. Joyce exprime l'universel par le particulier. Bloom, Dedalus, Marion sont des archétypes. Toute la vie, la naissance et la mort, la recherche du père (Dedalus est aussi Hamlet), celle du fils (Bloom a perdu un fils jeune), toute l'histoire sont contenues en un seul jour. C'est à Rabelais, à Swift que l'on peut comparer l'art de Joyce qui a écrit, dans Ulysse, la grande oeuvre épique et satirique de notre temps.
Un chef d'oeuvre et classique de la littérature fantastique !
A la mort du riche oncle Cassave, les membres de sa famille doivent emménager dans son immense demeure, Malpertuis, et y vivre tous ensemble. C'est la condition s'ils veulent toucher l'héritage. Des phénomènes étranges, inquiétants et fantastiques se succèdent dans cette prison mouvante de ténèbres jusqu'à ce que l'horreur de la malédiction de Malpertuis atteigne son paroxysme le soir de Noël.
Percy Jackson n'est pas un garçon comme les autres. Ado perturbé, renvoyé de collège en pension, il découvre un jour le secret de sa naissance et de sa différence : son père, qu'il n'a jamais connu, n'est autre que Poséidon, le dieu de la mer dans la mythologie grecque. Placé pour sa protection dans un camp de vacances pour enfants « sangs mêlés » (mi-humains, mi-divins), Percy se voit injustement accusé d'avoir volé l'éclair de Zeus. Afin d'éviter une guerre fratricide entre les dieux de l'Olympe, il va devoir repartir dans le monde des humains, retrouver l'éclair et démasquer le vrai coupable... au péril de sa vie.
Layla Vargas possède un don, comme sa mère avant elle. Jeune femme, elle quitte son village pour vivre sa propre vie et tenter sa chance dans la grande ville : Atoll City (on pense à une variante moderne de la ville grecque de Corinthe).
Elle y fait un jour la connaissance d'une certaine Nasha Crewe, qui la croit capable d'influer sur le destin de son fils, Alcander. Layla déclare être incapable d'accomplir une telle chose. Pourtant, après avoir rencontré cet Alcander, elle entreprend la réalisation d'une tapisserie, point de départ de bien des surprises.
Dans Spin - réécriture du mythe fameux d'Arachné -, la toile d'araignée est d'abord celle que Nina Allan tisse dans un récit qui happe le lecteur de la première à la dernière ligne. La fascination qu'exerce cette histoire, la beauté et la vive émotion qui se dégagent de chaque scène ou description, alliées à la brièveté du texte (à peine cent pages), en font un livre qui se lit d'une seule traite.