HODJA, Nasreddin
[TURQUIE]. Nasr Eddin Hodja / Nasreddin Hoca. Ouléma mythique de la culture
musulmane qui aurait vécu en Turquie, à une date indéterminée entre le XIIIe siècle et le XVe siècle. Sa renommée va des Balkans à la Mongolie et
ses aventures sont célébrées dans des dizaines de langues, du serbo-croate au
persan en passant par le turc, l’arabe, le grec, le russe et d’autres. Son
personnage s’est fondu à celui de Joha (au Maghreb) Jha, Djha ou Djouha. Le
personnage de Joha (en Égypte il s’appelle Goha, en Turquie il s’appelle
Nasreddin Hoca : prononcer Hodja) préexistait à celui de Nasr Eddin Hodja sans
que l’on puisse clairement déterminer l’origine de ce personnage ingénu,
faux-naïf du monde arabo-musulman. En Iran, on l’appelle Mollah Nasreddin et en
Asie centrale Appendi, mais ce sont toujours les mêmes aventures que l’on
raconte à son propos. Ses histoires courtes sont morales, bouffonnes, absurdes
ou parfois coquines. Une partie importante d’entre elles a la qualité d’histoire
enseignement.
LIVRES (Traductions)
— Histoires de Nasreddin Hodja, traduits du turc par Dominique Halbout Du
Tanney. [Istanbul], Yayınları, 1990, épuisé.
— Sublimes paroles et idioties de Nasr Eddin Hodja, textes recueillis,
traduits du turc et présentés par Jean-Louis Maunoury. [Paris], Éditions Phébus,
« Domaine turc », 1990, 312 pages, 21.22 €
* Réédition : [Paris], Éditions Pocket, « Pocket » n°2598, 1994, 284 pages,
épuisé.
— Hautes sottises de Nasr Eddin Hodja, textes recueillis, traduits du
turc et présentés par Jean-Louis Maunoury. [Paris], Éditions Phébus, « Domaine
turc », 1994, 224 pages, épuisé.
— Divines insanités de Nasr Eddin Hodja, textes recueillis, traduits du
turc et présentés par Jean-Louis Maunoury. [Paris], Éditions Phébus, « Domaine
turc », 1998, 198 pages, épuisé.
Jean-Louis Maunoury, romancier mais surtout poète dans l’âme, poursuit et achève
avec ces Divines insanités son monumental travail de mise au jour en
notre langue de l’opus « nasréddinien », commencé avec Sublimes paroles et
idioties de Nasr Eddin Hodja et continué avec Hautes sottises de Nasr
Eddin Hodja. En publiant les deux premiers volets de ce vaste triptyque, il
savait qu’une large part des contes qui mettent en scène la figure du Hodja lui
avaient échappé – comme ils avaient échappé à la plupart des éditions en turc,
en persan et même en russe du célèbre corpus. C’est qu’à l’origine, nombre de
ces histoires relevaient non seulement de l’impertinence mais d’une inconvenance
revendiquée sans ambages, que le puritanisme « moderne » (toutes religions
confondues) s’est appliqué à gommer dans les recueils les plus récents (en gros
ceux des deux derniers siècles). Sentant que le jeu en valait la chandelle, il
s’est attelé ces dernières années à l’étude du turc ancien, soucieux d’aller aux
sources les mieux cachées – mais les moins frelatées. Il aura été largement aidé
dans sa tâche (ainsi qu’il l’explique avec une belle chaleur dans sa préface)
par un personnage des plus singuliers : P. N. Boratav, le plus grand spécialiste
du sujet, universitaire turc chassé de son pays dans les années 50 pour
« subversion », réfugié aux États-Unis d’abord puis en France (il fit carrière
au C.N.R.S.), aujourd’hui âgé de près de cent ans, et dont l’érudition n’a
d’égal que le non-conformisme, inentamé malgré les années. Le fruit de cette
commune moisson, qui déborde largement le cadre strictement turc pour nous
entraîner dans la plupart des pays du Caucase, en Ouzbékistan, au Kazakhstan et
jusqu’aux marches de la Chine, et près de nous en Ukraine, en Bulgarie, et
jusqu’en Bosnie, ne laisse pas d’estomaquer par sa verseur rabelaisienne et son
irrespect tous azimuts. Dans ce volume 3, domine hautement (ou bassement, comme
on voudra) l’influence de la secte soufie des Bektashi, ces mystiques un peu
