RIFAT, Oktay
[TURQUIE] (Trabzon, 1914 – Istanbul, 1988). Oktay Rifat Horozcu. Fils du poète
Samih Rıfat, qui fut gouverneur de Trabzon, et cousin de Nâzim Hikmet, il fait
des études de droit à Ankara, puis suit les cours de l’École des sciences
politiques à Paris. Après son retour en Turquie en 1941, il travaille à la
Direction générale de la presse et de l’information, puis devient avocat et
conseiller juridique des Chemins de fer de Turquie, de 1961 à 1973.
Membre-fondateur du mouvement poétique
Garip [Bizarre], avec Orhan Veli
Kanık et Melih Cevdet Anday.
« Frôlant parfois le surréalisme,
Garip a été une réaction contre la
fioriture de la poésie du Dîvan et la poésie de la fin du XIX
e siècle. Ainsi, ce mouvement renonça à toute image métaphorique en essayant
d’exprimer, dans leur réalité intrinsèque, les problèmes sociaux d’un pays en
voie de développement. Pour ce faire, il choisit d’utiliser le langage parlé et
renoua avec les formes traditionnelles tout en les transformant d’un point de
vue moderne. Ce passage extrait de la préface à
Garip qui a valeur de
manifeste illustre parfaitement les objectifs du mouvement dont les principales
caractéristiques sont la simplicité et l’ironie : « (...)
Le vrai langage
poétique n’a pas besoin de l’artifice de la comparaison ; ce qui est
“ bizarre ”, c’est de chercher à dire les choses en les comparant à d’autres
choses, alors qu’on peut appeler chaque chose par son nom. Les comparaisons, les
allégories, les symboles et les exagérations ont jusqu’ici saturé l’imagination
poétique. ( ...).
Tout un chacun a droit à la poésie. Il ne s’agit pas de
défendre la cause d’une classe sociale définie, mais de s’imprégner du goût et
des aspirations du plus grand nombre et d’en trouver l’expression. » Après
la mort prématurée d’O. V. Kanık, chef de file du mouvement, O. Rifat et M. C.
Anday s’orientèrent vers une poésie plus cérébrale et moins provocatrice. Un
certain regard porté sur le lyrisme de la vie quotidienne marqua alors la poésie
de Rifat. » (Nedim Gürsel, « La littérature turque contemporaine »,
Les
Belles étrangères, 1993)
« Beau garçon, bagarreur et tourmenté. Prend toujours ses distances. Sa propre
poésie le magnétise, l’entraîne dans des domaines inconnus. Charmant et
charmeur ; sa poésie est multiple, il a non seulement animé avec ses amis le
mouvement du
Garip, mais aussi le
Ikinci Yeni [Le second
renouveau], optique d’une autre génération. » (Abidine Dino,
Europe,
1983)
* Œuvres poétiques : Garip [Bizarre], en collaboration avec Orhan Veli
Kanık et Melih Cevdet Anday (1941),
Güzelleme (1945),
Yaşayıp Ölmek,
Aşk ve Avarelik Üzerine Şiirler [Poèmes sur la vie, la mort, l’amour et
l’oisiveté (1946),
Aşağı Yukarı [À peu près] (1952),
Karga ile Tilki [Le corbeau et le renard] (1954),
Perçemli Sokak [Rue à franges] (1956),
Aşk Merdiveni [Échelle d’amour] (1958),
İkilik [Double] (1963),
Elleri Var Özgürlüğün [La liberté a des mains] (1966),
Şiirler [Poèmes] (1969),
Yeni Şiirler [Nouveaux poèmes] (1973),
Çobanıl
Şiirler [Poésies pastorales] (1976),
Bir Cigara İçimi [Le temps d’une
cigarette] (1979),
Elifli (1980),
Denize Doğru Konuşma [Discours à
la mer] (1982),
Dilsiz ve Çıplak [Muet et nu] (1984),
Koca Bir Yaz [Un long été] (1987),
Bütün Şiirleri [Poésies complètes] (1991).
On lui doit également une dizaine de pièces de théâtre, trois romans et des
traductions de poètes grecs et latins.
ANTHOLOGIES / REVUES
* Poèmes (« La fenêtre », « Le pain d’étoiles »),
traduits par Nimet Arzık, dans
Anthologie des poètes turcs contemporains,
Paris, Gallimard, 1953, 1956.
* Poèmes (« Esprits », « Poèmes heureux », « Destin », « Deux chambres d’un
hôtel », « Mon côté triste », « Poème », « La liberté a des mains »), traduits
par Akil Aksan, dans
Anthologie de la nouvelle poésie turque, Monte
Carlo, Regain, 1966.
* Poèmes (« La fenêtre », « Le pain d’étoiles »), traduits par Nimet Arzık, dans
Anthologie de la poésie turque (XIIIe-XXe siècle), Paris, Gallimard, 1968, 1994.
* Poèmes («
Ekmekle
yildizlar / Du pain et des étoiles », «
Çocuk / L’enfant », «
Deniz / La mer », «
Leylak kokusu / Odeur de lilas », «
Hayranlik / Émerveillement », «
Fareler ve Insanlar / Des souris et des hommes », «
Balkonda / La femme en blanc sur le balcon », «
Kus / L’oiseau », «
Ayna / Le miroir », «
1509 Depremi / Le tremblement de terre de 1509 », «
Fatih’in
Resmi / Le portrait du Conquérant », «
Yaprak
/ Feuille », «
Fincan
/ La tasse », «
Uzakta
kalan bahçe / Le jardin laissé au loin »,
«
Adam / L’homme », «
Bir
düste animsama / Réminiscences dans un
songe »), traduits par Michèle Aquien, Guzine Dino et Pierre Chuvin, dans
Entre les murailles et la mer,
Paris, François Maspero, 1982.
* Poèmes, traduits par Jean Pinquié et Levent Yilmaz,
dans
Anthologie de la poésie turque
contemporaine, Paris, Publisud, 1991.
* Poèmes, traduits par Ahmet Soysal, dans
La Nouvelle Revue Française n°485, Paris, juin 1993.
* Poème (« Rue effrangée »), dans
Dédale n°11-12, automne-hiver 2000.
* Poème, dans
Orient. Mille ans de poésie et de peinture, Paris, Diane de
Selliers, 2004.