cousins des cyniques grecs, qui privilégient la « voie du blâme » et cherchent à
se rapprocher du ciel en bravant tous les interdits : l’on boit, l’on fornique,
l’on scatologise à souhait, soucieux d’abord de se distinguer des braves gens
qui croient pouvoir acheter le salut en faisant étalage de vertu. On l’aura
compris, nous sommes ici, et mieux que jamais, en plein paradoxe – c’est-à-dire,
sans doute, au cœur de la vie. On nous invite à rire, on nous assaille sans
vergogne au-dessous de la ceinture, mais surtout on nous invite à nous méfier
des apparences et à garder l’œil ouvert. Attention : ce qui est en haut loge
parfois plus bas que ce qui est en bas… la merde d’un chien recèle, pour qui
sait la humer avec l’intelligence du cœur, plus d’odoriférante signifiance que
le discours le mieux parfumé du mollah du coin… et la vraie vertu ne saurait
jamais être du côté de ceux qui sont assurés d’avoir raison. La leçon est
toujours d’actualité. Ah, que Nasr Eddin ne revient-il visiter notre fin de
siècle ! Et quel ambassadeur il ferait entre ceux qui se prévalent d’un pouvoir,
quel qu’il soit, et ceux qui, le nez dans la simple réalité des choses,
s’efforcent de faire rendre à la vie le peu de jus qu’elle consent à accorder !
[Quatrième de couverture]
— Sublimes paroles et idioties de Nasr Eddin Hodja. Tout Nasr Eddin, ou
presque, textes recueillis, traduits du turc et présentés par Jean-Louis
Maunoury. [Paris], Éditions Phébus, « Libretto » n°120, 2002, 638 pages, 13.50 €
Nasr Eddin Hodja, héros légendaire qui a peut-être vécu en Turquie au XIIIe siècle (on y montre son tombeau… mais il a toujours été vide) est célèbre dans
tout le monde musulman, de l’Albanie au Sinkiang, de la Crimée jusqu’à l’Inde.
Jean-Louis Maunoury a passé dix ans de sa vie à inventorier, classer et traduire
plus de cinq cens des historiettes qui le mettent en scène… Il les rassemble
ici, pour la première fois, en un volume unique, et en propose une lecture à
double ou triple fond.
Si Turcs, Arabes et Persans font en effet proférer au « divin Hodja », depuis
bientôt dix siècles, toutes les insanités possibles et imaginables, ce serait en
large part pour assouplir le carcan de la religion officielle, les insanités en
question se trouvant être, quand on y regarde d’un peu près, empreintes d’une
bizarre sagesse. Sagesse fondée sur l’art du paradoxe, qui cultive volontiers le
coq-à-l’âne, la facétie fût-elle joyeusement indécente, et se nourrit de la
mirifique absurdité du monde. Au point que les poètes soufis de l’âge classique
feront des aventures de Hodja autant de sujets de méditation philosophique –
histoire de se libérer du sérieux qui est la plus sûre entrave à la vraie
liberté de l’esprit. J.-L. Maunoury a voulu rompre ici avec la tradition
orientaliste qui tendait à « arranger » Nasr Eddin pour le rendre un peu mieux
fréquentable. Lui préfère nous le restituer dans un souci de fidélité aux
sources les plus anciennes, dont la verdeur en stupéfiera plus d’un. [Quatrième
de couverture]
— Les Contes de Nasreddin Hodja / Nasreddin Hoca’nın Fıkraları.
Bilingue français-turc, édité et traduit du turc par Ali Ekber Başaran ; dessins
d’Émilie Frigeni. [Nancy], Éditions À ta
Turquie, 2005, 76 pages, 10 €
En France, il n’existe que très peu de ressources sur
la culture populaire de Turquie. Nasreddin Hodja est un personnage
incontournable de cette culture. Ce recueil d’histoires a été réalisé pour
permettre une transmission de certaines valeurs qui font sens et créent du lien
entre les générations et entre les cultures. À l’heure actuelle, les personnes
originaires de Turquie s’installent et organisent leur avenir autour de projets
à long terme. Ils vivent une situation de crise identitaire importante dans
cette société.
La jeune génération, particulièrement, se trouve dans
l’impasse de la langue maternelle et de la culture d’origine. La première
génération, surtout d’origine rurale, ne maîtrisant pas suffisamment la culture
d’origine, dû à son environnement en Turquie, éprouve de grandes difficultés à
transmettre les messages culturels de base. [Quatrième de couverture]
— Absurdités et paradoxes de Nasr Eddin Hodja, textes recueillis,
traduits du turc et présentés par Jean-Louis Maunoury. [Paris], Éditions Phébus,
« Domaine turc », 2006, 192 pages, 16.50 €
Par ces Absurdités et paradoxes de Nasr Eddin Hodja, Jean-Louis Maunoury
met un terme à une recherche commencée il y a près de vingt ans et qui a déjà
donné lieu à la publication de trois ouvrages chez Phébus. Les histoires de Nasr
Eddin Hodja, très brèves en général, sont connues et répandues dans tous les
pays de domination ottomane. Il s’agit d’une tradition pluri-centenaire, à la
fois populaire et savante, qui met en scène un personnage ambigu dont l’humour
très particulier, décalé, peut paraître aux lecteurs occidentaux comme à la fois
particulièrement moderne et universel. Le titre de ce dernier ouvrage témoigne
de cette ambiguïté savoureuse. Le mot « absurdité » renvoie en effet à
l’« idiotie », vraie ou feinte, du personnage, celui de « paradoxe » à
l’« enseignement » d’un sage qui questionne de façon à la fois plaisante et rude
toutes les certitudes. À tel point que certains ont pu le qualifier de « Socrate
en sabots » (il serait d’ailleurs plus proche de Diogène le Cynique, dont la
maïeutique était en actes). D’autres se référant au soufisme, de façon sans
doute plus appropriée, ont pu en parler comme de l’« ombre comique de Rumî », le
grand mystique médiéval. Mais en définitive, quelle que soit la pertinence de
ces prestigieuses références qui risquent de l’écraser, Nasr Eddin Hodja est
avant tout le maître d’une dérision qui n’épargne rien ni personne, y compris
lui-même. [Quatrième de couverture]
— Pénélope Paicheler, Sublimes paroles et idioties de Nasr Eddin Hodja.
[Paris], Éditions L’an 2, « Chromozone », 2006, 16 €
Toute la finesse de l’humour oriental. Héros légendaire qui serait né en Turquie
au XIIIe siècle, Nasr Eddin Hodja est célèbre dans tout le monde
musulman. Il passe pour le type même du « fou sage », au comportement paradoxal
et provocant. Pour la première fois incarné dans une bande dessinée française,
ce personnage truculent apparaît ici aux prises avec son âne, sa femme, ses
voisins, le hammam, les enfants, le seigneur Timour, le Coran... Un album au
parfum d’Orient, destiné aux adolescents et aux adultes. Pénélope Paicheler
travaille pour la presse pour enfants. Elle a entendu beaucoup d’histoires de
Djoha (cousin maghrébin de Nasr Eddin) avant de découvrir le recueil qui lui a
inspiré son premier album de bandes dessinées. [Quatrième de couverture]
— Yurtsever Tuncay, Deux cents deux contes choisis de Nasreddin Hodja.
[Istanbul], Éditions Minyatür, (s.d.), 128 pages, 9.15 €
ÉTUDES
* Jean-Paul Garnier, Nasreddin Hodja et ses histoires turques. [Paris],
Éditions Julliard, 1958, épuisé.
* Jean-Louis Maunoury, Nasr Eddin Hodja, un drôle d’idiot, illustrations
de Henri Galeron. [Querqueville, Manche], Éditions Motus, 1996, 80 pages, 12.50 €
* Dossier « Nasreddin Hodja », dans Oluşum / Genèse n°44, Nancy,
1996.
[Contient : « La mémoire de la culture populaire », « Les archives
d’ethnographie et de folklore anatolien », « Nasreddin Hoca’nyn Kişiliği
üzerine », « Le conte et la légende », « Boratav’ın ‘Opus Magnum’u : bir kültür
anıtı / Une œuvre monumentale : ‘Opus Magnum’ », « Nasreddin Hodja, l’idiot
sublime », « Les histoires choisies », « Pourquoi ne crois-tu pas en sa
mort ? », « Kazanyn ölümü », « Les histoires choisies », « Nasreddin Hodja »].
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Dictionnaire
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